samedi 23 mai 2009

Hees bien raisonnable ?

Eh oui, c'est ça aussi la pratique de la rupture Sarkozyste : maintenir les copinages, les passes-droits, les bassesses. En fait, ne pas tenir les promesses de la dite rupture, mais briser un modèle social qui, même bancal, organisait encore un minimum de solidarité (un mot hors du vocabulaire de la clique Sarkozyste des Morano, Boutin, Coppé, Bernard, Dati, Yade et consorts. Tout à fait d'accord avec Mr Etienne pour extraire NKM de cette liste; NKM, "vilain petit canard" du gouvernement qui semble bien être largement au-dessus de la vile mêlée gouvernementale).
Mr Hees n'a pas hésité, à peine quelque jours après sa prise de fonction, à débouler dans le studio de France Culture dans lequel l'excellentissime Edwy Plenel dénonçait les méfaits de la collusion évidente entre le pouvoir sarkozyste et les grands medias. Une atteinte grave à la séparation des pouvoirs, à la vie pleinement démocratique. Mr Hees est venu derechef indiqué qu'il n'y avait rien de cela à Radio France, que Nicolas Sarkozy l'avait nommé parce qu'il voulait un homme indépendant et compétent. Mr Hees se déplacera-t'il aussi promptement si des intervenants abreuvent
ad nauseum les auditeurs de la logorhée néo-libérale, enfilant perle sur perle ?

Coup de gueule(Télérama n°3092), 18-24 avril 2009, page 13.

LE MONDE BOUGE - Mardi dernier, lors de son audition devant le CSA, un certain Jean-Luc Hees, candidat de l’Elysée au poste de patron de Radio France, se demandait tout haut si l’impertinence était bien utile sur l’antenne de France Inter… Eh bien nous, on ne se demande pas.

Et l’impertinence, bordel !


« Je ne suis pas sûr que les auditeurs de France Inter cherchent l’impertinence », déclarait Jean-Luc Hees, candidat de l’Elysée à la présidence de Radio France, lors de son grand oral devant le CSA, mardi dernier. Quelle tristesse ! « L’irrespect se perd », disait Coluche. Et c’est une mauvaise nouvelle, car c’est ce qu’on a inventé de mieux pour lutter contre le conformisme et la poisse du politiquement correct. Prenons cette fameuse « impertinence » à la racine. « A l’origine, explique la sémiologue Mariette Darrigrand, ce qui est pertinent, c’est ce qui est cohérent avec l’ensemble. Du coup, l’impertinence, c’est ce qui produit la rupture, ce qui casse un processus de pensée. Et par conséquent ce qui ouvre de nouvelles perspectives de sens. » Pourquoi les auditeurs de France Inter ne voudraient-ils pas de cette impertinence-là ? Cette façon de prendre à rebours la langue de bois et la pensée convenue, pour échapper aux lieux communs, déconstruire les clichés et introduire le trouble dans le discours dominant ?


Prenons un exemple au hasard : Stéphane Guillon. Sa chronique, le plus souvent, est impertinente. A l’exception de quelques dérapages, quand il s’en prend au physique de Martine Aubry ou de Christine Boutin. Il est alors au cœur du lieu commun machiste que non seulement il ne dénonce pas mais qu’il nourrit. Provocateur, mais pas impertinent. L’impertinence, d’ailleurs, n’est pas synonyme d’humour, comme semblent le penser ceux qui voudraient la cantonner à quelques espaces bien définis, comme autrefois celui des bouffons. Face au poids grandissant de la communication politique, économique ou commerciale, la radio tout comme l’ensemble de la presse ne souffrent-ils pas aujourd’hui d’un manque cruel d’impertinence ? N’est-ce pas plutôt la connivence avec les puissants de la politique et de l’économie que l’on reproche aujourd’hui aux professionnels de l’information ? « Il y a des journalistes qui ont appris leur métier à l’école hôtelière. Ils posent les questions comme on passe les plats. » Cette pointe est de Guy Bedos. Elle est incontestablement imper­tinente. Et, pour cela même, salutaire.

Michel Abescat

Texte intégral à retrouver sur : http://www.telerama.fr/monde/laissez-nous-l-impertinence,41667.php

Voir aussi : http://www.telerama.fr/radio/hees-bien-raisonnable,41586.php

Aucun commentaire: