dimanche 30 décembre 2007

Parti Socialiste : en crise profonde

Il n'est un secret pour personne que le Parti Socialiste français traverse une crise majeure, telle celle qui a vu la scission du congrès de Tours en 1920.
A mon sens, il ne reste quasiment aucun vrai socialiste au sein du PS ? pourquoi ? cela tient à la définition du socialisme. Aujourd'hui, les journalistes qualifient de "socialiste" toute personne ayant adhéré au parti. Soyons sérieux, depuis assez longtemps ce parti est petit-bourgeois au sens marxiste du terme. Qui se soucie encore au sein du PS des ouvriers, des employés, de tous les paupérisés victimes d'un capitalisme débridé ? une très faible minorité de dirigeants et de militants. Lionel Jospin n'avait-il pas ouvert sa campagne 2002 par un "mon projet n'est pas un projet socialiste". Christophe Cambadélis se félicitait il y a quelques années du fait que le PS ait abandonné définitivement le principe de la lutte contre le système capitaliste, contre les valeurs du capitalisme. Je ne suis pas en faveur d'une économie purement administrée. Le seul modèle économique qui trouverai grâce à mes yeux reste à mettre en place : il ne pourra être basée que sur des échanges commerciaux de type "commerce équitable". On ne peut laisser quiconque s'arroger les marges bénéficiaires qui lui chante. L'Etat doit garantir que chacun puisse tirer de son activité professionnelle un salaire digne, mais doit mettre en place les moyens de limiter strictement les hauts salaires. Tout les individualistes libéraux hurleront. Peu m'importe. Certains économistes, loin d'être gauchistes, défendeent les mêmes principes au sein de grandes instances internationales.
Ne peut se déclarer socialiste celui qui accepte le principe de l'économie capitaliste, ou pire, se place en thuriféraire du système. Ne peut se déclarer socialiste celui qui refuse l'Etat-Providence. Ce dernier présentera clairement les droits et les devoirs de chacun. La déresponsabiliastion individuelle fut un des cancer qui rongeat l'Union Soviétique. L'Etat devra mettre en oeuvre une véritable politique d'émancipation globale notamment à travers une politique d'éducation ambitieuse : le développement de l'esprit critique devra être au coeur de la philosophie de ce système. Il ne devra pas s'agir de mettre en place une culture officielle, un enseignement officiel et donc dogmatique . Chacun devra pouvoir se confronter avec les grands textes. Je suis anti-libéral, si l'on entend par "libéralisme" la doctrine économique capitaliste dominante, et pourtant je juge indispensable que les lycéens étudient, analysent Friedrich Hayek, Milton Fridman, Adam Smith, et pas seulement Marx, Engels, Lénine, Trotsky. Qu'ils se confrontent aux textes des grandes religions, à l'histoire de ces religions. Qu'ils se confrontent aux philosophes grecs anciens (e.g. Socrate, Platon), à la littérature médiévale européenne, aux auteurs des Lumières, à leurs successeurs (François Rabelais, Etienne de la Boétie - son "discours sur la servitude volontaire" est un livre de chevet -, Michel de Montaigne, Victor Hugo, Jean Jaurès. Seuls ceux dont les parents font partie des classes dominantes/favorisées auront accès à des instruments de développement personnel de haut niveau. Le plafond de verre n'est pas prêt de se briser. Et il ne concerne pas que ceux dont les parents sont nés au sein de l'Empire colonial français, mais les fils et filles d'ouvriers et employés dans leur ensemble. Regarder le magnifique document de Yamina Benguigui : il ne pourra que révolter, indigner et émouvoir aussi noblement ceux d'entre nous qui sont sensibles aux injustices de tous ordres. Il y a bien longtemps au PS que ces sujets ne préoccupent plus les dirigeants.
Le système soviétique et ses avatars avaient tourné le dos à la liberté individuelle au motif qu'il fallait réguler tous les aspects de la vie de chacun, et parce que ses leaders étaient fondamentalement fascistes.
Certes, on objectera aisément que la culture n'est pas un rempart absolu face à la barbarie humaine (l'exemple du 3ième Reich est fréquemment cité). Mais le manque cruel de culture est un bon terreau pour les manipulateurs de tous ordres (obscurantistes religieux, fascistes, chantres du libéralisme débridé et notamment du "rêve" américain). Qui peut croire que le matérialisme est en mesure de rendre quiconque heureux ?
Le PS est devenu un parti moribond au niveau intellectuel. Certains accès gauchisants de tel ou tel hiérarques ne doit tromper personne. Il ne s'agit que de positionnements stratégiques, non point de convictions profondément ancrées. Il est triste de voir que l'UMP ne dispose pas d'une opposition dont on pourrait penser qu'elle puisse un jour prochain accéder au pouvoir. Il serait beaucoup plus sain si une recomposition politique globale se faisait jour : un bloc d'extrême-droite (d'essence fasciste), un bloc UMP (y compris le Nouveau Centre), un bloc centriste (du centre-droit Bayroutiste, à la frange droitisante du PS et du PC), un bloc gauche alternative (les Verts, les "gauchistes" du PS et du PC, la LCR), un bloc d'extrême-gauche (LO, PT). Les électeurs d'une démocratie vivante ont le droit à un panorama politique clair. Mais faudrait-il que l'on soit dans une véritable démocratie, et non une démocratie petit-bras. Les démocraties occidentales sont plus ou moins loin de l'idéal démocratique, mais s'en éloigne chaque année, instaurant toujours plus de législation attentatoire aux libertés individuelles et collectives. Le PS, se repositionnant vers la droite, a cru bon de s'emparer du sujet de l'insécurité, mais de manière plus que maladroite. Tant de gens pensent que le PS a été et reste laxiste. Faisons lui grâce de cela. Aucun ministre de l'intérieur, de droite comme de gauche, n'a montré de laxisme face aux délinquants. Mais quelle justice veut-on ? une "justice" de vengeance (c'est celle qui se profile à travers la "vision" sarkosiste qui veut mettre les victimes au coeur du système, qui inflige des peines plancher, qui met au pas les militants associatifs). Cela sera l'objet d'un futur post.
Je ne crois pas à la possibilité d'une refondation du PS. Seul la séparation en deux blocs de forces inégales (frange droitisant majoritaire, frange gauchisante minoritaire) me paraît viable. Le PS ne peut se contenter de rafistolages. L'exemple allemand est intéressant : Oscar Lafontaine a contribué à créer Die Linke. Un mouvement qui certes ne peut accéder au pouvoir, mais défend les valeurs que la gauche n'aurait jamais du abandonner. Les valeurs. Une idée désuette sans doute au yeux de beaucoup. A quoi sert-il de faire de la politique si l'on se contente de dire "j'ai de belles idées, mais elles sont innaplicables car elles demanderaient à tous des efforts, se heurteraient à de fortes résistances. Mieux faut être réaliste. La social-démocratie est notre voie". La social-démocratie fait le jeu du capitalisme. Reste que parmi les trois candidats à l'investiture socialiste fin 2006, seul DSK avait l'étoffe et une certaine crédibilité. La démocratie-sondagière en a voulu autrement.

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