vendredi 30 mai 2008

Droit des femmes, laïcité ou Chari’a

Nous apprenons ce matin qu'un mariage vient d'être annulé par décision de justice, au motif que la mariée avait prétendue être vierge, ce qu'elle n'était pas. De nombreux cris d'orfraie ont pu être entendus (hommes et femmes politiques, associations), nul ne s'en étonnera. Qui dit débat passionnel dit échanges irrationnels. Que peux-t'on attendre ? une modification de la loi ? on entend que tout contrat peut être rompu si les termes n'en ont pas été respectés par l'une ou l'autre des parties. Le contrat de mariage étant mis sur le même plan qu'un prosaïque contrat d'assurance ou qu'un contrat commercial. Qu'un homme, musulman pratiquant en l'espèce, puisse obtenir gain de cause face à son épouse, sur le territoire national, en invoquant une "erreur sur les qualités essentielles" est proprement ahurissant.

Le tribunal de Lille précise que l'époux avait "contracté mariage avec Y après que cette dernière lui a été présentée comme célibataire et chaste". "Estimant que la vie matrimoniale a commencé par un mensonge, lequel est contraire à la confiance réciproque entre époux, pourtant essentielle dans le cadre de l'union conjugale, il demande l'annulation du mariage", précise le jugement. Le tribunal a prononcé la nullité parce que la jeune femme a acquiescé à la demande de son époux : selon les juges, ce geste prouve que la virginité était "bien perçue par elle comme une qualité essentielle déterminante du consentement" de son mari.

(ces quelques lignes sont extraites d'un article du journal Le Monde)

Nous voici donc dans un pays où tout à la fois un français converti à l'Islam, et la Justice française se comportent comme dans n'importe quel pétro-monarchie du Golfe arabo-persique. On va donc désormais, en se basant sur cette jurisprudence, pouvoir répudier femme comme bon voudra. Quel droit symétrique serait opposable par une femme à son époux ? on se le demande. Il n'y aurait eu en l'espèce que stricte application de la loi. J'y vois plutôt là une dangereuse concession aux rigoristes religieux. Sommes-nous encore dans une République résolument et fermement laïque. Après plusieurs propos calamiteux sur le sujet proférés par le Président de la République, voici qu'un tribunal lillois lui emboite le pas. Sommes-nous à partir de ce jour partiellement régis par la Chari’a ? Il ne s'agit pas ici de critiquer la foi de tel ou tel, mais de constater avec effroi la collusion du machisme méditérannéen et de l'extrêmisme religieux, non pas en Algérie ou en Syrie, mais bien en France. Faut-il rappeler qu'il s'agissait d'une union civile et non d'un mariage religieux. Qu'un mariage religieux (quelle que soit la confession) puisse être annulé pour telle ou telle raison, cela pourrait se comprendre (même si en tant que laïc, cela ne laissera pas d'inquiéter sur les mentalités). Après le débat sur le port des signes religieux à l'école et dans les lieux publics, nous voici face à un autre danger. Voulons-nous continuer à vivre dans une société qui fait si peu de place aux femmes, ou à tout le moins qui les rabaissent qui à l'état de "chose sexuelle", qui à l'état de "blonde stupide".
Ca ne sont pas les dernières affaires de pré-adolescents ayant violé de très jeunes filles et ayant fièrement diffusé la vidéo via leur téléphone portable, qui me rassurerons sur la psychologie masculine. Ces pré-ados n'ont aucune conscience de la gravité de leurs actes, n'expriment aucun remords. La récidive est donc possible. Quelles actions éducatives mettre en place ? on ne pourra pas, là non plus, rester immobiles, citoyens, membres du corps enseignant, parents. Encore faudrait-il que ces derniers ne se recrutent pas dans la catégorie de ceux qui aiment dominer (leur femme, leurs enfants, leurs collègues de bureau, etc ....).


Source internet :

http://www.lemonde.fr/societe/article/2008/05/30/debat-apres-l-annulation-d-un-mariage-entre-musulmans_1051815_3224.html

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