mardi 17 juin 2008

Non à l'Europe ? restons sérieux

Ainsi ces fieffés rebelles irlandais sévissent-t'ils toujours dès que leur gouvernement ose choisir la procédure référendaire pour faire adopter un traité de l'Union Européenne. Ainsi dirent-t'il NON en 2001 lorsqu'ils furent consultés pour adopter ou rejeter le bâtard Traité de Nice. Nos édiles européennes n'acceptèrent pas le verdict et après un intense matraquage médiatique, réussirent l'année suivante à faire adopter le texte. Ainsi viennent-t'il de dire NON vendredi au Traité de Lisbonne (indigeste aux dires des spécialistes en droit constitutionnel ... ). Mais à nouveau ce verdict est refusé par la Commission Européenne et les gouvernements de l'Union. Que les référendums soient de manière générale mal organisés et le débat escamoté, pollué, nul n'en disconviendra. Faut-t'il pour autant n'utiliser cette procédure que pour les questions simples (les seules auxquelles les européens soient en mesure de répondre d'après ce que l'on entend ici ou là ....), la procédure parlementaire étant réservée pour les autres cas, car les peuples ne peuvent comprendre les enjeux. Quel beau programme ! PMF ne disait-il pas qu'aucun sujet politique ne devait pas ne pas être expliqué aux Français, que tout un chacun ou presque est à même de comprendre l'essentiel si tant est que l'on veuille bien lui présenter tenants et aboutissants, options diverses, en faisant effort de pédagogie. Si Sarkozy, Barroso, Cohn-Bendit veulent avancer à marche forcée dans la direction ultra-libérale inscrite dans les gênes de l'Union, alors qu'ils l'annoncent au lieu de rejeter périodiquement le verdict des urnes (cf le rejet du TCE en 2005, et son avatar médiocre imposé trois ans plus tard à Lisbonne), qu'ils nous disent : vous êtes incapables de comprendre le fonctionnement de l'Union, de vous engager résolument, eh bien, nous prenons votre destin en charge. Nous ne perdrons plus notre temps en explications, débats télévisés, tribunes dans la presse. Foin de tout cela. Qu'on nous parle en toute franchise. Dire la vérité.
Je ne pense pas que les Européens soient opposés à une Union Européenne en général mais plutôt à l'Union Européenne telle qu'elle fonctionne depuis 50 ans. Dès lors, prétendre que ceux qui dirent non au Traité de Maastricht, au Traité de Nice, au TCE, au Traité de Lisbonne, soient anti-européens, incultes, idiots, indécrottables bouseux, relève d'un profond mépris. Parmi ceux qui dirent OUI au TCE en France, il y en eut de nombreux qui n'ont jamais lu le texte et votèrent pour de "mauvaises raisons" (j'entends par là des arguments qui ne tiennent pas face à une analyse sérieuse du TCE, telle que je l'ai faite à l'époque dans un papier argumenté). Parmi ceux qui dirent NON au TCE en France, il y en eut de nombreux qui n'ont jamais lu le texte et votèrent pour de "mauvaises raisons" (j'entends par là des arguments qui ne tiennent pas face à une analyse sérieuse du TCE). A qui "la faute" ? il semble bien que de nombreux "journalistes" et politiciens soient responsables de la situation, sans exonérer pour autant la paresse de nos concitoyens. J'ai dit et je maintiens que le texte intégral du TCE était en grande partie compréhensible. Que si l'on s'intéresse au fonctionnement et aux buts de l'UE, à la genèse du TCE, ce texte n'était pas une surprise, tant sur le fond que sur la forme. Que si l'on n'avait pas fait l'effort de lire le TCE avant la consultation, de confronter ses points de vue, alors il ne fallait pas aller mettre un bulletin dans l'urne, les pré-requis à cet exercice citoyen n'étant pas remplis.

Nul doute qu'une carabistouille se prépare dans les couloirs de l'UE. Le Traité de Lisbonne ne s'appliquera peut -être pas comme prévu au 1er janvier 2009, mais avec un peu de retard. L'UE continuera de fonctionner, bon an mal an. Pas sûr que les européens y trouvent leur compte. L'Europe des peuples, l'Europe internationaliste, démocratique, sociale, préservant notre environnement, une Europe indépendante des lobbys industriels, cette Europe là n'est pas au programme de ces beaux messieurs-dames en costume-cravate. Je ne puis que le regretter.

José Manuel Durão Barroso, actuel président de la Commission Européenne


dimanche 15 juin 2008

Monsieur Henri est un grand homme


Henri Alleg, homme de taille modeste, est un grand homme. Aujourd'hui âgé de 87 ans, je le regarde toujours avec déférence, compassion et tristesse.
Déférence car son supplice dans l'Algérie de 1957 aux mains des militaires français et notamment des tortionnaires parachutistes de la 10ième D.P., son supplice fut enduré sans qu'il révèle quoi que ce soit qui aurait compromis ses amis. Monsieur Henri fût arrêté au domicile de son ami Maurice Audin, jeune scientifique arrêté le jour précédent et qui sera éliminé par les paras, non sans avoir mis en oeuvre une macabre mise en scène afin d'accréditer la thèse de l'évasion de Maurice Audin, après avoir été torturé.
Compassion car son supplice, décrit par le menu dans l'ouvrage intemporel "La Question" (ouvrage immédiatement censuré en France mais qui sera publié à l'étranger. Il est aujourd'hui encore étudié, notamment dans des université américaines), son supplice fût une épreuve dont on se demande qui aurait pu en sortir avec cette dignité qui caractérise Monsieur Henri. "La question" mérite d'être lue et relue. Elle est un de ses démentis cinglants (tout comme les textes de Pierre Vidal-Naquet sur l'affaire Maurice Audin) aux odieux mensonges de l'Etat français. Les gouvernements successifs de la IVième puis de la Vième République ont nié l'existence de la torture en Indochine puis en Algérie. "La question" est un texte permettant de réfléchir aux processus menant à la mise en place institutionnelle de la torture, à sa légitimation.
Tristesse parce que la mémoire de Monsieur Henri est hantée par ces souvenirs atroces et son visage l'exprime. Monsieur Henri est un homme si intègre, si respectable. Il rejoint la longue cohorte de ces véritables patriotes, trop indépendants d'esprit, trop utopistes, trop sincères (cf le parcours du Colonel Guingoin).
Monsieur Henri est venu à la librairie Renaissance (à côté de la station de métro Basso Cambo) le 14 juin dans le cadre du Marathon des mots. De larges extraits de "La question" ont été lus avec conviction par le comédien Yvan Morane. Monsieur Henri n'est pas de ces hommes qui se mettent en avant, qui se donnent en spectacle. Monsieur Henri est un homme humble, resté toute sa vie indéfectiblement accroché à l'idée que la dignité d'un homme reposait fondamentalement sur sa capacité à rester jusqu'au dernier souffle de vie fidèle à ses valeurs. Malgré les terribles épreuves subies durant sa détention, Monsieur Henri ne fléchit jamais. Devenu indésirable en Algérie quand le lobby militaro-nationaliste algérien pris définitivement le pouvoir à l'arrivée sur un coup d'Etat du FLN qui porta Houari Boumédiène à la présidence de la République algérienne, il s'exila en France. Son combat pour la liberté ne s'arrêta pas là, bien évidemment. Monsieur Henri est un homme tenace. En 2005, J.P. Lledo l'accompagna, afin de tourner un film documentaire "Un rêve algérien" en 2005. Il retrace son périple dans une Algérie ensanglanté par une guerre civile interminable, prolongation inévitable de 132 ans de présence coloniale française, où il retrouve certains de ses anciens compagnons de lutte. Aimé Césaire dans son "Discours sur le colonialisme" mettait très justement l'accent sur le poison que le colonialisme a instillé non seulement dans les veines des peuples colonisateurs mais également dans celles de peuples colonisés. Aimé Césaire disait fort justement comment il est vain de croire que l'on colonise un pays impunément.

En 2005, Henri Alleg a co-signé une lettre au Président de la République dans laquelle il était demandé à l'Etat français de reconnaître l'abandon des harkis suite aux Accors d'Evian signés en mars1962. Ce qui illustre bien la cohérence et la persistance de son combat.

Ultimes précisions : Monsieur Henri est né à Londres, au sein d'une famille juive russo-polonaise. Directeur du quotidien "Alger Républicain" dans les années 50, tentant de faire vivre, avec ses compagnons de lutte, une parole anti-colonialiste, démocratique, universaliste. Il sera contraint à rentrer dans la clandestinité en 1955 lorsque le quotidien sera interdit de vente. Il milita au sein du Parti Communiste Algérien.

Puissiez-vous encore longtemps éclairer les consciences, Monsieur Henri.

Renvois bibliographiques :
* Henri Alleg : "La question", publié aux Éditions de Minuit, 1961
* Henri Alleg : "Mémoire algérienne, souvenirs de luttes et d'espérances, publié chez Stock en 2005
* Marie-Monique Robin : "Escadrons de la mort, une école française", publié en 2004 aux Editions La Découverte; paru en DVD également.


Renvois Internet :
* Jean-Pierre Lledo : "Un rêve algérien", 2003, film de 110 mn, http://www.lacid.org/films_fiche.asp?id=392
* Marie-Monique Robein : http://www.algeria-watch.de/fr/article/div/livres/escadrons_mort.htm
* Henri Alleg : http://www.sauramps.com/article.php3?id_article=1084

vendredi 13 juin 2008

Barack Obama , une alternative au bushisme ? une bouffonnerie de plus

A l'attention des naïfs français, ou de tout ceux ayant perdu leur sens critique sous les feux croisés des mass-media, qui voient en Barack Obama une réelle alternative au post-bushisme, alors qu'il n'est qu'un représentant de plus de l'establishment nord-américain et spécialiste du louvoiement dans le cadre de la soumission aux grands lobbys et aux sondages d'opinion, je dis ceci :
N'espérez rien pour les défavorisés américains, pour la paix au Proche et Moyen-Orient, pour la démilitarisation à l'échelle mondiale, pour une politique sociale volontariste. Rien ne sert de sauter comme un cabri en criant "Obama, Obama, Obama" (cf ces foules américaines en liesse lors des discours lénifiants du candidat à l'investiture du parti démocrate). Le progrès social n'est pas pour demain. Soyez fidèles à vos valeurs, poursuivez votre chemin, ne soyez pas touchés par l'écume des jours. Les forces de l'oppression sont multi-formes, puissantes, organisées, mais si faibles face à un soulèvement populaire. Celui-ci devient chaque jour plus improbable à mesure que la résignation gagne les esprits (un tel soulèvement ne serait souhaitable que lorsque serait atteint un certain niveau de conscience collective, faute de quoi toute révolution populaire est vouée à l'échec, gangrénée par les bassesses humaines et les forces réactionnaires). Les luttes sociales ne mobilisent guère. Le fameux slogan "ça ne sert à rien" est bien ancré dans les esprits. On entend ici ou là des plaintes mais si le pseudo-citoyen ne se mobilise pas, il devrait se contraindre au silence, par respect de lui-même et des autres. Non pas se soumettre, mais consciemment prendre en compte ses petits renoncements propres, et se mettre en retrait, en attendant un sursaut individuel.
Il ne suffit pas, loin s'en faut, que la Nature vous fasse naître noir de peau, pour que vous soyez doté de telle ou telle qualité attribuée par l'inculture mondialisée aux Noirs. Condoliza Rice est noire et femme : son visage dur, son verbe belliqueux, ses rictus mals maîtrisés (à mettre en regards des TOC de notre Président ...), sa présence dans le cabinet probablement le plus réactionnaire de l'Amérique d'après-guerre : tout cela dénote la proximité avec l'homme blanc appeuré qui foisonne de nos jours, comme dans les temps anciens (peur des Indiens, peur des Noirs, peur des Arabes, peur des Juifs, peur de sa voisine lesbienne, de son cousin socialo-marxiste, de sa collègue de bureau punk, de son frère transsexuel, peur des pitbulls, des vaches à cornes, des cochons sauvages ... oooooooops). Que peuvent attendre les afros-américains de Ms Rice ? plus de coups portés à la communauté, toujours autant de pauvreté financière, d'impossibilité d'obtenir les mêmes chances qu'un blanc (éducation, espérance de vie, accès aux classes sociales supérieures).
Hillary Rodham Clinton était elle une meilleure candidate démocrate ? là encore, la génétique qui vous fait femme physiologiquement parlant, ne vous garanti aucune des qualités généralement accordées, attribuées, par la gent masculine patriarcale (ouverture d'esprit, compassion, esprit maternel, ... en tant que non-machiste j'ai du mal à retrouver les clichés en cours). Trouvez-vous Mrs Clinton féminine ? moi non. Cela ne m'aurait évidemment pas empêché de la soutenir si elle avait été une candidate intègre, convaincante (peu importe les traits physiques; peu importe les orientations sexuelles, les choix religieux, tant que la séparation personne publique/privée est strictement respectée). Elle est politicienne jusqu'au bout des ongles : aussi démagogue que son alter-ego Obama, outrageusement agressive, commerciale à deux balles. Elle a apporté son soutien "plein et entier" à Mr Obama le 7 juin dernier, après lui avoir asséné de rudes coups (bas en général), accumulé les petites phrases assassines afin de détruire ce concurrent, et ce, durant toute la campagne des primaires/caucus. Quel crédit apporter à de telles personnes ? alors qu'elle avait échoué à mettre en place une couverture maladie universelle, dont tant d'américains auraient besoin, lors de la présidence de son volage de mari, elle nous ressert le même plat lors de sa campagne. Elle avait depuis cette époque du pouvoir tourné casaque et fait ami-ami avec les puissances de l'argent qui haïssent tout système "socialiste" (si l'on vous traite de "socialiste" aux US, ne vous trompez pas, c'est aussi insultant que "French". Le French bashing n'a pas encore disparu. Une des attaques favorites des républicains, dont leur chef Karl Rove fut le grand instigateur, de la campagne 2004 à l'encontre du candidat John Kerry, était, outre "flip-flopper" ressassé à l'envi par Fox News, "the french").
Barack Obama amorce un virage en se conformant au moule afin d'être élu. Ici non plus, de ce côté de l'Atlantique, pas de rupture (sauf dans les slogans). "we stand up with Israël, now and forever". Pas de regard critique sur la politique israëlienne. Il faut dire qu'à l'échelle mondiale quelques hystériques persistent à associer "critiques d'Israël" et "anti-sémites" !!! le mieux étant donc d'être un candidat consensuel et de renier ses origines ethniques, ses amis (eg le pasteur Jérémiah Wright et ses imprécations enflammées sur le mode "God damn America". Peut importe qu'il lui arrive de frapper juste et fort, certaines vérités ou positions ne sont pas acceptées, ici comme ailleurs, maintenant ou à toute autre époque). Le reniement, les mensonges étant la marque de fabrique de tant de présidents, ministres, sous-secrétaires d'Etat. Ne vous privez pas d'écouter l'inénarrable Gordon Brown répondant à un journaliste de la BBC suite au pitoyable résultat de la candidate New Labour (
Tamsin Dunwoody
) aux récentes élections locales de Crewe et Nantwich (Cheshire, Angleterre) : trois questions différentes, trois réponses identiques mécaniquement répétées (sans que le journaliste ne s'en offusque). Illusionnistes, mystificateurs de petite envergure. Voilà ce que sont ces gens.
Par ailleurs, dans le même registre, je tiens pour la plus grande imposture politique franco-française, depuis la prise de pouvoir de Mitterrand au PS, la candidature et la posture d'alternative crédible du Modem et de son président François Bayrou. Il n'est pas impossible que les amis de Mr Sarkozy aient favorisé l'émergence dans les sondages du candidat Bayrou. Il n'est pas rare de voir publier dans la presse des sondages bidonnés. Il fût également aidé à sa gauche par un PS taclant la candidate Royal, et par la cécité historico-politique de nos compatriotes. Que messieurs Sarkozy, Bayrou ou Fabius puissent s'être positionnés "politiquement" de manière opportuniste sur le créneau "je suis un homme neuf", et avoir abusés tant de français, est proprement ahurissant. Ils avaient tous une carrière déjà bien remplie, et traînaient tant de casseroles. Une politique économique pro-capitaliste pour Laurent Fabius, autant en tant que premier ministre que ministre de l'économie et des finances, rendant ses discours gauchistes depuis 2005 tout à fait non crédibles. Une politique de droite classique voire réactionnaire pour François Bayrou, ministre de l'Education Nationale (qui commit le crime de retirer des programmes scolaires l'étude des textes d'Aimé Césaire), député béarnais (qui vota sans états d'âmes pour les lois répressives et sécuritaires du RPR). Un éternel louvoiement au gré des vents sondagiers pour Nicolas Sarkozy trahissant ses "amis" politiques, sentant que le peuple le portera au plus haut de l'Etat s'il flattait ses bas instincts par des discours et par une politique sécuritaire et répressive à l'encontre des étrangers et des délinquants divers, une politique ultra-libérale capitaliste afin de s'assurer des soutiens dans la campagne présidentielle. Que ces messieurs assument leurs convictions droitières, qu'ils ne tentent pas de prétendre se soucier de la classe ouvrière, des problèmes sociaux. Mr Bayrou avance derrière le cache-sexe du centre-droit : je le préférais lorsqu'il était clairement à droite. Il ne s'agit plus désormais que de tenter de conquérir une parcelle de pouvoir et non pas d'un homme convaincu que la politique doit se pratiquer autrement (en allant au-delà de slogans creux comme le "un otra manera de ser" d'un José Luis Zapatero : on a vu depuis ce qu'il en était de cette autre manière de gouverner l'Espagne). Quand par ailleurs la démocratie se porte mal au sein du Modem lui-même, comme au sein des autres partis de gouvernements (UMP, PS, PCF). La voix des militants n'est pas écouté (non que celle-ci soit intrinsèquement d'une haute valeur ajoutée, mais comment croire que le pays sera gouverné de manière mendésiste si le parti fonctionne différemment). Les décisions sont souvent prises en petit comité, par un pool de gens s'exprimant au nom de la masse. La démocratie participative de Ségolène Royal est à ce titre assez éclairante, quand on sait que son programme était ficelé bien avant que les militants et sympathisants soient amenés à être convié au pseudo-débat de campagne du PS. Mais revenons à la campagne présidentielle américaine après cette longue digression qui ne visait qu'à montrer la déplorable malhonnêteté intellectuelle de certains leaders politiques, et non pas à salir tel ou tel. Honnêteté, intégrité morale, sincérité : tels devraient être les moteurs fondamentaux de l'action politique.
John Sidney MacCain III sera-t'il aussi va-t'en-guerre que "43rd" (Georges Walker Bush), "42nd" (William Jefferson Clinton) ou "41st" (Georges Herbert Walker Bush) ? Sera-t'il aussi réactionnaire ? il y a fort à parier que l'élection de l'un ou l'autre des deux prétendants ne changera strictement rien à l'homophobie, la xénophobie, les injustices sociales, la précarité sans cesse croissante, aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde. Sans parler de la politique étrangère, étrangement insensible aux changements de cabinets (on pourra aisément objecter que la politique d'ouverture vers la Chine et l'URSS de dirty & tricky Richard Nixon trancha avec celles de ses prédécesseurs). Sans tomber dans le fossé nauséabond du "blanc bonnet/bonnet blanc", ou de celui du prétendu complot mondial, reconnaissons que les différences politiques entre les présidents US depuis 1945 sont relativement mineures. 44th sera donc une déception pour tout ceux qui auraient placé en lui des espoirs quant à un avenir meilleur. Cela fera écho aux élections d'un Ignacio Lula da Silva au Brésil, d'un Evo Morales en Bolivie ou d'un Nicolas Sarkozy de Nagy Bockza en France. La cohorte des déçus ne risque pas de sitôt de se désagréger ....

Renvois internet :
US :
*
Barack Obama : www.barackobama.com/
ainsi que ce lien du 19 juillet 2008
: http://tf1.lci.fr/infos/elections-usa/0,,3912642,00-obama-glisse-droite-.html
* Hillary Clinton : www.hillaryclinton.com
* John Mac Cain : www.johnmccain.com/
* Karl Rove : http://fr.wikipedia.org/wiki/Karl_Rove, http://en.wikipedia.org/wiki/Karl_Rove, http://www.voltairenet.org/article14980.html

UK :
* Gordon Brown s'exprimant sur la BBC : http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/politics/7416562.stm
* libéraux-démocrates : http://www.libdems.org.uk/party/policy/manifesto.html

samedi 7 juin 2008

Punir les pauvres

Punir les pauvres : telle est bien une des ambitions cachées des possédants que l'on voit à l'oeuvre depuis si longtemps. Il n'est point l'apanage exclusif des capitalistes, un de ces avatars pitoyables. Néanmoins, de nos jours, ce système économique et philosophique est incontestablement en position hégémonique. Les possédants n'ont de cesse d'humilier les masses, de leur faire courber l'échine, de promouvoir l'émergence d'une auto-intoxication intellectuelle et morale qui vient en complément d'une propagande plus ou moins finaude à travers les mass-media. Il suffisait de voir et d'écouter mercredi soir une émission de feu-le- service-public-France 2 diffusée à une heure de grande écoute. Nous étions effarés de voir la débauche de moyens que notre Justice, par ailleurs fort mal dotée financièrement, déployait chaque semaine afin de traquer LE délinquant. Le profil était celui, non pas du pseudo-patron dont l'action n'est guidée par aucun principe moral et qui n'a que l'objectif du profit à court-terme, non pas celui du politicien véreux, clientéliste, affairiste, perverti par la quête du pouvoir. Non. Il s'est agit plutôt de la classe moyenne ou de la classe populaire qui commet de temps à autre des infractions au code de la route (excès de vitesse, conduite en état d'ivresse ou sous l'emprise de pyschotropes divers). Voir ce pauvre trentenaire, divorcé, au chômage, tombé dans l'alcoolisme, mais néanmoins conscient des efforts qu'il devait consentir pour "s'en sortir", voir ce pauvre humain, fut un moment pénible car les images étaient dures pour qui considère chaque être comme frère en humanité. Que croyez-vous que furent les mots de la Justice, du Ministère Public s'exprimant au travers de la plaidoirie de l'avocat général : le comportement de cet homme était scandaleux, intolérable pour aux yeux de la société (comme il est toujours surprenant de voir un tel ou une telle s'arroger le droit d'exprimer la position de la collectivité, alors que sa position sociale le cantonne dans une caste de privilégiés). Il fallait sanctionner de tels agissements, vite et fort. L'homme fut condamné à six mois de prison dont trois fermes (il était sous le coup d'une précédente condamnation à trois mois de prison avec sursis). Résigné, abattu, il auto-justifiait la condamnation "quand on fait des conneries, il faut payer". Cet homme, comme tant d'autres "grands délinquants" (vus comme tels par la Justice française), ne sortirait pas de l'ornière alors que les puissants lui donnaient un coup de pied pour le pousser plus bas dans la fosse. Cet homme, comme tant d'autres "grands délinquants", avait besoin d'un regard humain, d'attentions, de considération, de deuxième chance. Ce qui n'exclut pas la responsabilisation de l'individu, acteur de son propre destin. Ce soir là sur France 2, il ne s'agissait pas de promouvoir des comportements citoyens sur la route, mais bien, en filigrane, de présenter un message d'invitation claire à la soumission à l'autorité, fusse-t'elle inique ou illégitime.
Vendredi, il s'agissait du procès des faucheurs volontaires de Haute-Garonne. La Confédération Paysanne, tentant de faire entendre une autre voie du monde paysan face à la toute puissante FNSEA, a déjà été condamnée, collectivement ou individuellement au travers de ses militants activistes. L'appareil d'Etat doit montrer qu'il peut réprimer à tout moment ce qui lui fait peur (en invoquant à l'envi la sacro-sainte Raison d'Etat, ou les non moins tristement célèbres "intérêts supérieurs de la Nation", la Nation étant ici très concrètement remplacée par l'Etat). L'appareil d'Etat et ses dociles serviteurs sont sollicités assez régulièrement pour montrer au bas peuple les limites à ne pas franchir. En cas de "rebellion", vous serez peut-être ruinés financièrement, dégradés psychologiquement, ou à tout le moins condamnés afin que vous rentriez dans le rang.
Dans nos pays occidentaux et au-delà, le citoyen lambda se voir imposer des législations de plus en plus liberticides. L'argument avancé est généralement "nous devons lutter contre toutes les nouvelles formes de terrorisme". L'aspiration à une vie bien rangée, petit être sans ambition autre que matérialiste tranquillement installé dans le confort de la pensée bourgeoise qui se loge dans les esprits de toutes les classes sociales, logé derrière les hauts murs ou grillages de résidences privatives. Oui, ces esprits là sont prêts à renoncer petit à petit aux libertés publiques ou individuelles. Ils arriveront toujours à se convaincre, en se mentant à eux-même à l'occasion, de vivre une vie "normale" dans un pays "démocratique".
Le citoyen lambda se voit toujours sommé de payer pour les fautes des dominants (qui , dans une certaine mesure, sont la conséquence logique de l'infantilité de si nombreux adultes) : faillite du Crédit Lyonnais dans les années 90 (
un trou de près de 20 milliards d'euros pour les finances publiques qui ne sera pas comblé avant 2012 ), faillite de banques touchées par la crise des prêts hypothécaires à hauts risques en 2007/2008 (nationalisation ou injection massive d'argent public pour renflouer leur cash-flow), niches fiscales profitant quasi exclusivement aux plus riches, spéculations contribuant au renchérissement des produits de consommation de base, dé-remboursements de médicaments, instauration de franchises médicales, introduction d'impôts "indolores" comme la CSG en 1996 en France (partiellement non imposable, elle conduit à payer un impôt sur un impôt ...) ou la CRDS en 1996 en France (mesure initialement "transitoire" mais qui a été depuis pérennisée ...), dissémination de plants OGM dans la nature, promotion du productivisme (induisant maladies professionnelles, mal-être).
Soumets-toi, sois docile, expie éternellement tes fautes (réelles, supposées ou imaginaires, voire commises par d'autres) : quel beau message d'avenir pour l'humanité ...

Renvoi :
*
« Punir les pauvres ; le nouveau gouvernement de l'insécurité sociale » Marseille, Agone, 2004, 351 pages de Loïc Wacquant
* http://atheles.org/agone/punirlespauvres
* http://www.local.attac.org/vaud/article74.html