samedi 17 avril 2010

La droite mondiale hystérique

Aux USA, l'ultra-droite n'hésite pas à ressortir ses vieux arguments dès qu'une loi un tant soit peu sociale pourrait être promulguée. La réforme édulcorée du système Medicare n'a pas échappée à la règle. Les insultes ont marqué les débats au Congrès. Des permanences d'élus ayant voté en faveur de la réforme ont été vandalisées , des menaces de morts ont été laissées sur les répondeurs téléphoniques des élus (qu'ils soient républicains, démocrates, indépendants). "même les russes ont abandonné le communisme, nous n'en voulons pas ici" : voilà ce qu'une militante du Tea Party, cher à l'extrémiste Sarah Palin (Miss Wasilla 1984 ...), disait récemment à la TV américaine. Il faut dire que l'inculture politique est telle de part le vaste monde et particulièrement aux USA, que l'anti-communisme primaire est également à l'oeuvre un peu partout; et puis, comme disait Lino Ventura dans les Tontons flingueurs "les cons ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnait". Nul doute que notre pays est donc toujours considéré par la droite américaine comme un pays communiste, wouaff wouaff.

En Espagne, la pugnacité du juge Baltasar GARZÓN lui vaut une solide inimitié de la part des cercles franquistes, toujours très actifs. Ceux-ci ont lancé une chasse aux sorcières. Ils veulent la peau de GARZÓN. Ayant osé contourner la loi d'amnistie, il tente de rendre justice aux victimes de la junte franquiste. Et cela est inacceptable pour les fascistes du PP (Partido Popular). Or nul crime ne peut être indéfiniment imprescriptible. Les lois d'amnistie ne doivent jamais qu'avoir un temps d'application limité. Elles sont destinées à panser les plaies dans tout pays qui fut déchiré par la guerre civile, à permettre une transition non violente vers un état de droit. Mais ensuite, la justice doit reprendre ses droits. Telle est la thèse défendue notamment par Eva Joly (EELV, ancienne juge d'instruction) ou Carla del Ponte (ancienne juge d'instruction en Suisse puis procureur général du TPIY). On sait pertinemment que cacher le passé par tous moyens (destructions d'archives, lois d'amnistie sans limite de durée, obstructions législatives, etc ...) ne peut que conduire à une résurgence à moyen-terme d'une forme de violence. Le passé algérien de la France en est un exemple frappant. Les tentatives de Zapaterro de faire ré-ouvrir certaines fosses communes de l'époque franquiste ont déchainé le PP. D'autant que Rajoy, successeur de José Maria Aznar, est tout aussi proche des milieux franquistes que ne l'était son prédécesseur à la tête du parti. Qui aime l'Espagne, et j'en suis depuis longtemps, ne peut que de désoler de la permanence de l'idéologie franquiste (on peut aisément faire le parallèle avec la frange de l'Italie néo-musolinienne défilant et tenant meeting, sous la bannière authentiquement fasciste de la Ligue du Nord, dont on peut noter qu'elle vient de supplanter le parti du bouffon Berlusconi dans plusieurs régions du Nord et du Centre). Mes recherches historiques menées en Catalogne m'ont forcé à plonger dans ce passé récent qui a tant meurtri l'Aragon, l'Andalousie et la Catalogne. C'est toujours le règne de l'omerta. Peu sont disposés en en parler.

(d'après Le Monde) : Le juge GARZÓN sera donc jugé pour avoir voulu fouiller l'encombrant passé du franquisme. Saisi de plaintes d'organisations d'extrême droite, le Tribunal suprême espagnol a décidé d'asseoir le magistrat très médiatique (on se souvient de son implication dans la lutte anti-ETA) sur le banc des accusés pour "prévarication", a-t-on appris mercredi 7 avril de source judiciaire. La décision devrait entraîner à court terme la suspension de Baltasar Garzon de ses fonctions de juge de l'Audience nationale, haute instance pénale qui centralise à Madrid les dossiers de terrorisme, de crimes contre l'humanité et de criminalité organisée. "C'est un triste jour pour la justice", a assuré sur la radio publique espagnole Emilio Silva, porte-parole de l'Association pour la récupération de la mémoire historique , la principale association de familles des victimes du franquisme. "Il y a des familles de 113 000 disparus qui nulle part dans ce pays ne peuvent trouver un endroit pour que justice soit faite, et ça pour moi, c'est très grave", a ajouté M. Silva. "Si ce procès a lieu, ce sera le premier cas connu d'un juge qui essaie d'obtenir la vérité, la justice et réparation pour plus de 100 000 disparus et qui se retrouve poursuivi", a pour sa part réagi le directeur d'Amnesty International Espagne, Esteban Beltran. Plus de deux cents organisations de défense des droits de l'homme et des juristes du monde entier, dont l'ex-procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie Carla del Ponte, ont récemment signé une lettre de soutien au juge Garzon. Ils ont rappelé que le Comité des droits de l'homme de l'ONU avait demandé en 2008 à l'Espagne d'abroger sa loi d'amnistie post-franquiste et de "garantir le caractère imprescriptible des crimes de lèse-humanité". Les "disparitions forcées" sur lesquelles portait l'enquête de Baltasar Garzon sont des crimes "qui ne peuvent être prescrits ni amnistiés", estimaient-ils.



En France, bien sûr, nos grands spécialistes des outrances verbales, des raccourcis incultes, des propos à l'emporte-pièce, sont toujours et encore Nadine Morano, Patrick Devedjian, Frédéric Lefebvre, tous encartés à l'UMP, ami du Partido Popular espagnol .... Plus sérieusement, qui a oublié les débats de la loi légalisant l'IVG, dossier défendu par Simone Veil. On a entendu Mme Veil, excédée, ayant eu à entendre tant de propos calomnieux, dire à une foule de mâles surexcités "vous n'êtes que des nazis aux petits pieds". Je crois que la remarque pourrait être resservie à d'autres de nos jours. Faudrait-il encore disposer d'une légitimité et d'une stature politique toute autre que celle des petits roquets de la Sarkozye ou du parti socialiste. Simone Veil est une femme d'exception à qui il faut rendre hommage, de part son courage politique, sa courtoisie et son calme. Même face à des foules hostiles lorsqu'elle fut attaquée, notamment pour cette fameuse loi qui porte depuis son nom, elle su naturellement rester au-dessus de ces fangeux qui lui faisait face avec, eux, aucune courtoisie, un manque de calme évident, une hystérie dogmatique dans la tête, le corps. Elle dont le corps aurait pu périr dans les flammes des crématoires du complexe d'extermination et de production industrielle d'Auschwitz-Birkenau. Une seule faute, ou à tout le moins une incompréhension majeure : qu'elle ai pris la tête du comité de soutien à Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle. Sa haine de François Bayrou peut-elle justifier cela ?


Sur facebook, soutien au juge GARZÓN : "Un MILLÓN de FIRMAS para APOYO al GRAN JUEZ BALTASAR GARZÓN."