samedi 31 janvier 2009

Un Je, des jeux ...

Enième crise de colère du président de la république : conspué par des manifestants lors de voeux présentés le 12 janvier dernier à Saint-Lô aux personnels de l'Education Nationale, sa réaction fut vive. Fidèle à lui-même, il a donc demandé et obtenu l'éviction du directeur départemental de la sécurité publique et du préfet de la Manche. "Je veux ... le roi dit nous voulons". Lors de ce discours, on a compté des dizaines de "je". Môssieur Sarkozy ne supporte pas la critique. On embastille donc à tour de bras les malotrus qui osent arborer qui un T-shirt, qui un badge, qui une banderole, qui osent manifester leur colère face aux effets des contre-réformes imposées au pays. Cela avait commencé il y a quelques années au quartier des Halles quand ce petit môssieur avait fait arrêté par la police et fait comparaître en "comparution immédiate" devant un tribunal, un pauvre SDF dont le seul crime avait été de proférer quelques noms d'oiseaux à l'encontre du ministre de l'intérieur venu là en visite. Car le ministre aimait les visites, sauf lorsqu'un risque était connu. ON l'a vu lors de sa campagne présidentielle reculer devant l'obstacle lyonnais et invoqué une pitoyable excuses d'avion en retard qui avait empêché la visite du candidat Sarkozy. Le 19 janvier, un professeur d’histoire de Cherbourg, militant FSU et RESF (Réseau éducation sans frontières), a été placé en garde à vue à St Lô pendant quelques heures, suite à la visite mouvementée du chef de l'Etat le 12 janvier. FSU/RESF est une casquette qui vous met plus que d'autres dans le collimateur de l'appareil répressif de l'Etat.
A regarder l'expression de son visage quand il a prononcé il y a quelques semaines le fameux "désormais, avec le service minimum, quand il y a une grève en France, cela ne se voit plus" , on ne pouvait qu'être révolté. Mépris, suffisance, arrogance. Le nabot aura sûrement déchanté ce jeudi 29 janvier 2009 à la lecture des rapports de police : on a vu une mobilisation comme rarement la France en a connu. Secteur public, secteur privé, retraités, tous dans la rue. Grandes villes, villes moyennes : participations records aux manifestations. A en croire le premier ministre Fillon, simple faire-valoir en Sarkozye, les français ne comprenaient pas la situation. Là aussi, les petits sourires de Fillon étaient particulièrement expressifs mercredi soir lors du journal de 20h de France 2. Il se permit même d'admonester David Pujadas qui avait eu l'outrecuidance de suggérer que les banques étaient en partie responsables de la grande crise capitaliste que nous vivons. Télé Sarkozy,radio Sarkozy, presse écrite Sarkozy : tout est pourtant bien orchestré. L'auto-censure fonctionne bien. On hésite pas à employer la manière forte pour intimider un journaliste (cf les conditions d'arrestation scandaleuses de l'ex-patron de la rédaction du quotidien Libération). Cela suffira-t'il à contenir la colère du pays ? il est permis d'en douter.


Liens internet :
* http://www.lepoint.fr/actualites-politique/sarkozy-chahute-a-saint-lo-une-deuxieme-mutation-apres-le-prefet/917/0/311613
* http://www.millebabords.org/spip.php?article10080
* http://www.lejdd.fr/cmc/politique/200905/sarkozy-chahute-prefet-mute_183240.html

lundi 26 janvier 2009

Modeste hommage à François « Forain » Verdier


François Verdier, radical-socialiste et franc-maçon, comme Jean Moulin, chef des MUR (Mouvements Unis de la Résistance) de Toulouse (Région R4), fut arrêté par la Gestapo lors d’une rafle dans les milieux de la résistance toulousainne le 13 décembre 1943. Torturé, supplicié, il fut finalement abattu en forêt de Bouconne le 27 janvier 1944. Sans avoir parlé, comme Jean Moulin.

Une stèle commémorative a été bâtie à l’endroit de son exécution (celle-ci fut peut-être commise en plaçant une grenade à main dans sa bouche, sans certitude historique définitive). Chaque année, sa famille, des anciens résistants, des représentants de l’Etat se retrouvent là pour honorer la mémoire de ce grand résistant, républicain, courageux, qui dut faire face à une terrible agonie. Chaque année, un orateur nouveau prononce un discours, qui ne doit pas se limiter à la seule dénonciation des crimes de la Gestapo. Les mêmes méthodes, les mêmes crimes de guerre, les mêmes manquements graves aux valeurs humanistes, furent répétés, dans les décennies qui ont suivi la libération de la France. Militaires français en Algérie et Indochine françaises, militaires sud-américains ou américains en Amérique du Sud (dont nombre d’entre eux ont été formés à la contre-guérilla par le Général Aussaresses à Fort Bragg - QG des forces spéciales américaines, ou à Manaus - Centre d'instruction de la guerre dans la jungle). Les leçons de la bataille d’Alger n’ont pas été oubliées. Des escadrons de la mort formés sur le modèle de ceux de Massu séviront au Viet-Nâm et dans l’Amérique du Sud fasciste des années 60/70/80.

François Verdier n’a pas été oublié, malgré les années, malgré les disparitions progressives de ses camarades de Libération. Il nous montre que l’idéal de justice et de vérité mène sur des chemins terribles, suscite en réaction l’exaltation des forces réactionnaires et l’expression de la barbarie humaine.

Paix à ton âme, François.


Sources à consulter :