dimanche 9 août 2009

Procès "staliniens" à Téhéran

On peut être qu'effaré par les derniers développements de la crise iranienne qui s'est ouverte au lendemain du premier et unique tour des élections présidentielles. Voilà donc que l'on assiste suite à des arrestations massives (opposants divers, étrangers en poste à Téhéran ou journalistes venus couvrir les élections), à des procès que l'on pourrait presque qualifier de staliniens (en référence aux années noires 1936-1938 à Moscou qui vit le petit père des peuples organiser des mascarades de procès dont l'issue, la mort ou la déportation au goulag, était connue d'avance. Le seul but était de liquider toute opposition, en organisant de pseudos-procès, truqués). On y voit les mêmes modèles d'auto-critiques (dont lors du procès de la jeune étudiante Clothilde Reiss, ou de Mohsen Rezai candidat au 1er tour). Mais les parallèles avec d'autres années noires sont possibles. Il n'est qu'à regarder la structure et l'exercice du pouvoir en Iran et celles du pouvoir national-socialiste dans l'Allemagne des années 1930 : "bassidji" vs "Sections d'Assaut" - Sturmabteilungen - (certes suite à la nuit des longs couteaux, les SA n'auront plus qu'un rôle mineur dans l'appareil d'Etat, mais l'appareil SS reprendra le rôle à son compte) , "Pasdaran" et "police des moeurs" vs "RHSA" (fusion en 1939 de la Sipo - constituée de la Gestapo ou police secrète et de la Kripo ou police criminelle - et de la SD ou Service de Sécurité du Reich). Le devoir du RHSA (créé par le Reichfürher SS Heinrich Himmler) était de lutter contre tous les ennemis du régime nazi. On voit dans l'hystérie répressive du (des) pouvoir(s) iraniens une dérive totalitaire des plus inquiétantes pour le peuple iranien. Il restera toujours l'espace de liberté du foyer iranien, où la parole se délie, où l'humour est très présent. Mais la chape de plomb qui s'est abattue depuis le 13 juin dernier sur l'Iran multi-millénaire est une réalité encore plus prégnante.
Le pouvoir en place est secoué par des convulsions terribles. Que sont devenues les milliers de personnes arrêtées depuis le 13 juin ? beaucoup n'ont pas été revues. Sont-elles encore dans les geôles de Téhéran ? ont-elles été liquidées ? bien des questions demeurent, et ce ne sont pas les effets combinés de la propagande du régime et les mensonges de l'opposition intérieure ou extérieure, qui peuvent aider à y voir plus clair.
Bill Clinton a obtenu la libération de deux journalistes condamnées à 12 ans de travaux forcés dans les camps de concentration nord-coréens. On attendra encore longtemps que le bellâtre US ou ses successeurs se préoccupent du sort fait aux centaines de milliers de coréens asservis dans les camps de concentration. Eh oui, en 2009, la fameuse Communauté Internationale ne fait rien de bien concret pour lutter contre le presque dernier bastion stalinien. Mais l'on continue d'entendre de beaux discours sur la démocratie. C'est cela aussi la hideuse realpolitik.