dimanche 24 mai 2009

Leur objectif : casser le modèle social français issu du programme du CNR de mars 1944 !

Casser le modèle social issu du programme du CNR de mars 1944 ! tel est l'infâme, l'abject, l'immonde entreprise de Sarkozy et ses amis. Ils ne s'en cachent pas. Barrer la route à ses contre-réformes qui s’enchaînent, tel est le devoir des citoyens résistants. La tâche est énorme, tant le rouleau compresseur avance sans ménagement. On constate que désormais, ces gens n’ont plus peur de révéler au grand public leurs desseins liberticides. Anti-gaullistes, anti-socialistes, haïssant les institutions démocratiques : tout cela ne serait qu’archaïsmes à jeter au feu purificateur du nouveau Dieu néo-libéral. Saint Sarkozy promettait de réformer le libéralisme. On peut attendre. Qui croit encore aux sornettes déversées quotidiennement par les médias sarko-compatibles et par les cercles du pouvoir ? On lit dans le dernier Canard Enchaïné, que le président ne croit pas aux chiffres de Bercy qui donne une idée calamiteuse des finances du pays. Le président a du fric, des nanas, des palais, des thuriféraires, bref « il a la banane ». Tout s’écroule sous les coups de boutoir des ministres téléguidés par l’Elysée : Rachida Dati (réformes de la justice), Roselyne Bachelot (réforme de l’hôpital public), Brice Hortefeux. Tout un édifice qui a nécessité tant d’efforts, tant de sacrifices par le passé. Tout cela est foulé aux pieds, tout cela est méprisé. Je vous invite à lire la prose de Kessler (ça date un peu mais cela permet de vérifier les annonces faites à l’époque):

Adieu 1945, raccrochons notre pays au monde !
Par Denis Kessler, Challenges, 4 octobre 2007
Le modèle social français est le pur produit du Conseil national de la Résistance. Un compromis entre gaullistes et communistes. Il est grand temps de le réformer, et le gouvernement s’y emploie.
Les annonces successives des différentes réformes par le gouvernement peuvent donner une impression de patchwork, tant elles paraissent variées, d’importance inégale, et de portées diverses : statut de la fonction publique, régimes spéciaux de retraite, refonte de la Sécurité sociale, paritarisme...
A y regarder de plus près, on constate qu’il y a une profonde unité à ce programme ambitieux. La liste des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !
A l’époque se forge un pacte politique entre les gaullistes et les communistes. Ce programme est un compromis qui a permis aux premiers que la France ne devienne pas une démocratie populaire, et aux seconds d’obtenir des avancées - toujours qualifiées d’« historiques » - et de cristalliser dans des codes ou des statuts des positions politiques acquises.
Ce compromis, forgé à une période très chaude et particulière de notre histoire contemporaine (où les chars russes étaient à deux étapes du Tour de France, comme aurait dit le Général), se traduit par la création des caisses de Sécurité sociale, le statut de la fonction publique, l’importance du secteur public productif et la consécration des grandes entreprises françaises qui viennent d’être nationalisées, le conventionnement du marché du travail, la représentativité syndicale, les régimes complémentaires de retraite, etc.
Cette « architecture » singulière a tenu tant bien que mal pendant plus d’un demi-siècle. Elle a même été renforcée en 1981, à contresens de l’histoire, par le programme commun. Pourtant, elle est à l’évidence complètement dépassée, inefficace, datée. Elle ne permet plus à notre pays de s’adapter aux nouvelles exigences économiques, sociales, internationales. Elle se traduit par un décrochage de notre nation par rapport à pratiquement tous ses partenaires.
Le problème de notre pays est qu’il sanctifie ses institutions, qu’il leur donne une vocation éternelle, qu’il les « tabouise » en quelque sorte. Si bien que lorsqu’elles existent, quiconque essaie de les réformer apparaît comme animé d’une intention diabolique. Et nombreux sont ceux qui s’érigent en gardien des temples sacrés, qui en tirent leur légitimité et leur position économique, sociale et politique. Et ceux qui s’attaquent à ces institutions d’après guerre apparaissent sacrilèges.
Il aura fallu attendre la chute du mur de Berlin, la quasi-disparition du parti communiste, la relégation de la CGT dans quelques places fortes, l’essoufflement asthmatique du Parti socialiste comme conditions nécessaires pour que l’on puisse envisager l’aggiornamento qui s’annonce. Mais cela ne suffisait pas. Il fallait aussi que le débat interne au sein du monde gaulliste soit tranché, et que ceux qui croyaient pouvoir continuer à rafistoler sans cesse un modèle usé, devenu inadapté, laissent place à une nouvelle génération d’entrepreneurs politiques et sociaux. Désavouer les pères fondateurs n’est pas un problème qu’en psychanalyse.


(Le texte intégral reproduit ci-dessus peut être lu sur le site du magazine Challenges :
http://www.challenges.fr/opinions/1191448800.CHAP1020712/adieu_1945_raccrochons_notre_pays_au_monde_.html )

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Egalement sur le même sujet :
1) Denis Kessler révèle le programme secret de Sarkozy! "Adieu 1945!"
http://www.toutsaufsarkozy.com/cc/article04/EEAEAVyFkEbmvlIfck.shtml


2) Les Echos, 5 décembre 2006, JEAN-MARC VITTORI : Fichu préambule de 1946… http://lucky.blog.lemonde.fr/2006/12/05/433/

3) Denis Kessler : Dernier verrou contre la privatisation de GdF : la Résistance et la Constitution de 1946. Version intégrale : http://www.lesechos.fr/info/analyses/4507976.htm
En effet, c’est tout le service public à la française qu’il faut abattre : rien ne doit subsister. Les dogmatiques ne sont pas qu’à gauche … qu’on se le dise. Le pouvoir, ici comme au US de George W. Bush (la rupture à la mode Obama a déjà du plomb dans l’aile), est coupé des réalités, s’enferre dans des politiques suicidaires.

Biographie Wikipedia
Denis Kessler (né le 25 mars 1952 à Mulhouse), est un grand patron français. S'affichant marxiste et même maoïste, dans sa jeunesse, il a été vice-président du MEDEF. Il est actuellement le président du groupe Scor.
Carrière
Actuellement :
  • Elu 'Industry Personality of the Year 2008' par le jury des 'Worldwide Reinsurance Awards' à un dirigeant pour sa contribution au secteur de l'assurance et de la réassurance (3 septembre 2008).
  • Président du Cercle de l'Orchestre de Paris, à compter de juin 2008
  • Président du "Siècle" à compter de janvier 2008
  • Éditorialiste au magazine économique « Challenges » à compter d'octobre 2007
  • Président directeur général du groupe Scor (réassurance) depuis le 4 novembre 2002
  • Membre du Conseil économique et social depuis 1993
  • Membre du Conseil national des assurances
  • Membre de la Commission des comptes de la nation depuis 1994
  • Administrateur de BNP Paribas, Dexia, Bolloré, Dassault Aviation et INVESCO
Auparavant (extraits) :
  • Vice-président exécutif du MEDEF de 1998 à 2002
  • Président de la Commission économique du MEDEF, chargé des affaires économiques et internationales de 1994 à 1998

//////////// On voit d'ailleurs non sans effroi que parmi les plus furieux de nos ultra-libéraux, nombreux sont ceux qui proviennent des rangs maoïstes/trotskistes des années 60/70 ... ///////////////

Ces textes éclairent les venues de Sarkozy sur le plateau des Glières (la première datant de l'entre-deux tours de la présidentielle 2007) : une pure récupération politique tant les actions, les messages du dit sarkozy sont à 180° des idéaux de la Résistance tels qu'exprimés dans le programme du Conseil National de La Résistance du 15 mars 1944 (après 6 mois de débats). Le plateau des Glières est un lieu de mémoire que Sarkozy vient profaner chaque année depuis 2007. Le Canard Enchaîné avait indiqué en 2008 son comportement de parfait goujat dans l'enceinte même du cimetière où les 105 maquisards, fusillés pas les forces nazies ,sont inhumés. Lui rigolait et lançait des vannes. Qu’il soit encore permis qu’il accède à ce lieu est un non-sens.

Tout Sarkozy fait de lui un ennemi des valeurs républicaines.

samedi 23 mai 2009

Hees bien raisonnable ?

Eh oui, c'est ça aussi la pratique de la rupture Sarkozyste : maintenir les copinages, les passes-droits, les bassesses. En fait, ne pas tenir les promesses de la dite rupture, mais briser un modèle social qui, même bancal, organisait encore un minimum de solidarité (un mot hors du vocabulaire de la clique Sarkozyste des Morano, Boutin, Coppé, Bernard, Dati, Yade et consorts. Tout à fait d'accord avec Mr Etienne pour extraire NKM de cette liste; NKM, "vilain petit canard" du gouvernement qui semble bien être largement au-dessus de la vile mêlée gouvernementale).
Mr Hees n'a pas hésité, à peine quelque jours après sa prise de fonction, à débouler dans le studio de France Culture dans lequel l'excellentissime Edwy Plenel dénonçait les méfaits de la collusion évidente entre le pouvoir sarkozyste et les grands medias. Une atteinte grave à la séparation des pouvoirs, à la vie pleinement démocratique. Mr Hees est venu derechef indiqué qu'il n'y avait rien de cela à Radio France, que Nicolas Sarkozy l'avait nommé parce qu'il voulait un homme indépendant et compétent. Mr Hees se déplacera-t'il aussi promptement si des intervenants abreuvent
ad nauseum les auditeurs de la logorhée néo-libérale, enfilant perle sur perle ?

Coup de gueule(Télérama n°3092), 18-24 avril 2009, page 13.

LE MONDE BOUGE - Mardi dernier, lors de son audition devant le CSA, un certain Jean-Luc Hees, candidat de l’Elysée au poste de patron de Radio France, se demandait tout haut si l’impertinence était bien utile sur l’antenne de France Inter… Eh bien nous, on ne se demande pas.

Et l’impertinence, bordel !


« Je ne suis pas sûr que les auditeurs de France Inter cherchent l’impertinence », déclarait Jean-Luc Hees, candidat de l’Elysée à la présidence de Radio France, lors de son grand oral devant le CSA, mardi dernier. Quelle tristesse ! « L’irrespect se perd », disait Coluche. Et c’est une mauvaise nouvelle, car c’est ce qu’on a inventé de mieux pour lutter contre le conformisme et la poisse du politiquement correct. Prenons cette fameuse « impertinence » à la racine. « A l’origine, explique la sémiologue Mariette Darrigrand, ce qui est pertinent, c’est ce qui est cohérent avec l’ensemble. Du coup, l’impertinence, c’est ce qui produit la rupture, ce qui casse un processus de pensée. Et par conséquent ce qui ouvre de nouvelles perspectives de sens. » Pourquoi les auditeurs de France Inter ne voudraient-ils pas de cette impertinence-là ? Cette façon de prendre à rebours la langue de bois et la pensée convenue, pour échapper aux lieux communs, déconstruire les clichés et introduire le trouble dans le discours dominant ?


Prenons un exemple au hasard : Stéphane Guillon. Sa chronique, le plus souvent, est impertinente. A l’exception de quelques dérapages, quand il s’en prend au physique de Martine Aubry ou de Christine Boutin. Il est alors au cœur du lieu commun machiste que non seulement il ne dénonce pas mais qu’il nourrit. Provocateur, mais pas impertinent. L’impertinence, d’ailleurs, n’est pas synonyme d’humour, comme semblent le penser ceux qui voudraient la cantonner à quelques espaces bien définis, comme autrefois celui des bouffons. Face au poids grandissant de la communication politique, économique ou commerciale, la radio tout comme l’ensemble de la presse ne souffrent-ils pas aujourd’hui d’un manque cruel d’impertinence ? N’est-ce pas plutôt la connivence avec les puissants de la politique et de l’économie que l’on reproche aujourd’hui aux professionnels de l’information ? « Il y a des journalistes qui ont appris leur métier à l’école hôtelière. Ils posent les questions comme on passe les plats. » Cette pointe est de Guy Bedos. Elle est incontestablement imper­tinente. Et, pour cela même, salutaire.

Michel Abescat

Texte intégral à retrouver sur : http://www.telerama.fr/monde/laissez-nous-l-impertinence,41667.php

Voir aussi : http://www.telerama.fr/radio/hees-bien-raisonnable,41586.php

vendredi 22 mai 2009

Let's make money

Si je puis me permettre de vous conseiller un film en ce moment de furia people cannoise : "Let's make money" ne vous apprendra peut-être pas grand chose sur les dessous de la mondialisation néo-libérale, mais sait-on jamais. Ca dure environ 2 h (on y entend anglais, allemand, espagnol. VOST conseillée pour ceux qui ne comprennent pas ces 3 langues). Les perspectives sont sombres, si l'on en croit ce député allemand que je "soupçonne" d'être encarté à Die Linke (le parti de gauche d'Oskar Lafontaine). Je pensais à ce concept de barbarie humaine , et puis, non, ça ne pouvait pas s'appliquer là. Et patatras, ce député allemand vous le dit, c'est inéluctable.
Oeuvrons chaque jour pour un autre monde. Yes we can ...

Télérama n°3092, page 57, avril 2009 :
Après "We Feed the World", documentaire évènement sur notre alimentation, le réalisateur Erwin Wagenhofer revient avec "Let's Make Money". Le film suit notre argent à la trace dans le système financier mondial. Ce documentaire impressionnant est le tout premier film à démonter les bases du système libéral et ses conséquences humaines, démographiques et écologiques.

CRITIQUE Télérama bien

Erwin Wagenhofer : la bête noire des néolibéraux de tous poils. Après We feed the world, film-événement sur les dérives peu ragoûtantes de l'industrie agroalimentaire, le réalisateur autrichien continue sa croisade. Dans son collimateur, cette fois, l'argent, le nerf de la guerre. Annonçant la crise des « subprimes », Let's make money démonte un à un les circuits tortueux de la finance mondiale. Des mines d'or du Zaïre au paradis fiscal des îles de Jersey, ce road-movie documentaire prend la forme d'une course-poursuite sur les traces des fonds monétaires internationaux.

Que devient notre pécule une fois mis en banque ? A quoi jouent les banquiers ? A qui profitent les intérêts ? Au fil de sa démonstration, l'ex-journaliste pointe les conséquences concrètes d'une économie démente régie par la cupidité : tramways viennois privatisés, milliards de dollars dormant au soleil, « assassins économiques » missionnés par les pays riches pour saigner le tiers-monde endetté.

Le capitalisme financier, ce concept ô combien abstrait, prend corps, littéralement. On le croyait sans visage et voilà qu'on le croise en personne, sous les traits d'un investisseur autrichien contemplant, depuis l'habitacle climatisé de son 4 x 4, une main-d'oeuvre exotique et bon marché. Des aigles de la finance perchés dans leurs gratte-ciel aux enfants d'Afrique trimant dans les champs de coton, le film dénonce l'inégalité flagrante d'une machine à spolier. D'un plan à l'autre, deux mondes irréconciliables semblent se regarder en chiens de faïence : le « penseur » néolibéral, confit dans le confort d'un palace suisse, et le petit garçon qui fait planer son cerf-volant sur un bidonville de Bombay.

Rien de manichéen, pourtant, dans cette enquête altermondialiste. Rigoureux, synthétique, didactique, Let's make money s'attaque à l'opacité du système complexe qu'il décrit. Pour traquer ses moindres aberrations, Erwin Wagenhofer va jusque sur les terrains de golf de la Costa del Sol, là où la bulle immobilière n'en finit plus de gonfler. Complexes touristiques fantômes, littoral défiguré, ressources énergétiques gaspillées : quelques vues aériennes, accablantes, suffisent à résumer l'absurdité d'un système soi-disant pragmatique.

Subtil jusque dans sa façon de manier l'ironie, le cinéaste filme ses interlocuteurs dans les transports (taxi, avion, train, téléphérique), comme pour se moquer de ces hommes pressés, pour qui le temps reste encore et toujours de l'argent. Mais c'est aussi à nous, citoyens ordinaires des pays riches, que s'adresse Let's make money. Plaidoyer pour une redistribution équitable des richesses, il nous pose à tous cette question existentielle : est-ce qu'être c'est avoir ?

Mathilde Blottière