dimanche 23 mars 2008

Ecrits gnostiques





"Ecrits gnostiques" est un ouvrage publié dans la Pléiade en novembre 2007. Il rassemble les textes de la bibliothèque dite de "Nag Hammadi" (du nom de la ville nouvelle dans laquelle fin 1945 des bédouins égyptiens ont retrouvé des codex gnostiques des II, III et IV siècle ap. JC.). Ces textes ont bien sûr été condamnés par l'Eglise catholique, romaine et apostolique comme textes apocryphes et hérétiques, notamment lors du concile de Nicée (325). Alors même que le très catholique journal "La Croix" en faisait une critique mi-figue mi-raisin (cf ci-dessous), ne voyant aucune raison pour le lecteur de se ruer sur l'ouvrage tant celui-ci proposait une complexité peu en phase avec les envies du siècle de nos concitoyens, je vais donc détonner. En effet, il faut croire qu'encore une fois je vais passer pour un martien, car j'ai fièvreusement acquis cet ouvrage deux jours après en avoir eu connaissance (le temps pour moi de me livrer à quelques recherches sur Internet). Si vous êtes intéressés par l'histoire et les croyances des Chrétiens des premiers siècles, les communautés gnostiques christianisées (ou judaïsées), l'étude d'une voie spirituelle originale, laissez-vous tenter par cette lecture. Le sujet est ardu, convenons-en; il est sujet à polémique (traductions, interprétations, exégèse). Mais pour qui est avide de connaissance, les quelques 1800 pages seront non point un abîme mais une invitation au voyage.

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La critique de La Croix par Michel Kubler (http://www.la-croix.com/livres/article.jsp?docId=2323650&rubId=43500) :
La gnose (du grec gnosis, connaissance) est un courant mystico-philosophique particulièrement important aux IIe-IIIe siècles après J.-C. Formé de courants hétérogènes (ici, les écoles « séthienne » et « valentinienne »), il prône un salut par la connaissance (non par la foi, et encore moins par les œuvres) accessible à une minorité d’initiés. Cet ésotérisme, marqué par un fort dualisme entre le bien et le mal, repose sur l’idée d’une déchéance de l’homme, dont celui-ci ne peut être sauvé qu’en accédant à la vérité. Or, pour tout un courant gnostique, cette vérité est à reconnaître en Jésus-Christ, revêtu dès lors d’un pouvoir salvateur suprême. Ce salut n’est cependant pas accessible à tous : certains en sont dignes d’emblée, d’autres peuvent y être initiés, mais pour la grande masse des humains il restera toujours hors de portée.

On voit d’emblée qu’une telle doctrine est incompatible avec l’Évangile. Même si beaucoup de gnostiques fréquentaient des communautés chrétiennes, l’Église n’a pas tardé à ferrailler avec eux au plan des idées. Saint Irénée de Lyon, en particulier, s’est attaché à réfuter tout le système de la gnose. Son Adversus haereses a fourni, des siècles durant, les seules indications disponibles sur ce courant. Jusqu’à ce que des Européens reviennent d’Orient au XVIIe siècle avec des bouts de parchemin ou de papyrus contenant des bribes de littérature gnostique ; le Musée de Berlin possède ainsi un manuscrit qui resta longtemps le plus riche du genre. Jusqu’à la découverte extraordinaire de Nag Hammadi.

Or, si les textes trouvés en Haute-Égypte ont été largement étudiés par les spécialistes depuis 1945, ils n’avaient encore jamais fait l’objet d’un regroupement intégral, en langue française, à portée du grand public. D’où l’importance de la parution de cette « Bibliothèque de Nag Hammadi » (enrichie du manuscrit de Berlin) dans la Pléiade. La collection mythique de Gallimard reste ainsi à la hauteur de sa mission, elle qui avait déjà publié en 1998 et 2005 deux volumes d’Écrits apocryphes chrétiens : ceux-ci comportaient d’ailleurs déjà (dans une traduction différente) quelques textes repris ici, comme le légendaire Évangile selon Marie (à l’origine de bien des délires contemporains) et l’Évangile selon Thomas, prototype de la littérature gnostique.

Bien au-delà de ces titres connus, quarante-huit livres au total sont ici rendus accessibles, grâce au travail d’une équipe de l’université Laval de Québec. Leurs intitulés sont souvent aussi hermétiques que la démarche qu’ils traduisent : Livre des secrets de Jean, L’Entendement de notre grande puissance, Livre sacré du grand esprit invisible, sans parler de L’Hypostase des archontes et d’Apocalypses attribuées à Adam, Pierre ou Jacques. Rien, sans doute, qui fera se ruer des lecteurs ou saliver des romanciers en panne d’imagination mystico-virtuelle…

Un vrai trésor, par contre, et une immense matière, pour quiconque veut se familiariser avec cet univers, notamment les chrétiens qui, à la suite de saint Irénée, voudront relever le défi que la gnose lance à la foi. La première propose en effet une « voie » permettant de connaître Dieu à partir de la connaissance de soi, sans recours obligé à la communauté ; la seconde, au contraire, énonce que l’autre homme et le monde – pour lesquels le Christ est mort – sont le lieu où Dieu se laisse découvrir et aimer, l’Église étant le « sacrement » (c’est-à-dire à la fois le signe et le moyen) de ce salut.

Ultime remarque : la gnose, ainsi perçue comme issue très personnelle de salut, hors de toute institution et sans système dogmatique, se révèle de grande modernité – voire de postmodernité. On comprend mieux, en visitant cette « bibliothèque de Nag Hammadi », qu’elle séduise des esprits contemporains soucieux d’un « religieux » qui serait indemne de toute structure établie – avec aussi ce paradoxe d’un goût actuel pour des « choses cachées » qui se nourrit de leur prétendue dissimulation par l’institution ecclésiale… Comme si notre époque devait retrouver un culte des antiques « religions à mystère », avec comme seul horizon celui d’une montée de l’humain vers le divin pour s’échapper d’une création ratée. Une époque à laquelle ce serait rendre un sacré service que de faire découvrir – d’expérience, plus encore que par la science – trois belles vertus dont les gnostiques étaient fort dépourvus. Des vertus qui se nomment foi, espérance et amour.
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Que Michel Kubler ait décidé d'autorité que les gnostiques ne disposaient d'aucune des trois vertus foi/espérance/amour, révèle clairement un manque de connaissance des textes gnostiques ainsi que d'ouverture d'esprit. Que je sache, les catholiques n'ont pas le monopole de ces vertus, et nombre d'entre eux n'en sont détenteurs d'aucune, ou tout au mieux de deux d'entre elles (foi/espérance).

samedi 22 mars 2008

Rétablir le cap ?

La Compagnie des Phares et Balises
Je ne parle point ici de la fameuse société de production de films documentaires et de magazines pour la télévision, mais d'une société imaginaire dont le but ultime serait de montrer le cap à suivre, la ligne de conduite morale à respecter dans nos sociétés consuméristes à la dérive. Ses membres de droit seraient Maître Robert Badinter, Stéphane Hessel, le Général de brigade Jacques Pâris de Bollardière (décédé en 1986), le colonel Georges Guingouin (décédé en 2005), Cornelius Castoriadis (décédé en 1997), le Professeur Albert Jacquard, Germaine Tillion (décédée en avril 2008).
Ces hommes et ces femmes d'exception sont restés toute leur longue vie fidèles à leurs valeurs humanistes. Leur combat se poursuit et c'est une banalité que de dire qu'il est plus que jamais d'actualité. Que le Président viole ouvertement la Constitution (cf article 62), qu'il n'entende pas le moins être le garant de nos vacillantes institutions (remise en cause du principe de la séparation des Eglises et de l'Etat, neutralité ), que des lois liberticides soient établies (remise en cause des principes sur lequel se fonde notre Justice depuis plus de deux siècles), qu'il s'applique à poursuivre le démantèlement de notre protection sociale, ces hommes et ces femmes furent toujours là pour nous rappeler l'honneur de leur combat, la dignité dont nous devons faire preuve. "Nous entrons dans une période noire de l'histoire de notre Justice" disait il y a peu Robert Badinter dans une entrevue accordée au Monde. Qui a entendu son appel au sein du gouvernement ? qu'est-ce que ce gouvernement peut avoir de commun avec celui du cabinet Mendès ?

Appel à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944
Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.
Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et soeurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n'a pas totalement disparu et notre colère contre l'injustice est toujours intacte.
Nous appelons, en conscience, à célébrer l'actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succèderont d'accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s'éteigne jamais :
• Nous appelons d'abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l'anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 :
Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques », droit à la culture et à l'éducation pour tous, presse délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ?
Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.
• Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, définir ensemble un nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.
• Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous
n'acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire
avec notre affection : « Créer, c'est résister. Résister, c'est créer. »
Signataires :
Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin,
Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre
Vernant, Maurice Voutey.
(http://www.alternatives-images.net/cnr/appeltxt.pdf)

La vidéo de cet appel des vétérans du CNR, commémoration du 15 mars 2004:
http://www.dailymotion.com/relevance/search/appel%2BCNR/video/x3gzx5_appel-a-la-resistance

Pour qui est intéressé, je dispose du texte complet du programme du CNR du 15 mars 1944, grâce à la conservatrice du musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon à qui j'avais demandé le texte il y a quelques 4 ans et demi.

Biographies succinctes :
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Badinter
* http://fr.wikipedia.org/wiki/St%C3%A9phane_Hessel
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_P%C3%A2ris_de_Bollardi%C3%A8re
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Guingouin
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Cornelius_Castoriadis
* http://www.germaine-tillion.org/; http://fr.wikipedia.org/wiki/Germaine_Tillion

dimanche 9 mars 2008

Climat de quasi-guerre civile ?????

A Rennes, mercredi 5 mars, lors d’une réunion de soutien au candidat Karim Boudjema, François Fillon a déclaré : "Il y a un énorme décalage entre le climat de quasi-guerre civile que fait régner la gauche dans le pays à l’occasion de ces élections municipales (...) et ces partenaires sociaux qui s’entendent". Yves Jégo a évoqué les "méthodes staliniennes" utilisées par des "revanchards" qui font du "terrorisme intellectuel". Roger Karoutchi a assimilé les "attaques" contre Nicolas Sarkozy à celles subies par Jean Zay "mi-juif, mi-protestant" cible de la presse d’extrême droite sous le gouvernement de Vichy, c’est "du fascisme rampant", a-t-il déclaré. Françoise de Panafieu a taxé Bertrand Delanoë de "tocard"... etc !
Si on n’est pas face à l'une des droites les plus bêtes du monde, en plein dans les insultes aux références déplacées, ça y ressemble sérieusement !
La droite la plus bête du monde ? peut-être pas, rappelons que les droites colombiennes et vénézuéliennes battent des records de crétinerie, mais tous ces idiots franchouillards risquent chaque semaine d'être récompensés par la "noix d'honneur" de mon très cher Canard Enchaîné. Nous en serions donc revenu au cri d'alarme des jeunes loups du RPR en mai 1981 (Alain Carignon, Michel Blanc, Philippe Seguin) qui prédisaient "les chars soviétiques sur les Champs-Elysées dans les trois mois". La droite Sarkozyste n'en fini plus de "péter les plombs", les sondages y étant surement pour quelque chose. Dans quelle direction ces gens amènent-ils le pays ? langage de charettier, propos outranciers, références tous azimuts à un passé qui ne ressemble en rien au présent. La litanie serait longue si je tentais d'être exhaustif (chose impossible). Cette situation est fatiguante et devient intolérable. ASSEZ !!!!!!!

vendredi 7 mars 2008

Vive la Sociale, à bas la calotte ...

Le catholicisme est-il un avatar fasciste ? le citoyen est en droit de se poser la question et de creuser le sujet, sans prétendre faire oeuvre d'historien ou de journaliste.
Débutons par un sujet chez moi ultra-sensible : anti-sémitisme et Shoah. Les cathos, simples croyants des pays slaves ou membres de la hiérarchie, ont joué un rôle important dans le déroulement de la Grande Catastrophe, et dans son épilogue. Le Vatican a exfiltré, en collaboration avec les services secrets américains, nombre de Nazis vers l'Amérique du Sud ou l'Afrique du Sud , alors que tant la Croix-Rouge que le même Vatican avaient obstinément refusé d'aider, de quelque manière que ce soit, les Juifs persécutés en Europe, et en phase d'extermination totale du Continent. Churchill et Roosevelt nourrissant des sentiments anti-sémites, la Communauté ne pouvait rien attendre de ce côté-là non plus (ni militairement, ni diplomatiquement). Bombarder les voies de communications ferroviaires qui alimentaient les camps d'extermination ou de concentration autrichiens, polonais, ukrainiens, a toujours été refusé parce que "non prioritaire". Les Juifs pouvaient bien endurer d'atroces souffrances, bah, ça n'était que des juifs ... Les vainqueurs de la guerre puaient l'anti-sémitisme mais l'Histoire s'est empressé de l'oublier. Des dizaines de milliers de Juifs Hongrois auraient ainsi pu être sauvés, en ce en dehors de toute autre action. La réalité du génocide était connue des pouvoirs britanniques, américains, de la Croix-Rouge, du Vatican, dès 1942. Mais certains cathos qui ne voyaient là que la juste punition du peuple déicide sont restés passifs au mieux, actifs au pire. Nombre de polonais catholiques ont spolié les biens Juifs. Les sourires montrés dans le documentaire de C. Lanzmann sont à ce titre très révélateurs. Catholicisme n'implique pas nécessairement anti-judaïsme. La situation est forcément nuancée. On m'objectera fort justement que certains catholiques ont aidé des Juifs à se soustraire à la milice et la Gestapo.
Le Vatican s'est employé à lutter contre les théologiens de la libération dans les années 70 et 80 et contre l'ensemble des luttes pour se libérer du joug impérialiste et capitaliste. Le Vatican ne peut supporter les volontés d'émancipation individuelle ou collective. Les mystiques sont rabaissés au rang de dangereux illuminés. Tout est fait pour maintenir les croyants dans la peur, une bonne manière pour dominer et oppresser les masses. Le maintien jusque tard dans le siècle précédent de la messe en latin en est une expression. Le pouvoir religieux comme le pouvoir politique ne peut accepter le déploiement de voies libératrices : maintenez la peur (de l'étranger, du chômage), diminuez le niveau d'éducation au minimum requis par les ultras libéraux, conservez vos compatriotes dans un état de santé moyen (interdisez ou étouffer les médecines autre que celle allopatique. Pourquoi promouvoir la complémentarité des approches, si cela conduit inévitablement à la diminution des revenus des labos pharmaceutiques ?). Le cocktail est connu des analystes. Est-ce un processus conscient ou inconscient ? Etienne, ne t'inquiètes pas, je ne suis pas un tenant des théories du complot. A tout le moins, une cohorte hétéroclite de gens apeurés mais qui détiennent un pouvoir quelconque (financier, politique, économique, religieux) se retrouvent autour d'un faisceau de "valeurs" morales, moralisatrices et castratrices.
Benoit XVI était précédemment le patron de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Une engeance plus connue jusqu'au début du XXième siècle sous un nom effrayant : "Inquisition". L'Eglise a lutté contre toutes les formes de ce qu'elle appela les hérésies (cathare, nestorienne, manichéenne, zoroastrienne). Elle a utilisé la force militaire des pouvoirs royaux, massacré et torturé en masse. Au nom de la foi ! le sabre et le goupillon.
Grande alliée de la CIA dans la lutte contre le bloc communiste dans la seconde moitié du XXième siècle, l'Eglise est, depuis le 2ième siècle, corrompue, pervertie et nécrosée. Avec aujourd'hui à sa tête un brillant et néanmoins dangereux théologien, c'est un retour à un certain obscurantisme auquel nous assistons. Le Vatican a poussé pour introduire la référence aux "racines chrétiennes de l'Europe" dans le défunt T.C.E. (approuvé depuis suite à un habile changement de dénomination en "Traité de Lisbonne"), au mépris de tous les Européens non chrétiens. Au mépris de la vision laïque qui impose une stricte séparation entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux. Comme ce dernier haït la démocratie ....
Collusion avérée avec la Cosa Nostra, violations multiples de leurs 10 commandements (ça n'est pourtant pas une longue liste si l'on met cela en regard des 613 règles de la Kashrout), intolérance, dogmatisme, obscurantisme. J'allais oublier le combat contre la science qui reprend de la vigueur avec l'introduction des théories créationnistes dans les programmes d'enseignement. Le SIDA ravage l'Afrique et l'Asie ? peu leur importe, pas de capote, pas de capote, rien que la calotte ! un message monstrueux d'inhumanité colporté par cardinaux et évêques. Une engeance malsaine qui ne tient qu'à garder son petit pouvoir et maintenir l'obscurantisme sur la face de notre pauvre Terre. On ne s'étonnera pas , dès lors, de la violence des attaques anti-cléricales contre tous ces religieux extrémistes, qu'ils soient cathos, protestants, chrétiens orthodoxes, juifs orthodoxes, bouddhistes, hindouistes.


(abrupt, radical ... et alors ? )

jeudi 6 mars 2008

Rugby et franc-maçonnerie, et autres digressions




Le sujet est semble t'il polémique pour autant que j'ai pu en juger en surfant sur le web. Il a été évoqué par Daniel Herrero, fin analyste du rugby national et international, le vendredi 7 septembre 2007, jour du match d'ouverture France-Argentine de la dernière Coupe du Monde rugby à XV. Il intervenait dans le cadre des "matins de France Culture" (animés désormais par Ali Baddou depuis le départ du regretté diplômé de Normal Sup Nicolas Demorand).
D'après D. Herrero, le rugby à XV se serait développé dans les îles britanniques sous l'impulsion des Francs-Maçons qui voyaient en ce sport le moyen de former une certaine jeunesse aux valeurs maçonnes. On retrouverait aujourd'hui de nombreux frères dans le monde de l'Ovalie. D. Herrero faisait un parallèle entre les symboles maçonniques (triangle, équerre, compas, ...) et certains rites et pratiques rugbystiques. On pourrait aussi parler des trois piliers (pillars en anglais, comme les piliers de mêlée) de la maçonnerie : fellowship, charity, integrity (camaraderie, charité, intégrité).
On dit aussi que la rugby est resté majoritairement une pratique des élites, par opposition au XIII qui lui est pratiqué par les couches populaires.

Un article de l'hebdomadaire Le Point du 30 août 2007 aborde également la question :
Imanol Harinordoquy a commis une bourde, à la 66e minute du match contre l'Angleterre, au Stade Vélodrome de Marseille, le 18 août. Il a « oublié » de donner son ballon à Clément Poitrenaud, à sa gauche, lancé comme un obus vers la ligne adverse. L'essai semblait tout fait. Plus tard, dans les vestiaires, après la victoire française dans cette rencontre de préparation à la Coupe du monde, le 18 août dernier, le troisième-ligne des Bleus a respecté les usages. « On a fait un grand cercle, on a mis Imanol au milieu et on lui a demandé de présenter ses excuses aux copains » , a sobrement raconté Jo Maso, le manager du XV de France. Il s'est mis à genoux. Et il a dit : « Mea culpa, mea culpa. » Sur un terrain de rugby, l'erreur est permise. Mais le pardon n'est jamais accordé sans un cérémonial d'excuses.
A-t-on déjà vu un joueur de football baisser la tête et implorer la clémence de ses pairs après un tir mal cadré ou une tête dans les étoiles ? « Le rugby est un jeu maçonnique, affirme Daniel Herrero, l'ancien entraîneur de Toulon et du PUC, l'un des plus brillants analystes de l'ovalie. L'égoïsme n'y est pas moins présent qu'ailleurs. Mais la solidarité, l'idée de fusion et de partage sont développées comme des stratégies. Tous les joueurs le savent, car on le leur martèle dès leurs débuts : "Ensemble, on peut être plus forts." »
Le rugbyman est ainsi : il n'aime pas parler de lui à la première personne. Questionné sur sa performance individuelle, il répondra, les yeux baissés vers ses chaussettes, avant de taper en touche et de se replier vers le « nous ». « On sert le groupe avant de se servir, résume Jean-Marie Goyheneche, le préparateur mental de l'équipe de France. Avant d'être un sport, le rugby est pensé comme une éducation. Le seul jeu où se forment des tas, ordonnés ou spontanés. La solidarité y est une préoccupation constante. »

On peut lire ceci dans un article publié sur le net "When members are asked what it is they find in common between Masonry and the game of Rugby Union football, a consistent and almost unanimous response is that of camaraderie, of friendship, of respect, of team spirit and most especially, enjoyment of life." (http://www.mqmagazine.co.uk/issue-18/p-17.php). Ceux qui liraient ces lignes sans être familiers avec la langue anglaise peuvent trouver une traduction effectuée par mes soins : "Quand il est demandé à des frères ce que sont pour eux les points communs entre la Franc-Maçonnerie et le rugby à XV, une réponse tout à la fois cohérente et quasi unanime émerge : camaraderie, amitié, respect, esprit d'équipe, et plus spécialement joie de vivre". La Loge n° 9754 "William Webb Ellis" a été créée en hommage à celui qui, selon la légende, aurait inventé le rugby.

On lit ceci dans "Résistances au changement dans la franc-maçonnerie basque", un article du journal du pays basque :
Mais ça sert à quoi la franc-maçonnerie? Jean-Michel Quillardet (Grand Maître du Grand Orient de France) lui voit deux rôles. Le premier est celui d’une formation individuelle: "une tentative de s’améliorer", d’être plus "tolérant", dans "le respect les différences", et de parvenir à avoir un "regard distancié des choses, non pas mou, mais d’avoir une vision plus complète, pour penser la complexité du monde". Une fonction d’importance "dans un monde superficiel, dans une doxocratie (démocratie de l’opinion) où il y a finalement peu de grands débats". Une pensée résolument "contre le spontanéisme et l’instinctif". Un club de réflexion en somme, mais avec toute une mise en forme et mise en scène proche de rituels religieux. Et, à la différence d’une secte, "on peut la quitter très facilement" explique un frère bayonnais.
Le deuxième rôle serait celui du combat pour un certain nombre de valeurs. Le GODF qui a accompagné en France la Révolution et défendu l’installation de la République, se situe dans la permanence. J.M.Quillardet a ainsi cité les Droits de l’homme, les libertés individuelles et publiques, la séparation de l’église et de l’Etat, la laïcité. Sur ce dernier point, le Grand Maître n’a pas manqué de manifester son inquiétude sur les déclarations récentes du président de la République qualifiant les morales religieuses de supérieures, ou insistant sur les racines catholiques de la France. Un combat d’actualité à une période où "l’obscurantisme augmente dans le monde". Et l’exemple cité, pour une fois, ne provient pas du monde arabo-musulman mais des Etats-Unis avec la diffusion, également en Europe désormais, du créationnisme jetant la théorie darwinienne de l’évolution aux orties et replaçant Dieu à l’origine de tout.

Si la question de Dieu a présidé à bien des scissions au sein des loges, les maçons s’accordent néanmoins sur le Grand architecte de l’univers. Un frère du GODF de Bayonne nous a précisé que l’on pouvait être athée et croire en ce GADLU.

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On lit périodiquement dans les "new magazines" que la crise couve au sein des Temples. Les Maçons s'accusent mutuellement de pratiques fort éloignées du socle de valeurs maçonnes.

"Des obédiences plus préoccupées par les luttes d'influence que par le débat d'idées, des frères réfugiés dans le repli sur soi et dans un sexisme rétrograde, des relents d'affairisme... Derrière la progression des effectifs, la crise couve dans les temples" (L'Express du 15/08/2005, "Ce que cachent les francs-maçons").

On peut également légitimement s'interroger sur le peu de pugnacité manifestée par les Loges depuis l'avènement de Sarkoléon. Alors même que la République fait face à des ennemis résolus, se parant derrière le voile de la légitimité apportée par les urnes (analysez la campagne de 2007, et pleurez sur l'insignifiance des débats, des propos populistes, sur la poudre aux yeux de l'ordre juste, de la démocratie participative quand le programme socialiste était bouclé dans le cercle restreint du BN). La défense des valeurs est elle toujours à l'ordre du jour ? Pour en revenir au rugby, les multiples dérives constatées depuis l'avènement du rugby pro en 1995 (introduction massive de l'argent, du dopage, de la superficialité, des amitiés de circonstance. Maintien des vieilles baronnies d'Albert Ferrasse, des luttes minant le projet sportif. La quête illusoire de l'intérêt supérieur du rugby français), ces dérives ont elles été pointées du doigt par les Maçons-rugbymen ? Toute organisation humaine (parti politique, syndicat, association, entreprise, fraternité) est dépendante du niveau d'intégrité morale de ses membres. Tout projet, si morale qu'il soit à ses débuts, est condamné à la chute. La chair est faible. La lutte pour le pouvoir, les petits arrangements, la lente descente vers l'immoralisme ou l'amoralisme. Tout cela est inévitable. Notre beau rugby cassoulet avait ses côtés bien sombres, sur lesquels on jetait un voile pudique. Mais la "révolution" professionnelle a introduit un poison mortel. Bernie de dingue fut à la tête du XV de France durant huit longues années, ponctuées certes de bons moments, mais vérolées à la base. Affairisme, La nouvelle équipe fait entrevoir un retour aux valeurs du rugby. Accepter les défaites à court-moyen terme, laisser du temps au temps, faire confiance à la triplette Lièvremont/N'Tamack/Retière pour reconstruite patiemment une équipe, un fond de jeu. Un projet qui ne serait pas la pâle copie du rugby sudiste.

Je veux croire que les francs-maçons soient majoritairement fidèles à un faisceau de valeurs que l'on pourrait regrouper sous le terme depuis longtemps galvaudé d'humanisme. Qu'ils ne soient pas entrés en maçonnerie en espérant bénéficier d'un coup de pouce pour leur carrière professionnelle. Mais les quelques 5 millions de Maçons de part le vaste monde forment néanmoins un réseau d'entraide dont la puissance est peut être un mythe, peut être une part de réalité. Il semble bien que les Maçons français aient été à l'origine de lois progressistes , ou aient travaillé à leur élaboration dans le secret des temples maçonniques. Grâce leur soit rendue. La référence au "Grand Architecte" ne serait plus obligatoire dans certaines Loges. Il est étrange qu'il y a des années, alors que je n'avais aucune connaissance de cette appellation maçonnique, j'ai découvert spontanément le qualificatif "Grand Architecte de l'Univers", ce qui me parût bien plus vaste que le réducteur "Dieu", d'ailleurs mis à toutes les sauces depuis des siècles, et pas des plus ragoûtantes. Je vais choquer là mes lecteurs athées, pourfendeurs de la calotte. Je ne suis pourtant lié à aucune confession, aucun parti politique, aucune association, mon indépendance d'esprit en souffrirait sans doute. La soumission à des rites incompris également (qui, aujourd'hui, au sein de la communauté catholique peut se targuer de connaître l'origine et la signification profonde, spirituelle, de certains rites de leur religion, les plus anciens, ceux pratiqués en conscience par les Chrétiens du premier siècle). Je crois profondément en une force universelle, un flux énergétique (ces mots sont inaptes à rendre compte de ma foi laïque). Résolument et passionnément laïc, républicain, internationaliste, marxiste, opposé au matérialisme et à la marchandisation du vivant, humaniste, tolérant; bien que le chemin soit ardu. D'aucuns pourraient voire là des points communs avec un certain nombre d'idéaux maçons. Notons tout de suite que ces valeurs ne sont la propriété de personne (militants ou sympathisants de droite ou gauche, athés ou agnostiques ou croyants, maçons ou profanes, ...), d'aucune couche sociale, d'aucun corps socio-professionnel. Elles requièrent une attention, une lucidité parfois épuisante. Toutes les bonnes volontés seraient nécessaires pour changer la direction prise par le pays. Je doute que mes amis de la "vraie" gauche française se retrouveraient dans cette brève analyse. L'important n'est pas ce qui divise mais ce qui rassemble, ce qui donne corps au lien social. Une gauche qui ne s'est pas trahie, qui n'a pas tourné le dos à ses valeurs. Une gauche qui ausculte le monde avec une grille d'analyse dynamique mais assise sur de solides fondements philosophiques, et, lâchons le mot, idéologiques (le mot est risqué car souvent interprété, à tort dans mon cas, par "intransigeance, dogmatisme, sectarisme). Oui, cette gauche là porte un projet singulier. Mais un projet qui ne verra pas le jour. Trop utopiste, trop exigeant, trop intègre.


(cet article aurait pu être publié sur mon blog "Touch Rugby", mais comme à mon habitude, mes digressions m'ont amené loin du sujet initial. Encore un effet secondaire de mon "bouillonnement cérébral").

dimanche 2 mars 2008

Alors, casses-toi, pauvre con ....






















Eh oui, encore un accès de furie, de colère, de notre président, Mr N.S.

Nous sommes toujours estomaqués par le langage vulgaire et ordurier de Mr N.S. Son ex-femme ainsi que la tête de liste UMP à Paris pour les prochaines élection municipales, Françoise de Panafieu, ont ainsi été traitées de "pauvre conne" , idem le président du conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré (qui a la fâcheuse qualité d'être resté chiraquien, tout en s'opposant trop mollement à mon goût à Mr N.S. On pourra aisément m'objecter le respect du devoir de réserve auquel est astreint le Président du Conseil Constitutionnel). Pas une semaine ne se passe sans que les conseillers, les ministres ou secrétaires d'Etat ne se fassent copieusement engueuler, et en des termes d'une vulgarité et d'une violence verbales qui rappellent le caractère dangereusement névrotique de Mr N.S. Qu'attendre d'autre de quelqu'un qui s'est entouré, qui d'un Patrick Devedjian qui, le 29 juin 2007, a traité de "salope" Anne-Marie Comparini (par erreur, j'avais indiqué "Marielle de Sarnez" dans la première version de ce petit article) ayant commis la faute de rester jusqu'à peu fidèle à François Bayrou, qui d'une Nadine Morano, porte-parole d'une vulgarité insigne, proférant à tout va des propos calamiteux. Ce ne sont la que deux exemples de proches du Président. En citer d'autres serait leur faire une place qu'ils ne méritent pas.
La presse servile de notre pays vous est acquise. Jusqu'à quand accepterons-t'ils d'être humiliés, de s'humilier par leurs comportements aux antipodes de l'éthique journalistique. D. De Monvallon ne fait pas exception. Il n'a pas hésité à justifier l'ajout d'une phrase glissée par les conseillers de Mr N.S. au sein d'un pseudo compte-rendu de la "rencontre" entre des lecteurs du quotidien de cul de basse-fosse "Le Parisien" et Mr N.S. dans les palais dorés de notre république sondageo-bananière. Ainsi, ces conseillers élyséens ont-t'ils cru bon d'ajouter "j'aurais du faire comme d'habitude. J'aurais mieux fait de ne pas lui répondre. Faire 'pfffff' ". Comme si l'on pouvait croire un instant que le surexcité Sarkozy, très régulièrement dominé par ses émotions tel le fauve sans conscience, soit d'habitude serein, calme et posé. Toutes qualités que nous serions en droit d'attendre du Président. Foin de cela en Sarkozie : "Putain, quelle merde ! ils font me faire chier avec ça" , des mots proférés lorsqu'il a appris que son échange avec le "pauvre con" avait été filmé (merci au Canard Enchaîné).
On se souvient de l'attaque en règle de Mr N.S. contre les "droits-de-l'hommistes". Mr N.S., respectez les citoyens humanistes, qui se préoccupent de leurs semblables, de ceux qui sont en difficulté morale, financière, des victimes de régimes corrompus et répressifs. Ces derniers sont vos amis, soit (tel Idriss Déby, le Président tchadien), mais ils ne seront jamais les nôtres, nous, fervents partisans des idées progressistes. Vous prétendiez être le Président de tous les français. Votre démagogie n'a pas de limite, votre carrière toute entière est liée à la division et non au rassemblement, à la quête du pouvoir pour le pouvoir et non pour un projet de société ambitieux, progressiste, internationaliste. Vous êtes un belliqueux, un hargneux, un petit roquet sans envergure. Vous vous réjouissez d'avoir abattu le Modem et François Bayrou par vengeance et minable calcul politique : quelle honte ! puisse l'avenir de la France ne plus dépendre de vos incartades, de votre inconséquence. Votre attitude ridiculise la France aux yeux des étrangers (même la presse conservatrice anglo-saxonne tire sur vous à boulets rouges).
Si nous nous abaissions au niveau d'aculturalité de Mr N.S. , nous lui dirions, nous aussi, après 9 mois de pitoyable présidence de la république : alors, casses-toi pauvre con.
C'est peut-être à un lecteur de Télérama qu'il faut laisser le dernier mot : "Méprise : le pauvre ne faisait que lire la réponse à son SMS ..." (Télérama n°3034, semaine du 8 au 14 mars 2008).

Voir aussi : http://lesmots.freelatitude.net/sarkozy-le-roi-des-cons