mercredi 23 janvier 2008

Les barbouzeries de la CIA depuis 1945 : un refus des expériences socialistes

Mehdi Ben Barka (Maroc), Mohammed Mossadegh (Iran), Patrice Lumumba (Côte d'Ivoire), Salvator Allende (Chili), Ernesto Che Guevara (Bolivie) : tous assassinés par la CIA ou à l'initiative de la CIA et du pouvoir politique américain. Pourquoi ? on peut sans trop de risques avancer plusieurs raisons : tous, sans exception, se sont opposés au colonialisme hideux de l'Occident, à la mainmise des sociétés étrangères sur les ressources gazières, minières, pétrolières, de leur pays. Tous proposaient une autre voie sociale, politique, culturelle; une voie faite de pluralité politique, de pluralité ethnique, de valeurs démocratiques, d'économie non capitaliste. Ces projets là étaient des utopies inacceptables pour les grandes puissances. Elles ont donc mis fin à ces expériences socialistes. Des utopies qui tranchaient avec la froide réalité de l'Union Soviétique. Pourtant, parmi ces grands noms que je citais, certains ont étudié en URSS, ou ont eu partie liée avec l'odieux pouvoir totalitaire soviétique.

* Mehdi Ben Barka (Maroc) :
Mehdi Ben Barka (en arabe : المهدي بن بركة) (né en janvier 1920 à Rabat, Maroc - disparu le 29 octobre 1965 à Fontenay-le-Vicomte) était un homme politique marocain, principal opposant socialiste au roi Hassan II et leader du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste. A ces dates (le 29.10.65: l'enlèvement et le 29.12.65: l'assassinat), le général de Gaulle était Président de la République, Georges Pompidou premier ministre et Roger Frey, ministre de l'Intérieur. Techniquement, il est impossible qu'aucun de ces trois hommes n'ait participé de près ou de loin à l'Assassinat de Mehdi Ben Barka...

Mais, curieusement, comme dans l'affaire Kennedy la presse se focalisera sur des personnages secondaires (Antoine Lopez, Louis Souchon, etc...) sans vraiment rechercher les "donneurs d'ordre (chefs de l'exécutif, ministres, hauts-fonctionnaires, etc)

L'affaire Ben Barka, restera le symbole:

* de la politique clientéliste franco-africaine (la fameuse France-Afrique symbolisée par Foccart);
* des années de plomb sous le roi Hassan II, a longtemps gelé les relations franco-marocaines.
* des dysfonctionnements graves des pouvoirs Executif, judiciaire et médiatique, tant en France qu'au Maroc.


* Mohammed Mossadegh (Iran) :
Mohammad Mossadegh (en persan : محمد مصدق) est un homme politique iranien né en 1882 à Téhéran et mort le 5 mars 1967 à Ahmadabad. Il a été Premier ministre de l'Iran de 1951 à 1953. Connu pour avoir nationalisé l’industrie pétrolière iranienne en 1951, il reste, dans de nombreux pays, un symbole de l’anti-impérialisme.
Opposé à l’avènement de la dynastie Pahlavi et au couronnement de Reza Chah, il s’écarte de la vie politique jusqu’à l’éviction de ce dernier en 1941 au profit de son fils Mohammad Reza Chah. Il revient alors à la vie politique et sera successivement ministre des finances, gouverneur de la province d’Azerbaïdjan, ministre des affaires étrangères et premier ministre. C’est alors qu’il joue un rôle crucial dans la nationalisation de l’industrie pétrolière en Iran.

Renversé en 1953 suite à l’opération Ajax et condamné à trois ans d’emprisonnement, il sera ensuite assigné à résidence dans son village ancestral d’Ahmadabad où il décèdera en 1967. Les autorités, refusant d’exaucer ses dernières volontés, n’autoriseront pas son inhumation près de la tombe des martyrs du 30 Tir et il sera enterré sous la salle à manger de sa propriété familiale.

* Patrice Lumumba (Congo) :
Patrice Émery Lumumba, « le verbe », comme disait de lui Aimé Césaire, fut le premier homme à occuper le poste de Premier ministre du Congo (Léopoldville) entre juin et septembre 1960. Né le 2 juillet 1925 à Onalua (territoire de Katako-Kombe au Sankuru) au Congo belge (actuelle République démocratique du Congo), il est assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga.

Il est une figure de l'indépendance, et aussi, à tort ou à raison, d'une tentative de rapprochement du Congo vers le bloc soviétique dans les années 1960.

À la surprise générale, la Belgique accorde au Congo l'indépendance qui est fixée au 30 juin 1960. Lors de la cérémonie d'accession à l'indépendance du pays, le 30 juin 1960, il prononce un discours virulent dénonçant les abus de la politique coloniale belge depuis 1885.
Au lieu de s'adresser au roi présent à la cérémonie, Lumumba commença son allocution par une salutation "aux Congolais et Congolaises, aux combattants de l'indépendance..." Son discours proclamait vivement que l'indépendance marquait la fin de l'exploitation et de la discrimination, le début d'une ère nouvelle de paix, de justice sociale et de libertés.
Suite à un coup d'État, Joseph Désiré Mobutu prend le pouvoir, crée le Collège des Commissaires généraux et assigne à résidence les dirigeants congolais. En décembre 1960, Lumumba s'échappe de la capitale pour tenter de gagner Stanleyville, région où il a de nombreux partisans. Il est arrêté alors qu'il passait la Sankuru à Mweka et il est transféré au camp militaire de Thysville sur ordre de Mobutu. Leur transfert fut un moment envisagé au fort de Shinkakasa à Boma.

Le 17 janvier 1961, Lumumba, Mpolo et Okito sont conduits par avion à Elisabethville, au Katanga, et livrés aux autorités locales. Lumumba, Mpolo et Okito seront conduits dans une petite maison sous escorte militaire où ils seront ligotés et humiliés par les responsables katangais comme Moïse Tshombé, Munongo, Kimba, Kibwe, Kitenge mais aussi les Belges Gat et Vercheure.[1] Ils seront fusillés le soir même par des soldats sous le commandement d’un officier belge. Mais, des documents secrets officiels belges, maintenant déclassifiés, dont la lecture ne laisse pas de doutes sur le fait que c’est bien la Belgique qui porte la plus grande responsabilité dans l’assassinat de Lumumba. Le comte Harold d’Aspremont Lynden, ministre belge des Affaires africaines et proche du roi Baudouin, n’écrivait-il pas le 5 octobre 1960 que l’objectif principal à poursuivre dans l’intérêt du Congo, du Katanga et de la Belgique est évidemment l’élimination définitive de Lumumba ? Ce sont des Belges, précise De Witte, qui ont dirigé toute l’opération du transfert de Lumumba au Katanga, jusqu’à sa disparition et celle de son corps. La Belgique était en effet le seul pays à avoir reconnu le Katanga comme état indépendant et sa petite armée était dirigée par des officiers belges. Le lendemain, une opération sera menée par des agents secrets belges pour faire disparaître dans l'acide les restes des victimes découpées auparavant en morceaux. Plusieurs de ses partisans seront exécutés dans les jours qui vont suivre, avec la participation de militaires, ou mercenaires belges.
Lumumba fut très regretté après sa mort par toute la communauté des pays non-alignés, y compris par un de ses bourreaux, le général Mobutu qui le consacra héros national en 1966. Le retour d'Égypte de sa femme Pauline et de ses enfants fut considéré comme un événement national.

Le jour de sa mort, le 17 janvier, est un jour férié au Congo-Kinshasa.

L'action des anciens colonisateurs en pleine guerre froide

On s’est beaucoup interrogé sur le rôle des puissances occidentales, des États-Unis en particulier dans la mort de Lumumba, sous le prétexte qu'il faisait craindre une dérive du Congo belge vers l'URSS. En effet Lumumba fit appel aux Soviétiques lors de la guerre du Katanga car l'ONU ne répondit pas à ses demandes d'aide militaire pour mettre fin à la guerre civile.

Les États-Unis et la Belgique sont en grande partie responsables de la mort de Lumumba. Les États-Unis de Kennedy voulaient l’éliminer pour éviter un basculement du géant africain dans le communisme et la Belgique voyait en lui et ses thèses d’indépendance économique une menace pour ses intérêts économiques notamment dans le secteur minier. Ces deux pays ont soutenu l’effort de guerre de Mobutu contre les Maï-Maï. Les mercenaires belges ont fait l’opération Omegang pour écraser la résistance Maï-Maï au Kivu. Le meurtre de Lumumba a été élucidé par la justice belge sous l’impulsion de François Lumumba qui a porté plainte contre X, et du sociologue belge Ludo de Witte.

Le gouvernement belge a reconnu en 2002, une responsabilité dans les évènements qui avaient conduit à la mort de Lumumba :

À la lumière des critères appliqués aujourd'hui, certains membres du gouvernement d'alors et certains acteurs belges de l'époque portent une part irréfutable de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort de Patrice Lumumba. Le Gouvernement estime dès lors qu'il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba et au peuple congolais ses profonds et sincères regrets et ses excuses pour la douleur qui leur a été infligée de par cette apathie et cette froide neutralité.

Salvator Allende (Chili) :
Salvador Allende Gossens (1908 - 11 septembre 1973) a été président du Chili du 4 novembre 1970 au 11 septembre 1973. Il n'a pas pu terminer son mandat présidentiel, qui devait durer jusqu'en 1976. En effet, le coup d'État du 11 septembre 1973 renverse son gouvernement et met en place le régime militaire.

Le programme de l'Unité populaire

Pour les dirigeants du Parti radical, le programme est le suivant : « Seulement en dehors du système capitaliste se trouve la possibilité d'une solution pour la classe travailleuse ». Il faut aussi rajouter ceci,« Le Parti radical est socialiste et sa lutte est dirigée en vue de la construction d'une société socialiste ». Enfin, « Nous acceptons le matérialisme historique et l'idée de la lutte des classes comme moyen pour interpréter l'histoire ».

(Déclaration approuvée lors le la 25e Convention nationale du Parti Radical en 1971).

Pour le Parti socialiste :

« La violence révolutionnaire est inévitable et légitime. Elle est le résultat nécessaire du caractère violent et répressif de l'État-classe. Elle constitue l'unique chemin qui mène à la prise du pouvoir politique et économique et à sa défense » De plus « Il est possible pour le gouvernement de détruire les bases du système capitaliste de production. En créant et en élargissant l'aire de propriété sociale aux dépens des entreprises capitalistes et de la bourgeoisie monopolistique, nous pourrons leur faire quitter le pouvoir économique » ; et « L'État bourgeois au Chili ne peut servir de base au socialisme, il est nécessaire de le détruire. Pour construire le socialisme, les travailleurs chiliens doivent dominer la classe moyenne pour s'emparer du pouvoir total et exproprier graduellement tout le capital privé. C'est ce qui s'appelle la dictature du prolétariat. » (Convention de Chillán de 1967).

Salvador Allende confirme lui-même cette vision politique dans un entretien avec Régis Debray où il déclare que la signature du pacte de respect de la constitution n'est qu'une concession tactique.

Sa mort :
* La thèse officielle qui sera reconnue par la famille après avoir eu accès aux archives de l'État est celle du suicide. Cette version a été confirmée par le témoignage oculaire d'un de ses médecins.
* Beaucoup de marxistes, dans le feu des déclarations immédiates de Fidel Castro ont accusé les assiégeants d'avoir tué Salvador Allende. Plus récemment, certains auteurs, se basant sur documents déclassifiés par la CIA, ont mis en question cette version et privilégient maintenant l’hypothèse d’un assassinat, notamment depuis la publication d’un rapport du Sénat Américain pour lequel, selon une communication interne envoyée depuis le siège de la CIA à ses agents à Santiago, l’instruction d’envisager la possibilité d’un assassinat suivie d’une histoire de suicide pour le masquer aurait été envisagé.
* Selon une version anecdotique, il aurait été assassiné par ses gardes du corps cubains alors qu'il s'apprétait à se rendre. Cet asssassinat aurait été ordonné par Fidel Castro.

Rôle des États-Unis dans le coup d'État

Les États-Unis ont impulsé depuis plusieurs décennies une politique d'endiguement face aux visées subversives, révolutionnaires ou terroristes des mouvements marxistes, du KGB et à présent de Cuba, en Amérique Latine. La Guerre froide dans ce continent où les États-Unis ont une forte influence prend la forme d'infiltrations, de subversions, d'attentats, de terrorisme de masse, de guérillas, de coup d’État, de dictatures militaires et de dénoyautages.

Le gouvernement américain est alarmé de la situation politique chilienne sous Salvador Allende, qui rassemble toutes les caractéristiques d'une marche vers un totalitarisme communiste, selon une orchestration ayant des pans officiels et des pans occultes : marche forcée vers le socialisme recourant à des violations de la constitution chilienne, infiltration politique des forces de l'ordre, terrorisme marxiste, entrelacement avec les forces militaires castristes. Salavador Allende, développant une amitié étroite avec Fidel Castro, se dotant d'une garde rapprochée composée de forces spéciales cubaines et multipliant les références sociales à la République démocratique allemande semble indiquer, ou fait craindre qu'il transforme en quelques années le Chili en dictature de modèle castriste, ce que pouvait également laisser supposer la plate-forme politique du parti socialiste chilien, reposant sur une dialectique et un phrasé violemment marxistes, adoptée lors du Congrès de Chilan en 1967. Durant trois ans, le gouvernement états-unien tente de limiter les réformes de Salvador Allende notamment la réforme agraire et la nationalisation des entreprises.

La nature de l'intervention des États-Unis dans le coup d’État qui déposa Salvador Allende demeure sujet à débats. On sait que les États-Unis ont joué un rôle dans la politique chilienne avant le coup d'État, mais leur degré de participation dans le coup d’État en lui-même est discuté.

Les documents récemment déclassés tendent à montrer que le gouvernement des États-Unis et la CIA avaient cherché à renverser Salvador Allende en 1970, juste avant qu'il ne soit élu (« Project FUBELT »), en provoquant l'incident qui ôta la vie au Commandant en Chef d’alors, le Général René Schneider, mais les accusations de leur participation directe dans le coup d’État de 1973 ne sont pas attestées par la documentation officielle accessible au public ; de nombreux documents potentiellement pertinents demeurent toujours classifiés.

En 1975, la Commission Church, dont le but est d'éclaircir la question des abus des agences de renseignements américaines, s'interroge notamment sur l'implication d'Henry Kissinger. Si ce dernier nie une participation directe au coup d’État, il reconnaît toutefois le soutien des États-Unis aux partis d'opposition à Salvador Allende.

La CIA a été informée par ses contacts chiliens de l’imminence de ce coup d’État pendant les deux jours qui l’ont précédé, mais conteste « avoir joué quelque rôle direct que ce soit dans » le coup d’État.

Après que Pinochet a pris le pouvoir, le Secrétaire d'État américain Henry Kissinger aurait dit au président Richard Nixon que les États-Unis « ne l’ont pas fait » (se rapportant au coup d’État lui-même) mais qu’ils ont « créé les meilleures conditions possibles », y compris en menant des sanctions économiques.

Ernesto Che Guevara (Bolivie, Cuba) :

Ernesto Rafael Guevara de la Serna (né le 14 juin 1928 à Rosario, Argentine, et exécuté le 9 octobre 1967 à La Higuera, Bolivie), plus connu sous le nom de Che Guevara ou Le Che, est un révolutionnaire marxiste et homme politique d'Amérique latine, dirigeant de la guérilla internationaliste cubaine.

Alors qu'il est jeune étudiant en médecine, Guevara voyage à travers l'Amérique latine, ce qui le met en contact direct avec la pauvreté, dans laquelle beaucoup de gens vivent alors. Son expérience et ses observations pendant ces voyages l'amènent à la conclusion que les inégalités socio-économiques ne peuvent être changées que par la révolution. Il décide alors d'intensifier son étude du marxisme et de voyager au Guatemala afin d'apprendre des réformes entreprises par le président Jacobo Arbenz Guzmán, renversé quelques mois plus tard par un coup d’État appuyé par la CIA. Peu après, Guevara rejoint le mouvement du 26 juillet, un groupe révolutionnaire dirigé par Fidel Castro. Après plus de deux ans de guérilla où Guevara devient commandant, ce groupe prend le pouvoir à Cuba en renversant le dictateur Fulgencio Batista en 1959.

Dans les mois qui suivent, Guevara est désigné procureur d'un tribunal révolutionnaire qui exécute plus d'une centaine de policiers et militaires du régime précédent jugés coupables de crimes de guerre, puis il crée des camps de travail et de rééducation. Il occupe ensuite plusieurs postes importants dans le gouvernement cubain qui écarte les démocrates, réussissant à influencer le passage de Cuba à une économie socialiste intégrée politiquement dans le bloc communiste et échouant dans l'industrialisation du pays en tant que ministre. Guevara écrit pendant ce temps plusieurs ouvrages théoriques sur la révolution et la guérilla.

En 1965, après avoir dénoncé l'exploitation du tiers monde par les deux blocs de la guerre froide, il disparaît de la vie politique et quitte Cuba avec l'intention d'étendre la révolution. D'abord au Congo-Léopoldville, sans succès, puis en Bolivie où il est capturé et exécuté sommairement par l'armée bolivienne entraînée et guidée par la CIA.

Après sa mort, Che Guevara est devenu une icône pour les mouvements révolutionnaires marxistes du monde entier, mais demeure toujours l'objet de controverses entre historiens, notamment à cause de témoignages sur des possibles exécutions d'innocents.

PS : les éléments biographiques ont été extraits d'articles wikipedia.fr, après vérification de leur contenu.

(cet article constitue une ébauche à compléter)

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