dimanche 27 janvier 2008

Les nouveaux convertis du pseudo-libéralisme économique et du moralisme : déceptions en chaîne

Il semble bien depuis une trentaine d'années que l'on compte plus d'ex-communistes désormais tout acquis aux valeurs capitalistes, que de gens ayant fait le chemin inverse. Il apparaît que les ex-rouges ont tellement viré casaque qu'ils ont honte de leurs anciens engagements (cf notamment L. Jospin qui alla jusqu'à mentir au peuple français sur ses activités trotskistes avant qu'il rejoigne le PS). Mais le mouvement le plus inquiétant provient d'Amérique du Sud. Que d'espoirs déçus : Lula Da Silva au Brésil, ex-leader d'un syndicat d'ultra-gauche, s'affiche avec tous les financiers du monde. Il a renoncé à presque tout le programme progressiste présenté lors de sa première élection. Il a lancé son pays dans un programme d'achats d'armements, de développement à outrance des agro-carburants (faisant en cela le jeu d'une économie libérale acquise au "tout-voiture" alors que de vastes modifications de comportements individuels et collectifs sont nécessaires pour tenter de préserver l'équilbre écologique planétaire). Evo Morales, ex-leader syndicaliste gauchiste qui défendait alors le droits des autochtones indiens face aux prédateurs blancs. Depuis son accesssion au pouvoir fin 2005, il fait concession sur concession à l'olgarchie bolivienne. Ses partisans qui avaient lancé une grande offensive révoluionnaire en mai-juin 2005 sont de plus en plus démobilisés. Dans le camp d'en face, les oligarques, un premier temps démoralisés, n'ont cesse de grignoter du terrain, fourbissant les puissantes armes de la contre-offensive. Michèle Bachelet se situant au centre-gauche (au sens français), hormis les medias qui l'a présentait comme une candidate socialiste, ne peut être considérée que comme une tenante de la social-démocratie que l'on expérimente depuis un 1/4 de siècle et qui a donné les résultats que l'on sait sur les plans économiques, culturels, financiers, moraux. Les marxistes chiliens n'ont donc rien à espérer de cette présidente élue début 2007. Daniel Ortega apparaît très fatigué, sans fougue; à sa décharge, il a souffert dans son passé de lutte sandiniste dans les années 1970-80 (on rappelera pour mémoire qu'il fut président du Nicaragua de 1985 à 1990). Il semble bien avoir trahi ses convictions marxistes-léninistes à plusieurs reprises dans le passé (confiscation au profit de cadres du parti d'ensembles fonciers et immobiliers en 1990; pacte avec l'ex-président Arnoldo Alemán en 2004; gages donnés aux libéraux quant à sa rupture effective avec le sandinisme; alliance récente avec des groupes d'intérêts de la droite nicaraguéienne). La dernière rencontre Chavez-Ortega que l'on a pu regarder avec intérêt pendant plusieurs heures sur Telesur, a clairement montré le renoncement d'Ortega. Alors que la sincérité et la fougue de Chavez donnaient à ces moments une intensité, une émotion militante pour qui croit que le Vénézuela est actuellement le seul laboratoire du socialisme du 21ième siècle. Il ne s'agit pas de souhaiter l'avènement d'une société socialiste pour une société socialiste, de manière purement idéologique et dogmatique. Il s'agit de la conscience profonde que le capitalisme doit être mis à bas et remplacé par un système égalitaire, démocratique, transparent, un gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple (un slogan galvaudé depuis longtemps par bien des pseudos hommes et femmes "de gauche", de F. Mitterrand à H. R. Clinton). Un système qui devra garantir une réhabilitation de pratiques écologiques (transport, agriculture, constructions mobilières, pêche, chasse). Un système qui devra élever le niveau d'éducation sans instiller une quelconque propagande officielle. Un système qui, élevant ainsi le niveau de conscience de chacun, devra insister pas tant sur les droits que sur les devoirs de chaque citoyen; pas question de déresponsabiliser qui que ce soit. La motivation pour le progrès social, pour l'émancipation individuelle et collective sur divers plans, peut efficacement remplacer l'avidité et la cupidité capitaliste et individualiste. Avidité et cupidité qui sont le fait d'un grand nombre, en pensée et/ou en action. De la gauche caviar qui tient un discours gauchiste mais aime le pouvoir pour le pouvoir, le luxe, l'argent, la gloire, à l'individu pris au piège de ses contradictions qui, le mercredi va défiler pour la défense du Service Public ou participe à la réunion de sa section socialiste ou de sa cellule communiste, et qui, le vendredi achètera des actions d'EDF ou signera un Plan d'Epargne Retraite. Nul n'est à l'abri de tels errements, de tels renoncements. Là comme ailleurs, une très grande vigilance est de mise. Le regard critique ne peut s'exercer que sur les autres, il se doit d'être exercé sur sa propre vie, sur la réalité des ses engagements politiques (réels ou virtuels par manque de courage). Souhaiter le développement d'expériences socialistes n'exclut pas une dose de réalisme. Les idées communistes sont soient venues trop tôt soient triompheront très modestement trop tard. Elles exigent un tel niveau d'abnégation, de courage, de persévérance, d'intégrité, de probité, de foi laïque même oserais-je dire, dont peu d'hommes et de femmes sont les récipiendaires. Je ne crois pas en le succès de mes idées, m'opposant en cela en la vision Jaurésienne et Mendésiste qui pensait que toute idée juste finissait par triompher dans la mesure où le gouvernement en faisait éclater le bien-fondé. Cela suppose que l'individualisme soit réduit à sa place adéquate. Non que chacun perde son intégrité physique, moral, intellectuelle au sein d'un société totalitaire, mais que chacun mette l'objectif du progrès social collectif avant celui du progrès social individuel. Que l'intérêt collectif prenne le pas sur les intérêts particuliers. Les forces réactionnaires, ou même les forces centristes, sont fermement opposées à la survenue d'une telle société dont je n'ai fait qu'esquisser les contours (au risque de voire de mésinterprétations survenir chez l'internaute non averti). Je suis convaincu que mes idées ont désormais subi une défaite politique et idéologique quasi définitive. La grande majorité de la population mondiale aspire à vivre dans une société consumériste, débarassée de ses vieux oripeaux traditionnels (quand bien même ces traditions sont celles, forts positives, de la tolérance, du respect de "L'Etranger", d'un habitat modeste, d'une non-prédation des ressources naturelles). Ce mouvement de recul est visible sur tous les continents depuis peu. Le jeune algérien ne comprend pas son papy communiste qui avait rêvé d'une Algérie confraternelle, mêlant européens, kabiles, arabes, croyants et athés, politisés et a-politiques (ce rêve, qui fut notamment celui d'un Henri ALLEG, torturé par l'Armée Française, ne vit pas le jour. Les extrémistes de l'OAS, du FLN, les "pragmatiques" de la SFIO et de l'UDR ne voulait pas d'une telle Algérie. Que de souffrances ce peuple a t-il enduré de la conquête française à l'époque actuelle du lobby militaro-industriel). Il ne comprend pas que son papy se satisfasse (sans renoncement aucun) de sa modeste orangeraie, d'une vie simple mais ample. Il l'interpelle " tu n'as pas d'ambition; il aurait fallu racheter des terres, développer ton activité, gagner de l'argent" (le documentaire qui montre le retour en Algérie d'Henri Alleg à la rencontre de ses anciens compagnons de lutte contre l'occupant militaire français colonialiste, est à ce titre très parlant). Une part significative d'Iraniens en 2008 aspirent eux-aussi à un modèle consumériste (quel qu'en soit le prix) : une belle voiture, une grosse maison, une belle femme. Comment peut-on raisonnablement penser, et je m'oppose en cela à mes amis de La Riposte (je pense notamment à Hubert Prévault de la CGT-Airbus), que la victoire des idées communistes est inéluctable. Non, leur défaite est inéluctable. Ce n'est pas être négatif, défaitiste que de le dire. Si la grande majorité des gens dans ce pays, et ailleurs, se plait, plus ou moins, dans une société capitaliste, il n'y a aucun espoir de convaincre, par le débat, une portion significative de la population. On ne peut pas aller contre ce désir populaire. Cela n'empêche pas de garder ses valeurs et de tenter de réduire, autant que faire se peut, nos actions allant à l'encontre de ses valeurs affichées auprès des autres. Cohérence maximale, intégrité, petits progrès individuels dans le cadre d'une action consciente et déterminée. Cela constitue déjà, à tout le moins, un programme ambitieux.

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