dimanche 26 octobre 2008

Le camarade Sarkozy se rapproche du socialisme ...

Suite à un message provocateur d'Etienne :
Discutons en, camarade !
>> Lire:
>> http://www.liberation.frmonde/0101164783-chavez-le-camarade-sarkozy-se-rapproche-du-socialisme

Voici ma réponse :
Chavez a dit que Nicolas Sarkozy était en train de "se rapprocher du socialisme" et était invité à discuter de l'élaboration d'un "nouveau système" pour faire face à la crise financière.

C'est une position ambivalente, assez classique chez Chavez, d'un naturel provocateur. Mais c'est bien éloigné de mes propres positions, bien que non opposées au socialisme du 21e siècle. Encore faudrait-il que le corpus idéologique de ce nouveau socialisme soit clairement défini, ce que Chavez se refuse à faire depuis 10 ans. Il a d'ailleurs eu comme conseiller un de ses multiples "traîtres" à la cause socialiste internationale, Heinz Dieterich (usant de la tactique éculée du cheval de Troie). Pour paraphraser maladroitement Mon Général, "il ne suffit pas de crier "socialisme du 21e siècle, socialisme du 21e siècle, socialisme du 21e siècle"", en sautant comme un cabri", pour être fidèle aux idéaux communistes. Il faut tout autant être capable de prendre ses distances avec une pensée qui n'avait pas les moyens de prendre en compte les ravages environnementaux du capitalisme, la marxisme originel s'étant bâti sur la révolution industrielle. Apporter des milliards d'euros à ses amis banquiers n'a rien de socialiste. Quand on n'a pas été capable de financer le RSA malgré des mois de discussions/tergiversations, et que l'on trouve en un week-end 6 fois plus de tunes pour tenter désespérément de sauver un système capitaliste en pleine folie auto-destructrice, il ne s'agit même plus d'être pris en flagrant délit d'incohérence idéologique mais il s'agit bien plus d'une mystification de bas étage. Mais , selon une théorie en vogue, les crises à répétition sont consubstantielles du capitalisme, qui renaîtrait périodiquement de ses cendres. Sauf que l'on voit bien que dans ces crises, tout le monde ne se retrouve pas en slip. Il y a tout ceux qui profitent des faillites des banques et des entreprises, des gens jetés à la rue (cf entres autres , les centaines de milliers d'américains qui ont perdu leur maison en 2007/2008), pour amasser encore plus d'argent.

Notre devoir
notre devoir est haut et clair : toujours propager l'idée, toujours espérer, toujours lutter jusqu'à la victoire de la démocratie socialiste internationale, créatrice de justice et de paix.
Jean Jaurès

Je suis prêt parier que Nicolas Sarkozy, qui a nommé si souvent durant sa campagne Jaurès, Mendès et Blum, n'a jamais lu ces lignes, toutes empreintes du feu sacré et de la foi laïque qui animait l'authentique camarade Jaurès. Ni ces lignes, ni aucune autre de Jaurès, Mendès, Blum, Hugo, La Boétie etc ...
La ligne politique de N.S. : mensonges , trahisons, coups bas, démagogie populiste, arrivisme. Les français en ont majoritairement voulu ainsi, en partie par cécité politico-historique, en partie par adhésion sincère à un "american dream" bleu/blanc/rouge, bâti sur des valeurs profondément individualistes et matérialistes. Bâti sur des aspirations prosaïques. On sait que mes valeurs ne sont pas celles-là. On sait que mes aspirations ne sont pas de cette veine là. Chacun son chemin.

Le socialisme du 21e siècle ne peut se concevoir que dans une stricte fidélité aux idéaux socialistes, à la méthode et aux objectifs socialistes, tels que débattus au 19e (sous la houlette de Karl Marx). Le dévoiement profond de ces idéaux par tous ceux qui s'en sont réclamé, fut-ce pendant 20 ou 30 ans, avant de lâchement s'abandonner aux sirènes du capitalisme et de la vie petit-bourgeoise, ce dévoiement petit-bras, précédé par l'expérience totalitaire soviétique et ses avatars asiatiques, ont accrédité à la fin du 20e siècle la thèse TINA. Que l'on se souvienne de ceux qui ont bâti le programme du CNR du 15 mars 1944 : ceux-là n'envisageaient aucune forme de renoncement. Leur vie toute entière fût consacrée à la mise en pratique de leurs idées. Que faut-il faire en ce début de 21e siècle : pas de compromission avec les oligarchies (cf Russie, Bolivie, Vénézuela) et la bourgeoisie et la petite bourgeoisie (cf gouvernements Lula Da Silva, Chavez, Morales) mais pas de haine non plus envers ces groupes humains, nationalisation des moyens de production (sans compensation, autant que faire se peut; encourager l'auto-gestion, les coopératives locales ou régionales), indépendance des organes de presse nationaux et régionaux, réforme profonde de la PAC avec retrait rapide des subventions aux exploitations productivistes et transfert de cet argent vers un plan d'évolution sur 5 ans vers l'agriculture biologique (sur la base du volontariat), réforme de l'ONU, grand plan d'éducation populaire (visant à développer l'esprit critique, à redonner goût aux carrières scientifiques), abandon du système bi-camériste (conçu dès l'origine par Napoléon pour neutraliser les saillies réformatrices et progressistes), développement du frêt ferroviaire au détriment du frêt routier et aérien dans le cadre d'une vaste refonte du système commercial mondial (taxations progressives pour décourager les anciennes pratiques prédatrices et faire décoller le commerce équitable), faire respecter le droit du travail à l'échelle européenne et mondiale, arrêter toute politique néo-impérialiste dans la cadre d'une vaste refonte de la diplomatie mondiale. Les chantiers sont multiples, la transformation collective de la société ne se concevant que dans une vision à long-terme (s'opposant ainsi à des politiques menées à la petite semaine, sans cohérence, sans souffle véritable propre à redonner non seulement un espoir, mais à transformer la société en profondeur). Ce projet est porté par trop peu de gens pour devenir réalité. Il n'en reste pas moins du devoir de tout socialiste sincère de poursuivre le combat des idées, dans la fidélité à nos anciens, dans le respect des combats sociaux et sociétaux passés. Se changer d'abord avant d'espérer un changement global. Débuter le chantier de sa transformation individuelle (mais non individualiste) en croyant à l'utopie d'un monde meilleur. Non pas pour se donner bonne conscience, mais parce qu'au fond de soi, l'on sait que ce combat est juste et indispensable.

Amitiés socialistes.

Eric.

(ébauche à peaufiner)

Pour aller plus loin :
* Reformism or revolution, marxism and socialism of the 21st century", Alan Woods, wellred books (wellred.marxist.com)
* chronique d'Edwy Plenel du samedi 25 octobre 2008, France Culture (à podcaster jusqu'au samedi 31).

Aucun commentaire: