vendredi 16 juillet 2010

Un acte de vandalisme alarmant


Communiqué de l’Association « Résister Aujourd’hui » le 14 juin 2010


S’attaquer à la statue de Jean Moulin initiateur du Conseil National de la Résistance, un symbole?


Nous avons appris, avec consternation, que le « Mémorial Jean Moulin » érigé à l'entrée des Alpilles sur la route de Salon-de-Provence à Sénas tout près du lieu où le résistant fut parachuté a été vandalisé dans les jours précédents le 27 mai 2010, jour de commémoration du 67 ème anniversaire de la création du Conseil National de la Résistance.

L’enquête est en cours. Ce ne sont pas, à notre avis des voleurs de métal comme on le laisse supposé, car il semble que ce soit plutôt au symbole que l’on ait voulu s’attaquer.

Est-ce des détraqués ou des militants d’extrême droite sensibles aux attaques continues contre la Résistance en général et contre le programme du CNR en particulier.

Rappelons-nous, le 4 octobre 2007, Denis Kessler, ancien n°2 du Medef se réjouissait de la politique de Nicolas Sarkozy

« il s’agit, disait-il, de sortir de 1945 et de défaire méthodiquement le programme national de la Résistance ! »

De telles paroles peuvent susciter des actes, certains détricotent systématiquement les acquis de ce programme, d’autres peuvent s’attaquer au symbole.

Nous savons que de la parole aux actes, le pas peut être vite franchi.

Pour le respect de la mémoire de la Résistance et de Jean Moulin, nous exigeons une enquête rapide aboutissant au jugement des responsables.

N’oublions pas !

Le programme du CNR qui fût adopté par l’ensemble des mouvements de résistance le 15 mars 1944 préparait la renaissance de la France après cinq années de trahison, cinq années de fascisme vichyssois soutenu par le nazisme hitlérien, cinq années de chasse à l'homme, cinq années enfin d'esclavage, de pillage et de meurtres.

Ce texte audacieux est à l’origine, entre autres, de nombreuses conquêtes sociales (la sécurité sociale, les retraites généralisées et décentes, le droit à la santé, à l’éducation et à la culture pour tous), il visait à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence lorsqu’ils sont incapables de se les procurer par le travail, la sécurité de l'emploi, la réglementation des conditions d'embauche ….etc….

Il est d’une troublante actualité aujourd’hui car toutes ces conquêtes sont aujourd’hui remises en cause, quand elles ne sont pas tout bonnement démantelées, oubliées.

Le riche héritage du Conseil National de la Résistance mérite de ne pas tomber dans l’oubli.

Il est nécessaire et indispensable de le faire connaître au plus grand nombre et nous n’admettrons pas que l’on s’attaque impunément à la mémoire de celui qui a été son initiateur.


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voir aussi :
http://www.memorialjeanmoulin.fr/articles.php?lng=fr&pg=160

samedi 17 avril 2010

La droite mondiale hystérique

Aux USA, l'ultra-droite n'hésite pas à ressortir ses vieux arguments dès qu'une loi un tant soit peu sociale pourrait être promulguée. La réforme édulcorée du système Medicare n'a pas échappée à la règle. Les insultes ont marqué les débats au Congrès. Des permanences d'élus ayant voté en faveur de la réforme ont été vandalisées , des menaces de morts ont été laissées sur les répondeurs téléphoniques des élus (qu'ils soient républicains, démocrates, indépendants). "même les russes ont abandonné le communisme, nous n'en voulons pas ici" : voilà ce qu'une militante du Tea Party, cher à l'extrémiste Sarah Palin (Miss Wasilla 1984 ...), disait récemment à la TV américaine. Il faut dire que l'inculture politique est telle de part le vaste monde et particulièrement aux USA, que l'anti-communisme primaire est également à l'oeuvre un peu partout; et puis, comme disait Lino Ventura dans les Tontons flingueurs "les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait". Nul doute que notre pays est donc toujours considéré par la droite américaine comme un pays communiste, wouaff wouaff.

En Espagne, la pugnacité du juge Baltasar GARZÓN lui vaut une solide inimitié de la part des cercles franquistes, toujours très actifs. Ceux-ci ont lancé une chasse aux sorcières. Ils veulent la peau de GARZÓN. Ayant osé contourner la loi d'amnistie, il tente de rendre justice aux victimes de la junte franquiste. Et cela est inacceptable pour les fascistes du PP (Partido Popular). Or nul crime ne peut être indéfiniment imprescriptible. Les lois d'amnistie ne doivent jamais qu'avoir un temps d'application limité. Elles sont destinées à panser les plaies dans tout pays qui fut déchiré par la guerre civile, à permettre une transition non violente vers un état de droit. Mais ensuite, la justice doit reprendre ses droits. Telle est la thèse défendue notamment par Eva Joly (EELV, ancienne juge d'instruction) ou Carla del Ponte (ancienne juge d'instruction en Suisse puis procureur général du TPIY). On sait pertinemment que cacher le passé par tous moyens (destructions d'archives, lois d'amnistie sans limite de durée, obstructions législatives, etc ...) ne peut que conduire à une résurgence à moyen-terme d'une forme de violence. Le passé algérien de la France en est un exemple frappant. Les tentatives de Zapaterro de faire ré-ouvrir certaines fosses communes de l'époque franquiste ont déchainé le PP. D'autant que Rajoy, successeur de José Maria Aznar, est tout aussi proche des milieux franquistes que ne l'était son prédécesseur à la tête du parti. Qui aime l'Espagne, et j'en suis depuis longtemps, ne peut que de désoler de la permanence de l'idéologie franquiste (on peut aisément faire le parallèle avec la frange de l'Italie néo-musolinienne défilant et tenant meeting, sous la bannière authentiquement fasciste de la Ligue du Nord, dont on peut noter qu'elle vient de supplanter le parti du bouffon Berlusconi dans plusieurs régions du Nord et du Centre). Mes recherches historiques menées en Catalogne m'ont forcé à plonger dans ce passé récent qui a tant meurtri l'Aragon, l'Andalousie et la Catalogne. C'est toujours le règne de l'omerta. Peu sont disposés en en parler.

(d'après Le Monde) : Le juge GARZÓN sera donc jugé pour avoir voulu fouiller l'encombrant passé du franquisme. Saisi de plaintes d'organisations d'extrême droite, le Tribunal suprême espagnol a décidé d'asseoir le magistrat très médiatique (on se souvient de son implication dans la lutte anti-ETA) sur le banc des accusés pour "prévarication", a-t-on appris mercredi 7 avril de source judiciaire. La décision devrait entraîner à court terme la suspension de Baltasar Garzon de ses fonctions de juge de l'Audience nationale, haute instance pénale qui centralise à Madrid les dossiers de terrorisme, de crimes contre l'humanité et de criminalité organisée. "C'est un triste jour pour la justice", a assuré sur la radio publique espagnole Emilio Silva, porte-parole de l'Association pour la récupération de la mémoire historique , la principale association de familles des victimes du franquisme. "Il y a des familles de 113 000 disparus qui nulle part dans ce pays ne peuvent trouver un endroit pour que justice soit faite, et ça pour moi, c'est très grave", a ajouté M. Silva. "Si ce procès a lieu, ce sera le premier cas connu d'un juge qui essaie d'obtenir la vérité, la justice et réparation pour plus de 100 000 disparus et qui se retrouve poursuivi", a pour sa part réagi le directeur d'Amnesty International Espagne, Esteban Beltran. Plus de deux cents organisations de défense des droits de l'homme et des juristes du monde entier, dont l'ex-procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie Carla del Ponte, ont récemment signé une lettre de soutien au juge Garzon. Ils ont rappelé que le Comité des droits de l'homme de l'ONU avait demandé en 2008 à l'Espagne d'abroger sa loi d'amnistie post-franquiste et de "garantir le caractère imprescriptible des crimes de lèse-humanité". Les "disparitions forcées" sur lesquelles portait l'enquête de Baltasar Garzon sont des crimes "qui ne peuvent être prescrits ni amnistiés", estimaient-ils.



En France, bien sûr, nos grands spécialistes des outrances verbales, des raccourcis incultes, des propos à l'emporte-pièce, sont toujours et encore Nadine Morano, Patrick Devedjian, Frédéric Lefebvre, tous encartés à l'UMP, ami du Partido Popular espagnol .... Plus sérieusement, qui a oublié les débats de la loi légalisant l'IVG, dossier défendu par Simone Veil. On a entendu Mme Veil, excédée, ayant eu à entendre tant de propos calomnieux, dire à une foule de mâles surexcités "vous n'êtes que des nazis aux petits pieds". Je crois que la remarque pourrait être resservie à d'autres de nos jours. Faudrait-il encore disposer d'une légitimité et d'une stature politique toute autre que celle des petits roquets de la Sarkozye ou du parti socialiste. Simone Veil est une femme d'exception à qui il faut rendre hommage, de part son courage politique, sa courtoisie et son calme. Même face à des foules hostiles lorsqu'elle fut attaquée, notamment pour cette fameuse loi qui porte depuis son nom, elle su naturellement rester au-dessus de ces fangeux qui lui faisait face avec, eux, aucune courtoisie, un manque de calme évident, une hystérie dogmatique dans la tête, le corps. Elle dont le corps aurait pu périr dans les flammes des crématoires du complexe d'extermination et de production industrielle d'Auschwitz-Birkenau. Une seule faute, ou à tout le moins une incompréhension majeure : qu'elle ai pris la tête du comité de soutien à Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle. Sa haine de François Bayrou peut-elle justifier cela ?


Sur facebook, soutien au juge GARZÓN : "Un MILLÓN de FIRMAS para APOYO al GRAN JUEZ BALTASAR GARZÓN."

samedi 13 mars 2010

Les tabous de la droite UMP ....

Lu dans Le Monde daté du vendredi 12 mars 2010 dans l'édito "Corps français ?" à propos de Gérard Longuet opposé à la possible nomination de Maleck Boutih à la tête de la HALDE :

M. Longuet a déclaré : "C'est un homme de grande qualité - notez le côté faux-cul de Longuet - mais ce n'est pas le bon personnage. Parce qu'il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l'accueil de tous nos compatriotes" . Le propos est sans ambiguïté.
Comme les dérapages - niés avec véhémence par Eric BESSON - qui ont émaillé, durant l'automne 2009, le débat sur l'identité nationale lancé par le gouvernement - sur injonction de l'Elysée ... - la polémique déclenchée par M. Longuet est tout sauf anecdotique. Elle montre que des responsables UMP s'autorisent désormais des propos publics qui étaient l'apanage de M. Le Pen depuis vingt ans. Tout se passe comme si l'affaiblissement de l'extrême droite - affaiblissement tout relatif puisque ceux qui votaient FN votent pour un candidat UMP qui a repris moults idées au FN, voire à ce titre les programmes de compagne - , le soulagement d'être débarrassé de la menace du Front National et la volonté de séduire ses anciens électeurs avait levé les tabous de la droite. Et redonnait libre cours à un vieux fonds, refoulé, maurassien, nationaliste et volontiers xénophobe. Il serait bon que le président de la République mette un coup d'arrêt à cette inquiétante dérive.
(fin de l'édito)

Je me permets de commenter (en italique ci-dessus) certaines des affirmations du Monde, car elle sont d'une mièvrerie affligeante. Pourquoi persister, hier et avant-hier à propos de Le Pen, aujourd'hui à propos de Longuet ou Madelin, à dire qu'il s'agit de dérapages verbaux. La presse utilise le même commentaire pour parler des propos de Georges Frêche. Il ne s'agit jamais de dérapages puisque ces gens sont des gens de communication, que leurs interventions publiques sont préparées, calibrées. Au pire, s'il s'agit de propos non préparés, ils révèlent le fonds de la pensée du politicien. Comment oublier que M. Longuet fut adhérent actif du groupuscule fasciste Occident (voir un post précédent) ? "mettre un coup d'arrêt à cette inquiétante dérive " ???? Comment penser que Sarkozy mettra un terme aux propos clairement islamophobes d'une Nadine Morano ou d'un Brice Hortefeux ? comment passer sous silence les propos racistes tenus lors de réunions privées par Sarkozy ? Oui, l'ex-candidat Sarkozy a recyclé le fonds idéologique du FN, héritier de la France vieille et rance qui hait l'étranger, le communiste, le prolétaire. Les idées du FN ne se sont pas affaiblies, même si à coup de sondages on tente de nous faire croire que le bon peuple français est moins raciste et moins anti-sémite qu'au milieu des années 80, lorsque Mitterrand donna une chance historique à Le Pen de s'installer durablement dans le paysage politique national (avec les dégâts que l'on sait). Oui, la parole s'est libérée dans la droite dite classique. On n'hésite pas à se "lâcher".
Cette même semaine, sur France 3 Pays de Loire, le journaliste a présenté la liste FN aux régionales 2010 comme la liste de la "droite nationale". Merci. On aurait dit "la voix de son maître".

jeudi 4 mars 2010

Sarko hait et refuse les contre-pouvoirs en France

Discours sur l'entrée en vigueur de l'article 61-1 de la Constitution

Conseil Constitutionnel, lundi 1er mars 2010

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Mais que le Conseil constitutionnel ait intérêt pour l’accomplissement de sa mission à être riche d’expériences diverses et en particulier de celles de personnalités ayant exercé de hautes responsabilités politiques ne doit pas conduire à l’ériger en une sorte de contre-pouvoir politique. Autant la séparation des pouvoirs est indispensable à toute démocratie, autant la notion de contre-pouvoir est étrangère à notre conception de l’Etat et de la République. Je le dis parce que cette réforme, je l’ai profondément voulue, notre Etat de droit y gagnera ; mais elle est difficile, elle est complexe et elle doit être mesurée à l’aune de l’état d’esprit qui est celui de chacun d’entre nous.



Ainsi donc, quand il dit "la notion de contre-pouvoir est étrangère à notre conception de l’Etat et de la République", le "nous" serait la voix du peuple ? j'y vois surtout la voix de la Sarkozye qui promeut une vision spécieuse de la République qu'elle contribue à affaiblir jour après jour. Comment peux-t'on accepter que le Président rejette le contre-pouvoir du Conseil Constitutionnel ? "tout le monde à ma botte", voilà la pratique sarkosyste. Tu t'élèves contre moi, tu critiques ma politique, et zou, direction le purgatoire. Si ça n'est pas un authentique pratique fascisante, que l'on m'explique ce qu'est le fascisme, et que sont les valeurs républicaines.

Derniers exemples en date (26 mars 2010) :
1) un gendarme, chef d'escadron, contrôleur de gestion, et chercheur-associé au CNRS (son statut de fonctionnaire lui permettant une activité annexe dans le domaine de la production intellectuelle) vient d'être radié des cadres par un décret signé du Président de la République. La faute de Jean-Hugues Matelly ? avoir écrit en collaboration avec deux autres chercheurs, dont l'excellent Laurent Muchielli, un article scientifique critiquant la réforme police/gendarmerie voulue et imposée par Sarkozy. Voilà donc l'ex-pandore prêt à rejoindre la liste des chômeurs inscrit à Pôle Emploi, pour avoir usé de son sens critique, pour avoir parlé là où tant se taisent, se soumettent (lisez et relisez "Le Discours de la servitude volontaire" rédigé en ... 1549 par E. de la Boétie). On n'est finalement pas si loin du traitement de l'ex-ministre nord-coréen des finances, Pak Nam-ki, arrêté lors d'une réunion du parti, et subséquemment fusillé pour être avoir été rendu responsable de l'inflation. L'association Gendarmes & Citoyens indique : "Cette décision, qui suit directement les dernières élections, ne peut être qu'un acte politique en forme d'avertissement du pouvoir à l'égard de la communauté des gendarmes." On ne saurait être plus clair. Vive la République !

2) Deux employés de l'entreprise qui dirige le site internet de l'hebdomadaire « Le Journal du Dimanche » ont été licenciés pour la part qu'ils ont prise dans la propagation de la rumeur affirmant que le président français Nicolas Sarkozy et sa femme avaient l'un, une maîtresse et l'autre, un amant, a rapporté vendredi le quotidien en ligne MediaPart. « Le JDD étudie toutes les suites à donner à cette affaire, afin d'obtenir réparation du préjudice causé à sa crédibilité et à celle de tous ses journalistes », conclut le journal. Ooooooops ....

Liens :
* http://www.elysee.fr/documents/index.php?mode=list&cat_id=7&lang=fr
* http://mobile.lemonde.fr/societe/article/2010/03/26/la-radiation-d-un-gendarme-nourrit-le-ressentiment-vis-a-vis-de-l-executif_1324610_3224.html

samedi 27 février 2010

Un passé qui ne passe pas

Les suites de l'affaire Soumaré sont relativement inattendues : Vincent Peillon vient de rappeller mièvrement la condamnation de Patrick Devedjian et Alain Madelin en 1965 pour vol de voiture et détention d'armes. On aurait aimé, quitte à remuer le passé, que soit rappelé l'engagement au sein du groupuscule fasciste Occident, de plusieurs personnalités de droite qui depuis sont devenues, qui ministre, qui secrétaire d'Etat, ou encore député (ce qui est d'autant plus dramatique que ces fascistes étaient naturellement anti-parlementaristes et anti-républicains) en général après un transfert vers l'UDF au début des années 1970 : Hervé Novelli, Didier Schuller, Patrick Devedjian, Alain Madelin, Gérard Longuet. pour ne citer que les plus en vue. Les deux derniers, en compagnie de Philippe Seguin, le soir du 10 mai 1981 à la TV, prédisaient l'arrivée des chars soviétiques sur les Champs-Elysées dans les 3 mois (le premier gouvernement Maurois allait compter 4 ministres encartés au PC, affectés à des ministères non essentiels : transport, fonction publique, santé et formation professionnelle. Notez que je ne dis pas "4 ministres communistes"). On pouvait alors légitimement parler de droite parmi les plus connes du monde, en évoquant le tout-puissant RPR et ces jeunes quadras férocement anti-communistes, partisans farouches de l'Algérie française, racistes, anti-sémites, anti-maçonniques, etc ....
Aucun n'a renié ce passé à l'extrême-droite. Tous ont justifié a postériori les ratonnades et les actes terroristes auxquels ils ont participé dans les années 60 (pour certains d'abord à la FEN puis chez Occident - de la création en 1964, à la dissolution 1968 par Raymond Marcellin, ministre de l'intérieur, puis au GUD : cf la belle carrière de Madelin qui fit son droit à Assas, bastion du GUD). Occident se réclamait de la pensée de Charles Mauras, des écrits de Robert Brasillach (fusillé en 1945 pour collaborationnisme ...), citaient abondamment le spécieux Louis-Ferdinand Céline. Les sus-nommés s'engagèrent aux côtés de Tixier-Vignancourt lors de la campagne présidentielle de 1965 (http://www.ina.fr/politique/allocutions-discours/video/CAF88011854/jean-louis-tixier-vignancour.fr.html). Belle brochette. Belles références. Mais le passé ouvertement fasciste de ces messieurs (rappelons qu'Occident militait pour l'abolition du suffrage universel et a applaudi des deux mains au coup d'Etat militaire en Grèce en 1967), ce passé a été oublié ou presque. Surtout par les medias. Depuis, ils ont eu droit aux honneurs de la République dépravée. Leurs victimes, elles, n'ont pas oublié. Les défenseurs des droits de l'homme et des valeurs républicaines non plus. Alors même si le procédé utilisé par le fielleux Peillon est peu glorieux (la bassesse n'est qu'un trait du dit Peillon, bouffi d'orgueil. Il semble bien que les attaques personnelles, sur le mode USA, se soient installées durablement dans le paysage politique français. On a vu Fadela Amara, pourtant très sarko-compatible jusque-là, déclarer que la campagne des régionales 2010 était "puante").
L'extrême-droite française, dans toutes ses composantes, tant toute son histoire passée, présente et à venir, est un ennemi résolu des Lumières. Mais ils détestent également le peuple français.

mercredi 10 février 2010

Le rapport Karski : une bien triste polémique







Fiction et histoire: les romanciers ont-ils tous les droits ?© AFP/archives - Janek Skarzynski

La polémique autour du livre de Yannick Haenel sur le résistant polonais Jan Karski a été alimentée à ce jour principalement par Claude Lanzmann (auteur du monumental et irremplaçable "Shoah" diffusé à quatre reprises à la télévision Française, 1987 /1993 /1998/2010. oeuvre capitale pour témoigner de l'extermination des Juifs en Europe).

Je ne comprends pas la violence des attaques de Lanzmann. Notamment lors du préliminaire à la diffusion de la seconde partie de Shoah sur Arte il y a deux semaines de cela. Ses propos étaient déplacés. Il se plaçait en seul garant de la vérité historique de la shoah, comme seul garant du respect de la parole du catholique Karski. C'est faire peu de cas de la réduction des 8 heures de shoot à 40 mn dans le film. Le montage est ainsi fait que l'on ne peut retenir tous les rushes. Mais comment expliquer que Lanzmann n'est remonté les rushes Karski que fin 2009 ? afin de répondre à une commande d'Arte me dira-t'on. Où est le respect de Karski quand on attend 30 ans pour lui consacrer un documentaire alors que le matériau brut est là ? Où est le respect de la parole de Karski quand on ne retient "que" son témoignage sur les ghettos et que l'on rejette le combat de Karski pour faire connaître aux dirigeants Alliés la réalité du cataclysme ? En prenant l'angle d'attaque de Lanzmann quand il critique Haenel, on pourrait critiquer Shoah. Qui s'y résoudrait, tant l'oeuvre est étouffante, inclassable, indispensable. Mais elle n'est ni l'oeuvre ultime ni l'oeuvre unique sur ce douloureux sujet, plaie européenne toujours pas cicatrisée. "Les survivants" de Patrick Rotman (2005) est lui aussi le fruit d'un travail de mémoire exemplaire. On peut également utilement citer le documentaire "Paragraphe 175" de 2000 (décrit les persécutions dont furent victimes les homosexuels sous le IIIième Reich. Le paragraphe 175 du code pénal en vigueur sous le Kaiser Wilhelm I fut ré-écrit par les nazis et publié en 1935).
Ainsi donc, un auteur de fiction ne serait-il pas autorisé à mettre en scène des personnages historiques, sauf à répéter l'histoire officielle (si tant est que cela soit raisonnable de figer l'Histoire, interdisant la relecture par les historiens de pièces d'archives). Pierre Assouline soutient que "Quand on met en scène de véritables personnages, on ne peut pas leur faire dire n'importe quoi" (déclaration à l'AFP).
La dernière partie de "Jan Karski" relève de la "pure invention", avertit Haenel. Il y imagine en particulier les dialogues du face-à-face, bien réel, de Karski avec le président Roosevelt qui semble totalement indifférent.

En août dernier, Yannick Haenel, co-animateur de la revue "Ligne de risque", et auteur notamment de Cercle, publie un roman intitulé Jan Karski, dans lequel il rend hommage au grand résistant polonais qui a été l’un des premiers à dénoncer l’extermination des Juifs et l’existence des camps de concentration. Appel qui, d’après Haenel, n’a pas "voulu" être entendu, laissant le messager Karski seul face à l’horreur.

Le roman de Haenel est conçu de manière peu conventionnelle : la première partie reprend les séquences de Shoah dans lequel Claude Lanzmann fait parler Karski. Le second chapitre est consacré au livre de Karksi : Story of a Secret State, paru en 1944 aux Etats-Unis et non encore réédité (prévu aux éditions Robert-Laffont). Enfin, le 3ème chapitre, le plus long et celui qui est précisément au centre de la polémique, fait place à la fiction. Haenel écrit ici ce qu’il pense être les réflexions personnelles d’un Karski désabusé, déçu par l’inertie des alliés, souffrant à jamais de n’avoir pu mener à bien la mission qui lui avait été confiée : sauver les Juifs et la Pologne.

Grand succès littéraire, le livre de Yannick Haenel publié aux éditions Gallimard a reçu le prix Interallié et le Prix du Roman Fnac en 2009.

Claude Lanzmann, lui, accuse Yannick Haenel d'avoir falsifié l'histoire. Comme si le romancier était sommé de respecter des schémas pré-établis. C'est justement la force des écrivains que de ne pas se laisser gagner par le conformisme. Qu'Haenel décrive la rencontre Karksi-Roosevelt en s'écartant totalement de ce que l'on sait de cette entrevue grâce à Karski lui-même, où est le souci ? On a à faire a un roman. Faut-il rappeler à Claude Lanzmann que nombre de publications d'historiens sont orientées, biaisées, malhonnêtes ? On a surtout l'impression en écoutant Lanzmann qu'il interdit à quiconque autre que lui de parler de la shoah. A 83 ans on a l'impression qu'il a été gagné par le gâtisme.
Un écrivain peut-il tout écrire ? c'est sa liberté, son droit. Le lecteur du livre d'Haenel prendra-t'il le récit pour vérité historique. On peut largement en douter. Il semble aujourd'hui impossible d'écrire sur cette période de l'histoire. Que l'on se rappelle Jonathan Littell et "les Bienveillantes". On peut être choqué par de tels livres. Mais vouloir réduire les écrivains au silence procède du fanatisme intellectuel, du fascisme ordinaire (ce sont les frères Garcias qui vont être contents en lisant cela ... un jour je ferai un post complet sur le fascisme ordinaire mais il faut travailler la forme). Pensez comme moi ou je vous anihilerai. Et puis notons que Lanzmann, comme Anette Wieviorka, ont l'indignation bien sélective. La dignité d'un homme ou d'une femme se mesure également à sa capacité à être cohérent. Qu'on se rapelle le combat de Germaine Tillon. Lanzmann fait malheureusement l'effet d'un être aveuglé. Une bien triste fin de vie. D'autant que l'angle de sa critique «La littérature doit ajouter de la vérité» est plus que critiquable et ne manquera pas de donner des arguments à l'extrême-droite française et européenne.

Arte diffusera en mars prochain un document de 52 minutes "Le rapport Karski" de Claude Lanzmann, montage de ses entretiens avec le résistant polonais.

Voir également :
www.mediapart.fr/journal/culture-idees/260110/yannick-haenel-defend-son-roman-jan-karski-face-aux-attaques-de-claude-lanzmann

http://www.lepetitjournal.com/content/view/48346/1091/

Merci à Juan Asensio pour son commentaire (le lien permettra d'avoir une toute autre lecture que la mienne de cette affaire). Je n'avais pas retrouvé la citation du Monde, faute d'avoir consacré suffisamment de temps à ce post. Et pourtant, vous pourrez jugez par vous-mêmes de cette violence et de ce manque de tolérance de Lanzmann :
«Ce petit jeune homme [Yannick Haenel] décrète que je ne comprends pas la littérature. Et il ose écrire : «Contrairement à ce tribunal de l'Histoire, d'où parle Lanzmann, la littérature est un espace libre, où la «vérité» n'existe pas.» Il n'est pas de phrase plus sotte. La littérature n'a affaire qu'à la vérité; si celle-ci n'est pas l'affaire de Yannick Haenel, c'est que Jan Karski, roman, et quoi qu'en dise Sollers, n'est pas de la littérature.»Claude Lanzmann dans Le Monde du 30 janvier 2010.
Voyez la tentive de rabaisser, d'humilier
1. "ce petit jeune homme". Ne vaut-il pas être un petit jeune homme qu'un vieux con ?
2. "il n'est pas de phrase plus sotte".

Je ne crois pas que critiquer Lanzmann revienne à avaliser le travail d'Haenel, encore moins à "jeter quelques mensonges supplémentaires sur les millions de cadavres de Juifs.". Ici encore, surenchère verbale qui n'élève en rien la discussion. Dans un monde on l'on entend certains (je pense notamment aux extrémistes de droite de la LDJ) traiter Rony Brauman ou Michel Warschawski d'antisémites, on peut s'attendre à tout même au plus inepte en terme de communication médiatique. Haenel a pris un certain parti, et s'il ne s'agit pas de littérature les bras m'en tombent. On peut être choqué, gêné, etc, en lisant tel ou tel livre. Voudrait-t'on revenir à la pratique des autodafés ?
Pour en revenir à l'article de Juan Asensio, puisqu'il faut être précis, ce ne sont pas quelques centaines de milliers de juifs qui furent assassinés dans le complexe unique d'Auchwitz-Birkenau (camp d'extermination + camp de concentration) mais 1 million (selon ma référence depuis 20 ans qui est le travail, controversé sur certains aspects, du regretté Raul HILBERG; voir annexe B, page 1045, édition de 1988 de "la destruction des Juifs d'Europe", publié chez Fayard).

Réponse de Yannick Haenel :
http://www.dailymotion.com/video/xbzl35_yannick-haenel-repond-a-claude-lanz_news

Identité Front-National ....

Ainsi donc il faudra que nos bambins chantent la Marseillaise dans les écoles de notre pôvre République agonisante sous les coups de boutoirs nationalistes du pouvoir. Et sans doute seront-ils sommés de trouver que la colonisation a été positive ... alors que les ressorts de cette entreprise abominable d'asservissement des peuples sont depuis longtemps connus, et justement dénoncés par sociologues et historiens.
Ainsi donc faudra-t'il , là où ça n'est pas déjà le cas (ce qui doit se limiter à fort peu,) afficher le drapeau français au fronton de nos sus-mentionnées écoles publiques. On croit rêver. Quand cessera-t'on de singer le programme xénophobe, raciste et antisémite du Front National. Il ne suffit pas de donner le change en allant, qui au dîner du CRIJF, qui à une réunion du CFCM, faisant par là le lit des communautarismes qui vont porter un coup grave au pseudo-universalisme français. En finir avec l'idéologie des Lumières, en finir avec les idéaux de la Révolution de 1789, en finir avec le programme progressiste du CNR, en finir avec l'esprit de mai 68 : tout cela a été annoncé. C'est dire si les idéologues du pouvoir aiment la démocratie, respectent les humbles, combattent pour les libertés, la justice pour tous et l'équité pour chacun. Trop c'est trop ! Basta ya, hombre !
Ainsi donc aucun dérapage n'aurait-eu lieu lors des pseudos-débats rances sur l'identité nationale. Le pouvoir n'est plus à un mensonge près.
Ainsi donc, faudra-t'il afficher la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 dans nos écoles. On a vu le résultat de la mesure quand elle fut appliquée aux commissariats de police. Il n'y a que peu de différences idéologiques entre les individus qui composaient la police de Vichy et les individus qui composent la police nationale. Exagération ? falsification de l'histoire ? non ! mettez ces policiers qui font du contrôle au faciès, qui jouent les shérifs en banlieue, qui ne voient rien à redire aux gardes à vues, placez-les donc dans un contexte historico-politique du type juin 1940, et vous verrez le résultat. L'hypothèse est plus qu'improbable, mais je veux dénoncer par là les pratiques scandaleuses de certains policiers français, et les idées scandaleuses d'un certain syndicat de police proche du FN. Les policiers ont jusque là été de bien fidèles relais des lois Perben 1 et 2, et de leurs suites Sarkozystes. Voyez aussi le traitement des "étrangers". sans papiers (ou avec). Voyez la peur qui suinte des consciences ... Etranger, mon ami, ne viens pas en France, cette France dont chaque jour j'ai honte. Reste dans ton pays, avec tes difficultés quotidiennes, la répression, les humiliations, tout cela vaudra toujours mieux qu'un séjour sur la terre du coq qui chante sur un tas de fumier; symbole fourre-tout que ce coq , n'est-il pas mon frère.
Ainsi donc une commission d'experts va-t'elle être mise en place ... Jaffray nous avait promis le fangeux ou le creux. On a eu le fangeux puis le creux, nous rappelait lundi matin sur France Culture Olivier Duhamel.
Etranger, mon frère, mon ami, toi qui fut fusillé pour l'exemple durant le premier conflit mondial, toi tirailleur algérien ou sénégalais, goumier marocain, spahi algérien ou marocain, zouave algérien qui fut sommé par la France de tirer sur des peuples insoumis, toi qui au sein des FTP MOI en 40-44 pris le risque de défendre une certaine idée de la France, toi qui a reçu une pension militaire de misère, toi l'écrivain qui vint ici attiré par une certaine idée de la France (libérale, libertaire, cultivée, universaliste), oublie la France au plus vite.
Anti-patriote ? je rappelle qu'aux USA, ceux qu'on a traité de tous temps d'anti-patriotes (période Mac Carthy, guerre du Vietnam, guerres du Golfe, guerre en Irak , guerre en Afghanistan) sont justement les seuls qui ont gardé un tant soit peu des idéaux des pères de la Nation.

Tout cela fait bien sûr partie de la stratégie médiatique sarkozyste, visant à s'assurer la maîtrise du calendrier. Cela n'en reste pas moins une honte; il n'en reste pas moins qu'il faut la condamner.