mercredi 16 janvier 2008

Por que no te callas ?

"Por que no te callas ?" ("pourquoi tu ne la boucles pas ?"). Croyez-vous que ces propos calomnieux soient adressés par un ivrogne, par un fou ? non ! ces propos sont du Roi d'Espagne, Juan Carlos de Borbon. A l'occasion du dernier sommet ibérico-sud américain. Dans un registre plus polissé, face aux attaques légitimes contre le néo-impérialisme espagnol, José Luis Zapatero, premeier ministre espagnol en exercice, a lui défendu José Maria Aznar, ex-premier ministre de l'Espagne. Alors même que ce dernier est un franquiste convaincu, anti-homosexuel. Alors même que Juan Carlos ne peut se targuer d'aucune forme de résistance anti-franquiste. Il a , par le passé, écouté respectueusement les discours du dictateur Franco. Jamais il n'a quitté le balcon, la salle; jamais il n'a émis la moindre remarque. Que survienne un président progresssiste au Vénézuela, et celui-ci est voué aux gémonies. Son crime : avoir radicalement changé le système de répartition des richesses nationales. Ce qui a grandement profité au peuple vénézuélien. Elections libres, partis d'opposition virulents, médias libres. Tout cela inquiète nos leaders occidentaux. "Un otro mundo es possible", "Nuestro Norte es el Sur" : quels germes inquiétants pour les chantres du capitalisme financiarisé. Il faut dire que tous ces gens profite bien de ce système profondément injuste, générateur de précarité sociale/financière/psychologique, méprisant envers les couches populaires. Comme dit Hugo Chavez Frias, nous assistons à une lutte mondiale entre la vision capitaliste, matérialiste et le (les) vision(s) socialiste(s). Les capitalistes disposent de forces puissantes. Ils sont arrogant : "por que no te callas", en plein sommet international, parce qu'un président ose critiquer le système néo-impérialiste, ose rapeller les crimes commis par l'Espagne en Amérique Centrale et du Sud depuis 1492. Comment l'Espagne a-t'elle pu fêter en grandes pompes la pseudo-découverte de l'Amérique du Sud par Critobal Colomb ? quel mépris pour toutes les victimes de la politique espagnole.
"Pourquoi ces hystériques du capitalisme ne la bouclent ils pas, eux" ? non, plus sérieusement, qu'ils respectent un président élu dans de bonnes conditions, qui est revenu devant les électeurs pas moins de 6 fois en 10 ans ; notamment suite à l'adoption en 2000 par une Assemblée Constituante (une véritable Assemblée Constituante, pas le collège de cooptés qui a rédigé le TCE) d'une toute nouvelle constitution, dite bolivarienne (en hommage au grand leader Simon Bolivar). Un homme, avec des défauts, qui a permis aux plus pauvres vénézueliens un accès à la santé (programme "barrio adentro" en collaboration avec Cuba), à l'éducation, aux produits de première nécessité. Qui a nationalisé l'extraction du pétrole lourd (pourquoi continuer à accepter que les ressources du pays tombent dans la poche de multinationales prédatrices ? il en va de même en Bolivie). Qui a proposé à des américains (sous conditions de ressources ) du fuel à prix coûtant pendant l'hiver (ce que fit hurler les ultra-conservateurs US). Qui ne ménage pas ses efforts pour raviver sinon l'unité sud-américaine, en tout cas la solidarité entre pays du continent (cf la mise en œuvre de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA), ainsi que la "contre-CNN" Telesur). Qui a édicté une loi protégeant les petits pêcheurs des ravages des gros chalutiers, leur permettant ainsi de renouer avec une activité rémunératrice et de sortir de la paupérisation dans laquelle la droite vénézuelienne les avait plongé sans vergogne. Qui encourage les initiatives collectives locales, notamment la création de coopératives agricoles locales avant l'arrivée au pouvoir de Chavez, le Vénézuela importait 70% de sa nourriture, alors qu'au même moment 70% des terres agricoles étaient laissées en friche, aux mains d'une puissante oligarchie). Qu'il subsiste un fort taux de corruption , qui le niera ? mais, peut-on demander à Hugo Chavez qu'il se dote des pouvoirs de Superman et Harry Potter combinés ? la dernière campagne référendaire s'est soldée par un échec pour le Président. Une réforme mal préparée, inadaptée, mal expliquée car mal née. Cela retarde malheureusement la progression vers une société socialiste, la première à une échelle nationale depuis la naissance de l'utopie socialiste.

Aucun commentaire: