mardi 17 juin 2008

Non à l'Europe ? restons sérieux

Ainsi ces fieffés rebelles irlandais sévissent-t'ils toujours dès que leur gouvernement ose choisir la procédure référendaire pour faire adopter un traité de l'Union Européenne. Ainsi dirent-t'il NON en 2001 lorsqu'ils furent consultés pour adopter ou rejeter le bâtard Traité de Nice. Nos édiles européennes n'acceptèrent pas le verdict et après un intense matraquage médiatique, réussirent l'année suivante à faire adopter le texte. Ainsi viennent-t'il de dire NON vendredi au Traité de Lisbonne (indigeste aux dires des spécialistes en droit constitutionnel ... ). Mais à nouveau ce verdict est refusé par la Commission Européenne et les gouvernements de l'Union. Que les référendums soient de manière générale mal organisés et le débat escamoté, pollué, nul n'en disconviendra. Faut-t'il pour autant n'utiliser cette procédure que pour les questions simples (les seules auxquelles les européens soient en mesure de répondre d'après ce que l'on entend ici ou là ....), la procédure parlementaire étant réservée pour les autres cas, car les peuples ne peuvent comprendre les enjeux. Quel beau programme ! PMF ne disait-il pas qu'aucun sujet politique ne devait pas ne pas être expliqué aux Français, que tout un chacun ou presque est à même de comprendre l'essentiel si tant est que l'on veuille bien lui présenter tenants et aboutissants, options diverses, en faisant effort de pédagogie. Si Sarkozy, Barroso, Cohn-Bendit veulent avancer à marche forcée dans la direction ultra-libérale inscrite dans les gênes de l'Union, alors qu'ils l'annoncent au lieu de rejeter périodiquement le verdict des urnes (cf le rejet du TCE en 2005, et son avatar médiocre imposé trois ans plus tard à Lisbonne), qu'ils nous disent : vous êtes incapables de comprendre le fonctionnement de l'Union, de vous engager résolument, eh bien, nous prenons votre destin en charge. Nous ne perdrons plus notre temps en explications, débats télévisés, tribunes dans la presse. Foin de tout cela. Qu'on nous parle en toute franchise. Dire la vérité.
Je ne pense pas que les Européens soient opposés à une Union Européenne en général mais plutôt à l'Union Européenne telle qu'elle fonctionne depuis 50 ans. Dès lors, prétendre que ceux qui dirent non au Traité de Maastricht, au Traité de Nice, au TCE, au Traité de Lisbonne, soient anti-européens, incultes, idiots, indécrottables bouseux, relève d'un profond mépris. Parmi ceux qui dirent OUI au TCE en France, il y en eut de nombreux qui n'ont jamais lu le texte et votèrent pour de "mauvaises raisons" (j'entends par là des arguments qui ne tiennent pas face à une analyse sérieuse du TCE, telle que je l'ai faite à l'époque dans un papier argumenté). Parmi ceux qui dirent NON au TCE en France, il y en eut de nombreux qui n'ont jamais lu le texte et votèrent pour de "mauvaises raisons" (j'entends par là des arguments qui ne tiennent pas face à une analyse sérieuse du TCE). A qui "la faute" ? il semble bien que de nombreux "journalistes" et politiciens soient responsables de la situation, sans exonérer pour autant la paresse de nos concitoyens. J'ai dit et je maintiens que le texte intégral du TCE était en grande partie compréhensible. Que si l'on s'intéresse au fonctionnement et aux buts de l'UE, à la genèse du TCE, ce texte n'était pas une surprise, tant sur le fond que sur la forme. Que si l'on n'avait pas fait l'effort de lire le TCE avant la consultation, de confronter ses points de vue, alors il ne fallait pas aller mettre un bulletin dans l'urne, les pré-requis à cet exercice citoyen n'étant pas remplis.

Nul doute qu'une carabistouille se prépare dans les couloirs de l'UE. Le Traité de Lisbonne ne s'appliquera peut -être pas comme prévu au 1er janvier 2009, mais avec un peu de retard. L'UE continuera de fonctionner, bon an mal an. Pas sûr que les européens y trouvent leur compte. L'Europe des peuples, l'Europe internationaliste, démocratique, sociale, préservant notre environnement, une Europe indépendante des lobbys industriels, cette Europe là n'est pas au programme de ces beaux messieurs-dames en costume-cravate. Je ne puis que le regretter.

José Manuel Durão Barroso, actuel président de la Commission Européenne


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