samedi 19 avril 2008

Modeste hommage à Aimé Césaire





Aimé Césaire a quitté momentanément son caillou martiniquais auquel il était indéfectiblement lié. Il a quitté momentanément son peuple martiniquais qu'il chérissait temps. Aimé Césaire n'était pas seulement le grand poète de la négritude (il inventa d'ailleurs ce concept dans les années 50 pour opposer une fierté d'être Africain et Antillais, à la haine raciste des colonialistes de tout poil). Il n'était pas seulement un grand homme de culture, poète surréaliste, prolifique auteur de théâtre, ayant trouvé dans cet art la juste expression de sa rage de justice et d'égalité. D'émancipation également. C'est là une des grandeurs de l'homme Césaire, que d'avoir souhaité toute sa vie que les hommes s'émancipent, qu'ils se libèrent de leurs multiples chaînes. Il était ouvert à toutes les cultures du monde. Il portait une regard profondément humaniste sur le monde. L'homme politique fut atypique s'il en est. Résolument de gauche dès l'âge adulte, il ne vint que plus tard au Parti Communiste Martiniquais. Avant, fort lucidement, de rompre en octobre 1956 avec le stalinisme et l'alignement sur le PCUS de la direction de la place du Colonel Fabien. Un homme d'honneur, un homme digne.
Yves Jégo, obscur sous-ministre de l'Outre-Mer (Outre-Mer dont il ignore toutes les subtilités, les cultures, les attentes légitimes de citoyenneté à part entière au sein de la République, de mise à bas du plafond de verre, source de tant d'humiliations), sarkozyste en diable car opportuniste et sans vergogne, Yves Jégo donc, représentera le Gouvernement de la République aux obsèques d'Aimé Césaire à Fort-de-France. Un geste fort n'est-il pas ? N.S. sera là aussi, au bal des faux-culs, qui participe à tous ces hommages factices à Aimé Césaire. Tant d'hommes et de femmes ont ou vont sacrifier au rituel de l'hommage officiel, sans y mettre leur coeur, leurs tripes. Aimé Césaire, toujours digne, au port noble, en aurait peut-être rit, de ce rire plein d'amour fraternel qui le caractérisait tant.
Adiù Aimé.


Free at last ! free at last !


Aimé Césaire et la Lettre à Maurice Thorez :
http://www.ppm-martinique.net/Lettre-a-Maurice-Thorez_a44.html
Lire aussi les articles sur le site communiste sincère combat-ouvrier.net :
http://www.combat-ouvrier.net/co955/955_4.htm

Indécente obsession du droit des victimes

Un ministre de l’intérieur très attaché à la justice

« Je suis très attaché à la justice, mais je ne pense pas que le laxisme et la démission ça fasse avancer la justice » (RTL 22 septembre 2006).

« En conseil des ministres, j’ai demandé au président de la République de demander au Garde des Sceaux ce qu’il allait advenir du magistrat qui avait osé remettre un monstre pareil en liberté » (22 juin 2005)

« Certains tribunaux se sont faits une spécialité d’exonérer les mineurs de toute forme de responsabilité. C’est le cas par exemple en Seine Saint Denis. Et ce n’est pas par hasard si la Seine Saint Denis connaît une délinquance parmi les plus fortes de France » (Le Figaro Magazine, 2 septembre 2006).

« J’ai parlé du président du tribunal pour enfants de Bobigny dont la stratégie est bien connue depuis des années, elle consiste à refuser obstinément de punir et de sanctionner des mineurs récidivistes dans ce département. Ainsi... en 27 nuits d’émeutes en Seine Saint Denis, il y a eu une décision d’emprisonnement. Ainsi à ce moment-là, je comprends très bien que ce monsieur, que je respecte par ailleurs, ait une stratégie qui consiste à faire confiance et à refuser de punir, mais dans ce cas-là, qu’on ne le laisse pas à la tête du premier tribunal pour mineurs, dans un département si difficile. » (émission “À vous de juger”, novembre 2006).

(Serge Portelli, Ruptures, chapitre XII)

Un président de la République implacable et vengeur ...

"Les droits de l'homme, c'est d'abord les droits de la victime ..... ma priorité, ce sont les victimes pas les coupables. Et je n'ai pas l'intention de laisser ces fauves en liberté". Bordeaux, visite d'un commissariat de police, 22 janvier 2008. Propos cités dans Libération du 23/1/2008.

On connait la propension du Président N.S. à fouler aux pieds les principes de liberté, d'égalité, de fraternité, bref, les principes fondateurs de notre République. Durant sa campagne présidentielle (et précédemment durant son long passage Place Beauveau), il a clairement tenté d'interférer dans les décisions de justice, de renverser les principes de notre Justice, vieux de trois siècles. Pour quel(s) motif(s) ? les Juges seraient laxistes et il s'agirait de redonner aux victimes la priorité dans l'instruction (qui deviendrait donc quasi exclusivement à charge) et au cours des procès (au civil, au pénal). Quelle conception de la Justice qui place fermement les préjudices et les douleurs des victimes au-dessus du droit des accusés ! Henri Leclerc, avocat, ancien président de la Ligue des Droits de l'Homme (fervent défenseur de la liberté de la presse, des droits sociaux, ... depuis plus de cinquante ans) nous dit très sagement : "Je comprends la douleur des victimes. Je comprends que cette douleur se transforme en colère, même en haine. Pourquoi pas, si cela peut apaiser leur douleur ? Mais ce ne sont pas elles qui jugent. Les victimes ne jugent pas". Et l'on s'en réjouit. Ca serait faire grand place à la part de barbarie/animalité humaine, qui, chaque jour, si l'on n'y prend garde, tente de gagner du terrain. Que veulent ces victimes qui nous disent "il n'y a pas de justice", "la peine est trop légère" ? Elles réclament vengeance. la Justice leur importe peu. Aveuglées par leurs souffrances, par ailleurs légitimes, elles ne s'élèvent pas mais s'abaissent. Ne m'a t'on pas fait les remarques suivantes récemment "oui mais tu comprends, ces multi-récidivistes, il faut les enfermer à vie. On ne peut pas les laisser en liberté, sinon ils recommenceront" ou "tu comprends, il faut protéger les victimes". Ces remarques m'ont d'autant plus choquées qu'elles émanaient de gens cultivés ou plutôt cultivés. Elles m'ont amené à afficher clairement mes positions en la matière.

C'est méconnaître gravement la réalité carcérale et la psychologie humaine que de penser que la prison à vie est une solution viable. Que le rétablissement de la peine de mort est souhaitable. Nul n'a le droit d'ôter la vie à l'un de ses semblables. Il n'existe aucune exemption possible. Pas de 'mais". Je ne suis pas laxiste, je suis humaniste. L'heure n'est pas à baisser la garde mais à la relever, à relever le défi d'une nouvelle humanité. A tendre vers le supra-humain décrit par Sri Aurobindo.

La facilité nous jette dans les bras des réflexions bas de gamme, dans la condamnation sans appel, dans l'esprit de vengeance, dans un vil sentiment d'association aux victimes de crimes odieux (ne me parlez pas ici de la compassion, il s'agit bien de tout autre chose). Que souhaite-t'on : s'avilir encore plus, renforcer la décadence morale, psychologique, physiologique de nos sociétés humaines que tout être lucide ne peut que constater avec effroi ? ou extraire de nos entrailles cet être vil qui nous rabaisse vers la condition animale de l'absence de conscience ? le premier chemin est aisé, ne demande aucun effort, juste de se laisser tomber vers le connu, vers les ténèbres de l'âme humaine en souffrance depuis tant de milliers d'années. Le second nous mène en terra incognita, à la recherche de notre être profond, à un travail sur soi en profondeur afin de faire rejailllir la lumière de la fraternité, de l'humilité, de la Justice.

" Il est bien plus difficile d'être un homme libre que d'être un esclave", Aimé Césaire.

"J’ai horreur de la peine de mort. Au nom de la société, tuer " légalement " est un crime et un encouragement à la vengeance. À partir du moment où l’État peut se le permettre, pourquoi les particuliers ou les peuples ne se le permettraient-ils pas ?", Germaine Tillion.

P.S. : Enjeux de la nouvelle loi dite "de rétention de sûreté", créant des centres d'enfermement à vie pour les criminels jugés dangereux après l'expiration de leur peine de prison :

http://www.lautrecampagne.org/retention,surete,justice.php#ch1

dimanche 13 avril 2008

La flamme olympique s'est depuis longtemps éteinte

Le parcours plus que chaotique de la flamme olympique cette semaine, m'a inspiré ces quelques réflexions :
Au-delà du caractère violent de cette mascarade orchestrée, y compris sur le sol national, par les autorités chinoises, au-delà des évènements qui seront bien vite oubliés, tant par les mass-media que par les foules, une analyse désabusée, désenchantée s'impose. Moi qui ait pratiqué le sport en compétition (cross-country, golf), sans jamais me départir d'une philosophie respectueuse des autres et de soi-même, je suis depuis longtemps choqué par la "pratique" sportive au niveau professionnel, et à un autre degré, au niveau amateur. Il me semble plus immoral encore de tricher au niveau amateur qu'au niveau sportif. Le sportif professionnel doit gagner sa vie, aspire à la gloire éphémère, aux bien vite vacillants feux de la rampe; l'amateur veut lui aussi sa part de gloire crasse, l'alignement des breloques dans la salle à manger ou le salon. Le ressort psychologique est peut-être analogue. L'homme s'attache ataviquement aux résultats de ses oeuvres, là où il serait conforme au dharma d'aspirer à bien se comporter, sans être outre mesure enchanté de bons résultats, ou à l'opposé, fort marri de mauvais résultats.
A qui fera t'on croire que l'esprit olympique anime les acteurs de ce qui est devenu au fils des ans un barnum médiatico-mercantile ? Les grandes firmes se battent pour remporter les contrats publicitaires (sponsoring), les sportifs sont fréquemment individualistes et recourent au dopage, rendant toute performance douteuse. Si l'esprit olympique n'est pas mort en 1936 à Berlin (une grande époque démocratique ...), ou lors des Jeux de Munich en 1972 (prise d'otages meurtrière de sportifs israéliens par des activistes palestiniens), il l'est alors peut-être à l'occasion des deux boycotts de 1980 et 1984 (Moscou, Los Angeles) ou plus sûrement dans les années 70 et 80 quand de nombreuses nations, pour d'obscures raisons nationalistes inhérentes à la guerre froide, ont industrialisé le dopage. Puis est venu l'ère du commerce mondialisé, des marchés à conquérir de gré ou de force (ça n'est pas sans rappeler l'esprit de la sentence péremptoire du n°2 de la cultissime série des années 1960 "The prisonner" :
by hook or by crook, we will, le n°6 refusant de se soumettre à l'injonction "We want information"). Le sport est alors devenu accessoire, ainsi que la fraternité entre sportifs, l'émulation naturelle du véritable esprit de compétition. De coup de canif en coup de canif dans le contrat moral, au fil du 20ième siècle, les Jeux sont partis en eau de boudin. Mais la masse continue d'y croire, bon an mal an, et les recettes publicitaires s'amoncellent. L'engouement populaire à ses raisons que la raison ne connait pas : le Tour de France cycliste masculin, gangréné depuis des décennies par le dopage et les tripatouillages divers des sagouins du microcosme cycliste, reste encore de nos jours un spectacle qui attire des millions de gens sur les routes, prêts à passer trois ou quatre jours dans une tente ou un camping-car pour voir passer en trombe le peloton (même à 30/35 km/h dans une assez rude ascension, l'affaire est ficelée bien vite).
Les évènements sportifs sont devenus les jeux du cirque moderne. On éructe dans les tribunes, on villipende l'arbitrage, on profère des insultes racistes. Quel pitoyable spectacle ! Mais le spectacle est aussi sur le pré, ou sur la piste d'athlétisme ou le bitume du quotidien : nos gladiateurs modernes sont gavés de produits dopants, tant les efforts demandés au corps et à l'esprit des sportifs à l'entraînement et lors des rencontres officielles vont au-delà ce que ce corps et cet esprit peuvent supporter sans l'apport de la chimie moderne. Spectacle, divertissement futile : ainsi en va-t'il de la politique, comme du sport, dans un vaste processus consumériste, dans un instantané se refusant à toute réflexion de fond. Le grand flot de l'actualité charrie dans un même salmigondis, nouvelles du monde politique, du monde sportif, du monde du spectacle, du monde médical. Noyade assuré pour le
vulgum pekum, ou à tout le moins, étourdissement et avilissement moral. Où est passé l'idéal formateur de la pratique sportive ? la championnite aigüe anime nombre de nos braves éducateurs. Nos bambins sont vite formatés. Le milieu scolaire lui-même renforce cette pression de l'immédiateté, de la compétition malsaine, du culte du résultat, détruisant par là, à petit feu, la part humaine, pour laisser plus grande place à la part vile qui sommeille en chaque être humain.

samedi 12 avril 2008

Judaïsme universaliste éclairé et judaïsme communautariste appeuré

La mémoire de la Shoah mine-t-elle Israël ? Un débat entre Alain Finkielkraut et Avraham Burg

Dans le n° 3038 de Télérama (semaine du 5 au 11 avril), on peut lire pages 48 à 50 les propos tenus lors d'une confrontation entre Avraham Burg et Alain Finkielkraut. L'occasion pour moi de rappeler à l'ami Etienne que mes analyses ne sont pas farfelues, mais que je défends avec conviction et arguments pesés des positions qui le choque parce que trop éloigné de son confort intellectuel de centre-droit.
Avraham Burg est ancien président de la Knesset (le parlement Israélien). Quand à Alain Finkielkraut, il est comme chacun le sait philosophe et écrivain, et je rajouterai , sans aucune intention provocatrice, 'lanceur d'alerte monomaniaque'.
A la lecture de cet entretien, on voit très clairement l'opposition des systèmes de valeurs. Avraham Burg jette un regard critique sur la société israélienne, propose la vision d'un judaïsme éclairé, ouvert sur le monde, là où Alain Finkielkraut suinte la peur :
A.B. "C'est pour moi le véritable héroïsme : vaincre, grâce à l'espoir, l'horreur rencontrée au cours de sa vie. Et c'est ce qui devrait inspirer Israël". A.F. lui retourne : "en politique, l'injonction 'connais ton ennemi' est fondamentale", " ce n'est pas en regardant aimer l'autre, mais en regardant les choses en face qu'on aboutira peut-être un jour à la paix"
A.V. qui tient ces propos si honorables "l'amour, c'est la capacité de faire confiance à l'autre, sans laquelle vous ne pouvez ni donner ni recevoir. Je n'ai pas votre obsession de l'antisémitisme. Cette obsession de ce que « les autres pensent de nous » est emblématique de la façon dont beaucoup de Juifs ont besoin d'être définis par les autres. Moi, je n'ai besoin de personne pour me définir. Peut-être cela vient-il du fait que je suis né dans un pays souverain. Le point de vue de l'autre m'importe, mais il ne me définit pas, parce que mon histoire, continuation de l'antique identité juive, est mon histoire, indépendamment de ce que les autres en disent.". A.F. , plus que rétif à l'idée de l'internationalisme : "la démocratie métissée se répand, et au milieu il y a ce village völlkisch auquel beaucoup de Juifs sont coupables d'être beaucoup trop attachés ..", ou encore "La confiance est un pari difficile, elle ne peut pas naître simplement du sentiment que nous vivons dans un univers radieux où nous sommes tous frères". L'Autre n'est pas frère en humanité, ne peut être frère en humanité dans la vision de Mr Finkielkraut. L'altérité du goy (ou de celle du Juif qui ne partage pas les convictions communautaristes judaïco-spécifiques, bien qu'il s'en défende, d'A.F.) c'est la "démocratie métissée qui se répand" tel l'ivraie.
A.V. : "Nos parents ont fait les uns et les autres l'expérience du rejet ... mais nos éducations ont produit des choses différentes. Pour vous , l'antisémitisme est unique. Je le vois très différemment, peut-être d'une manière plus sévère, puisqu'on assiste à une fusion entre l'antisémitisme religieux classique et une nouvelle xénophobie d'extrême droite, les deux coopérant avec l'extrême gauche anti­américaine et antisioniste. Mais je pense que l'antisémitisme n'est plus un phénomène unique, il est le révélateur de la qualité morale d'une société. Quand il s'exprime dans une société démocratique, il s'accom­pagne d'autres expressions de haine et de xénophobie : contre les musulmans, les étrangers, les immigrants.
Donc, mon rôle, en tant que Juif et être humain, ce n'est pas de dire « attention, ils me détestent davantage », c'est d'essayer de créer une sorte de coalition mondiale qui va défier la haine et la xénophobie plutôt que la confisquer et la monopoliser." "Chacun son obsession. Moi, c'est la montée du religieux qui m'inquiète, en Israël comme ailleurs. Quand le président de la République française veut réintroduire Dieu dans l'équation, ça m'ennuie vraiment. Il est tellement important que la France soit le champion de la laïcité pour l'équilibre mondial. Le monde n'est pas divisé entre les démocraties et l'Islam, mais entre la civilisation théocratique et la civilisation démocratique. Moi, si le dalaï-lama et le rabbin raciste Kahane tombent à l'eau et que je ne peux en sauver qu'un, je sauve le dalaï-lama, parce qu'il est mon frère dans le système de valeurs qui est le mien. Si vous regardez le monde de cette manière, la question de l'antisémitisme n'est plus la même." A.F. rétorque "Sauf que ... C'est ainsi que marche l'humanité : nous sommes de quelque part, nous appartenons à un peuple ou une nation, et ce que nous pouvons faire pour l'humanité c'est en tant que membres de ce peuple ou de cette nation.". Ce même A.F. qui tient régulièrement des propos plus qu'alarmistes sur l'islamisation de la France, sur le communautarisme musulman, s'autorise des pirouettes rhétoriques pour justifier ses positions.
A. Burg : "Longtemps je me suis considéré comme simplement israélien, avant de comprendre que je n'étais pas loyal à mon être intérieur. Mon nom indique que je suis juif. Mon prénom, israélien. Mais
ma famille, c'est l'humanité. Il y a des contradictions entre les trois, j'essaie de trouver un équilibre." . "En ce qui concerne notre polémique, j'attends le jour où vous ne réserverez plus votre intelligence à la mise en garde, à l'alarme, mais où vous la tournerez en pouvoir créatif pour proposer des solutions constructives. Vous critiquez la façon dont je traite la société israélienne ; mais il n'est pas possible pour moi de ne pas vouloir humaniser cette société. Et lorsque vous dites que la menace qui pèse sur Israël et sur les Juifs est toujours là, vous ne facilitez pas mon travail, car vos paroles ont un impact, là-bas, en Israël. Ce pays est pour moi une réalité qui doit m'assurer que je ne serai plus jamais persécuté. Mais mon judaïsme universaliste est ce qui doit me permettre de ne pas être un persécuteur. Les deux sont pour moi une nécessité ."

Les propos d'Abraham Burg indiqués en gras soulignent la totale convergence de vue/d'analyse entre ma modeste personne et le très sage Avraham Burg. Je note plus particulièrement son appel à un changement de paradigme chez Alain Finkielkrau" "J'attends le jour où ...". Je l'attends aussi depuis un long moment, tant je déplore chez A.F. les fréquents accès de malhonnêteté intellectuelle qui peuvent aisément tromper l'auditeur insuffisament attentif à la forme du discours, souvent élaboré, de l'intellectuel. Déployez votre intelligence cérébrale, non seulement afin de rester vigilants, goyim ou Juifs, face à l'anti-sémitisme. Lanceur d'alerte, oui, mais sans haine du musulman, sans peur de l'autre, sans naïveté extrême.

Pour les non abonnés de Télérama , retrouvez l'intégralité de la confrontation sur le net :
http://www.telerama.fr/monde/27301-la_memoire_de_la_shoah_mine_elle_israel_un_debat_polemique_entre_alain_finkielkraut_et_avraham_burg.php

Libéralisme économique et instabilité mondiale

Il n'est nul besoin d'être économiste au FMI ou à la Banque Mondiale pour établir des liens forts entre déploiement planétaire de pseudo-recettes libérales (ces recettes étant consubstantiellement fascistes, où est la prétendue liberté ? liberté d'entreprendre, liberté de choix des consommateurs : foutaises !) et instabilité mondiale. Depuis l'an dernier, un ami colombien agriculteur bio m'avait alerté sur les risques de famines dans de nombreux pays. En cause, notamment, la multiplication des cultures d'agro-carburants (connus aussi sous la fallacieuse dénomination "bio-carburants") qui diminuent d'autant la surface consacrée à l'agriculture qui nourrit les hommes au profit de l'agriculture qui se met au service de la pérennisation illusoire de nos modèles de sociétés occidentales. Le gouvernement de G.W. Bush a conclu des accords bilatéraux avec plusieurs états sud-américains de manière à pouvoir réserver les terres arables les plus fertiles à ces nouvelles cultures. Où l'on préfère "nourrir" sa voiture que nourrir l'humanité.
Plusieurs pays ont connu la semaine passée des troubles majeurs à l'ordre public. En Haïti, en Afrique (Tunisie, Côte d'Ivoire, Cameroun, Sénégal, Egypte, Burkina Faso), les populations paupérisées chaque année un peu plus par la dictature des élites blanches, ne supportent plus leurs conditions de vie. Le renchérissement des prix des aliments de base depuis l'an passé devient insupportable. Il n'y aurait actuellement que deux mois de réserves de riz au niveau mondial. Alors même que tant de gens sur la Terre subsistent grâce à cet aliment.
"La forte augmentation de la production de biocarburants aux Etats-Unis et en Europe est un facteur important dans la flambée des prix alimentaires mondiaux responsables des émeutes à Haïti et en Afrique, a estimé vendredi 11 avril le .... chef de la rédaction marxiste de La Riposte ? le "crypto-communiste" Hugo Chavez ? non, il s'agit du président de la Banque Mondiale, Robert Zoellick. Nos pays occidentaux ne sont pas épargnés (produits laitiers et céréaliers), malgré les déclarations péremptoires et populistes, tant durant sa campagne présidentielle que depuis son élection, du toujours plus gesticulant et tonitruant petit-timonier de l'Elysée.
Le récent développement des agro-carburants n'est bien sûr pas le seul facteur ayant conduit à augmenter plus que substantiellement les prix des matières courantes. Les pratiques de margoulins libéraux américains ou européens sont un facteur majeur. Le prix du ciment ne vous permet pas de faire des marges commerciales à deux chiffres ? qu'à cela ne tienne. Tel cimentier américain pratique des rabais de moitié : la situation perdure un an, le temps nécessaire pour assécher la fragile trésorerie des cimenteries locales. Ensuite, multiplication par quatre du prix (Venezuela). La concurrence ayant été abattue par des moyens déloyaux, ces messieurs ont beau jeu de se prétendre chantres du marché non régulé, de vanter les bienfaits de la concurrence libre et non faussée (qui pourrait encore croire à ces sornettes, invalidées par tant d'analyses économiques de situations concrètes depuis 50 ans).
En Bolivie, le prix de la tonne de ciment est passé de 800 $ en 2007 à environ 1700 $ en mai 2008.
Ailleurs, en Afrique cette fois-ci, ce sont des manoeuvres de spéculateurs qui augmentent artificiellement les prix. Le prix de la tonne de café ou de cacao n'est pas défini par un groupement d'Etats Africains producteurs et soucieux de justice sociale, mais par les traders de la bourse de New-York. On comprend aisément que les intérêts des golden-boys et de leurs sous-fifres ne rencontrent pas les attentes des petits producteurs ou des consommateurs. Les traders les mieux rémunérés au monde affichent des gains annuels de plusieurs dizaines à plusieurs centaines de millions d'Euros. Ce ne sont pas là des "Jérôme Kerviel" (dont on notera au passage que le choix de la victime expiatoire et de la communication de la Société Générale, relayée par le gouvernement, ne relève pas du pur hasard mais de la stratégie nauséabonde de nantis immoraux), mais de traders biens sous tous rapports. Ils ne font que leur travail. La crise des prêts immobiliers à risque (dénommé usuellement par "crise des subprimes", ce qui dénote la volonté de se faire comprendre à tous au journal de 20h ...) n'a pas été une catastrophe financière pour tous. Le principe du capitalisme financiarisé n'est pas seulement de virtualiser l'argent qui circule, mais de garantir que les plus habiles seront toujours les gagnants, quels que soient les coûts induits (sociaux, environnementaux, moraux). Le trader le mieux payé au monde est celui qui avait anticipé cette crise du crédit immobilier aux USA. En jouant sur les instruments spéculatifs, il avait parié sur une forte crise, et a empoché la mise. Des milliers d'américains perdent leur maison, avant même d'avoir pu arriver au terme de leur prêt, les propriétaires effectifs voient leurs biens se dévaluer. So what ?
Les désordres mondiaux ont malheureusement plus de chance de perdurer et de s'amplifier, que de se résorber en se moralisant. Les secousses seront terribles. Rien ne nous y prépare. Que pourra-t'il bien advenir de l'idéal démocratique et universaliste quand des solutions d'urgence extrême devront être imposées aux populations de part le vaste monde ?


Sur ces sujets, on pourra lire également les articles de presse suivants :
Renchérissement du coût des produits de première nécessité, émeutes populaires
* http://communisme.wordpress.com/2008/04/10/emeutes-dela-faim-a-haiti/
* http://www.romandie.com/infos/news2/080411171837.bgyec0yq.asp
*http://www.lejdd.fr/cmc/scanner/international/200815/tunisie-manifestation-contre-la-vie-chere_109781.html
*http://tunisiawatch.rsfblog.org/archive/2008/04/01/cote-d-ivoire-manifestations-contre-la-vie-chere.html
*http://www.lemonde.fr/afrique/article/2008/04/01/les-manifestations-contre-la-vie-chere-provoquent-des-troubles-au-senegal-et-en-cote-d-ivoire_1029616_3212.html?xtor=RSS-3210

Envolées du prix de la tonne de ciment
* http://www.camerounlink.net/fr/news.php?nid=36801
* http://www.maliweb.net/category.php?NID=29208
*http://communisme.wordpress.com/2007/08/14/chine-greve-des-travailleurs-contre-le-geant-francais-du-ciment-lafarge/
* http://www.wikio.fr/international/amerique_du_sud/venezuela?wfid=52562570
* http://www.redbolivia.com/noticias/Econom%C3%ADa%20y%20Empresa/63459.html