dimanche 20 juillet 2008

Michael Moore : trublion médiatique ?

"Roger et moi" (Roger & Me, A Humorous Look at How General Motors Destroyed Flint, Michigan) reste le documentaire de Michael Moore le moins bricolé. La peinture de cette Amérique subissant de plein fouet l'extrême violence du capitalisme, fut diffusée en seconde partie de soirée sur une chaîne publique française, sans doute au tout début des années 90. Moore n'utilisait pas encore d'artifices, de grosses ficelles, de raccourcis ravageurs, de présentations biaisées voire quasi malhonnêtes. On dit qu'il présentait là une vision partisanne. Parce que Moore montrait les ravages du capitalisme anglo-saxons sur les hommes et les femmes de la classe ouvrière ? aurait-il fallu équilibrer le propos en trouvant des excuses à ces nantis assoiffés de pouvoir et d'argent, n'ayant aucune considération pour leurs employés ? Un Michael Moore relativement brut de décoffrage en somme. Succès aidant, les documentaires suivants ont été des charges plus radicales, parfois discutables, contre une certaine Amérique. L'Amérique de la libre circulation des armes (au nom du 3ième Amendement) dans Bowling for Colombine, l'Amérique entrepreneuriale (quel mot affreux) amorale dans The Big One, l'Amérique belliqueuse des gros bras stupides et machistes dans Fahrenheit 9/11, l'Amérique individualiste haïssant l'Etat interventionniste (généralement keynesien) et régulateur dans Sicko. Que Moore ait dérapé à plusieurs reprises, nul n'en disconviendra; mais ne sont-ce pas de bien pâles effets collatéraux si l'on compare cela aux pétages de plombs d'un Nicolas Sarkozy, d'un Silvio Berlusconi ? On préfèrerait un réel travail journalistique, fouillé, sans compromissions, dans la plus grande tradition nord-américaine. On pourra se reporter à Manufacturing Dissent et FahrenHYPE 9/11, documentaires disséquant les partis pris de Moore, démasquant les à-peu-près, les petits mensonges, les pratiques douteuses. Je ne pense pas que Moore ait jamais prétendu faire oeuvre de journalisme dans ces fiilms-documentaires, "brûlots subjectifs à l'humour mordant". Préfère-t'on le conformisme de la pensée bourgeoise (à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire) ? Nul n'est censé mettre son esprit critique en sommeil à un quelconque moment de sa vie, fut-ce pour un gauchiste français en regardant un docu-fiction de Michael Moore.
Cependant, Moore ne perdrait rien de sa verve en devenant rigoureux. Il y gagnerait grandement en crédibilité, crédibilité largement discutable au vu de son oeuvre fiilmographique.

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